Plus c'est long, plus c'est bon paraît-il. Mais cela, bien évidemment, dépend aussi de certaines conditions. Heureusement, les
dix-sept minutes qui manquaient à la version proposée en 1986 d'un
Aliens, le Retour déjà fort intéressant vinrent
combler les attentes des fans lors de l'édition d'un laser disc en
1992, une version Director'sCut du classique de James Cameron.
Moins oppressant que l'original de Ridley Scott mais proposant une
relecture du mythe en mode 'film de guerre', le second épisode
de la saga Alien est parfois considéré comme le
meilleur d'entre eux. Un avis pas forcément objectif et à traiter
au cas par cas. L'un des principaux défauts de James Cameron demeure
dans cette fâcheuse habitude qu'à le cinéaste de caractériser
certains de ses personnages de manière outrancière (le
Schwarzenegger de Terminator 2 en est un bon exemple),
voire grandiloquente, ne les voyant jamais 'grandit'.
Caricaturaux, et dans une majorité des cas, particulièrement
agaçants, les militaires présentés ici n'ont plus rien à voir
avec les personnages créés par Ridley Scott. La maturité a laissé
place à une bande de gamins armés jusqu'aux dents, jouant des
coudes, posant fièrement devant la caméra, sans jamais livrer le
moindre message brillant par son intelligence. Mais de toute manière,
quand on pense que les militaires sont incapables de différencier
une souris d'un hamster, le spectateur peut déjà se poser des
questions sur leurs hypothétiques chances de survivre aux péripéties
qu'ils vont connaître à la surface de la planète LV-4-26. Dans
cette version longue, beaucoup de scènes absentes dans la version de
1986 si l'on tient compte du fait que le film passe alors de
cent-trente sept à cent cinquante-quatre minutes. L'une des plus
marquantes d'entre elle demeure la longue séquence durant laquelle
la famille de la jeune Newt est décimée lors d'une sortie sur
LV-4-26, planète d'origine des aliens. Une scène intéressante,
certes, mais qui dans le contexte de la version proposée en premier
lieu pouvait demeurer invisible. Car sa présence, qui pourra plus ou
moins être appréciée, ôte tout effet de surprise quant à la
découverte de la gamine un peu plus tard dans le récit. D'autant
plus que la disparition de ses parents se fond dans celle des colons
installés sur l'austère planète, foyer de milliers d’œufs
aperçus dans le premier volet de la saga. Il était donc fort
judicieux de la couper, ce passage se révélant fort inutile dans la
compréhension des événements, et son absence permettant de
conserver une certaine part de mystère entourant le silence radio
des colons ne répondant plus aux appels effectués par la station
orbitale Gateway... Des scènes complétant cette version
Director'sCut, Aliens, le Retour en contient
plus d'une quinzaine. Le long-métrage ne perd heureusement pas de
son dynamisme en cours de route et permet d'assister à un spectacle
encore plus dense. Une version indispensable pour tout fan de l’œuvre
originale...
Le
second long-métrage abordé ici n'aura sans doute pas bénéficié
d'un budget aussi important que celui de James Cameron, toujours
est-il qu'il n'en demeure pour autant, pas moins intéressant à
découvrir. Œuvre signée Jack Starrett auquel l'un des rédacteurs
du numéro 14 du fanzine Vidéotopsie
rendit
un hommage imposant, Race with the Devil
est une sympathique petite pellicule, poussiéreuse à souhait et
renvoyant au meilleur du cinéma bis des année soixante-dix. C'est
vrai qu'en découvrant l’œuvre de Jack Starrett, y plane sur les
cendres d'un générique de fin surgissant de manière plutôt
abrupte et inattendue, ce parfum tenace qui donne envie de reprendre
certaines idées afin de se les réapproprier. Connu chez nous sous
le titre Course Contre l'Enfer,
le long-métrage semble avoir inspiré tout un pan du septième art.
Du moins, m'a-t-il immédiatement évoqué quelques saillies
cinématographiques et télévisuelles. Bien avant leur heure, le
film de Jack Starrett m'a fait pensé à un mix entre
La Colline a des yeux
de Wes Craven (la caravane, les décors naturel arides, les adeptes
d'une secte sanguinaire prenant le relais des anthropophages) et
l'épisode Sorcellerie de
la toujours excellente série Starsky et Hutch
et réalisé par Nicholas Sgarro. Sauf que, ben oui, l'auteur de Race
with the Devil a
eu l'idée quelques années avant les autres.
Petit
film mais grandes vedettes puisque Race with the
Devil accueille
tout de même en son sein les acteurs Peter Fonda et Warren Oates,
ainsi que les actrices Loretta Switt et Lara Parker qui à cette
occasion incarneront leurs épouses. Un quatuor formant deux couples
qui en plein mois de janvier décident de prendre le large en
s'accordant quelques froides vacances dans le trou du cul du monde.
Destination : Amarillo, ville américaine du nord du Texas, et
sur la route de laquelle nos quatre personnages vont connaître
quelques soucis lorsque passablement ivres, les deux mâles en
questions vont êtres les témoins d'un sabbat nocturne
particulièrement sordide puisque débouchant sur le meurtre d'une
des disciple d'un groupuscule satanique. Le scénario ne s'embarrasse
jamais d'une écriture complexe. Jack Starrett sait exactement où il
veut emmener les spectateurs. Sur les routes d'une Amérique qui
semble avoir abandonné sa foi en Dieu pour se retourner vers le
Diable. Sur un scénario de Wes Bishop et Lee Frost, le cinéaste
(qui fait ici une jolie apparition dans la peau d'un pompiste)
installe une ambiance particulièrement anxiogène. Quels que soient
les individus croisés sur leur chemin (indigènes, touristes et
autorités), tous ont l'air d'avoir en commun d'appartenir à cette
même secte qui va durant presque quatre vingt-dix minutes, pourrir
l'existence de nos paisibles vacanciers. La paranoïa finit par
s'installer et le moindre regard peut être perçu comme une menace.
En cela, Race with the Devil est
une totale réussite. Bien que le film démarre assez mollement,
l'action prend finalement le relais assez rapidement et l'on ne
s'ennuie alors, pas un instant. Bien interprété, malicieux dans sa
manière d'optimiser l'angoisse relative au dépaysement, l’œuvre
de Jack Starrett ménage un suspens régulier et dresse un portrait
de l'Amérique et de ses ploucs assez saisissant. Race
with the Devil,
c'est deux couples d'amis contre 'le
reste du monde'.
Une excellente série B...
Mick
Taylor is back !!! Le plus grand tueur en série de fiction
d'Australie, lui-même inspiré des méfaits du meurtrier Bradley
John Murdoch, coupable d'avoir tenté d'assassiner le couple de
touristes britanniques formé par Peter Falconio et Joanne Lee (cette
dernière ayant survécu), revenait en 2015, soit dix ans après le
premier Wolf Creek.
Cette suite, sobrement intitulée Wolf Creek 2
n'a absolument rien à envier à son prédécesseur. Démarrant sur
les chapeaux de roues lors d'une introduction 'Mad
Maxienne',
l'acteur australien John Jarratt cabotine toujours autant, pour le
bonheur d'un public qui aura droit à un met de choix de plus de cent
minutes. Dans le décor aride du désert australien où les touristes
et les indigènes se comptent sur les doigts d'une seule main,
débarquent deux jeunes allemands en vadrouille aux abord du cratère
de Wolfe Creek situé en plein cœur du parc national de l'État
d'Australie-Occidentale. Ils boivent, ils fument de l'herbe, baisent
sous la tente... bref, le parfait cliché que l'on offre à une
jeunesse provenant habituellement d'Amérique. Mais que Katarina
Schmidt et Rutger Enqvist soient d'origine germanique n'y change
rien. Le seul fait que ces touristes étrangers foulent le sol du
pays natal de Mick Taylor suffit à ce dernier pour entrer dans une
rage folle et les dessouder de la plus belle et plus violente façon.
Égorgement, têtes explosées, décapitations, doigts tranchés à
la meuleuse et éviscérations sont au programme d'un films couillu
aux effets-spéciaux remarquablement réussis.
L'acteur
John Jarratt qui sous les traits de Mick Taylor incarne pour la
seconde fois le tueur en série est impeccable. Cynique, misogyne,
raciste, et prenant un plaisir malsain à torturer moralement ses
victimes en leur faisant miroiter l'espoir de les relâcher ou en
leur décrivant de quelle atroce manière elles vont passer de vie à
trépas, Taylor paraîtrait presque sympathique aux yeux des
téléspectateurs à force d'user d'un humour féroce et d'arborer
aussi fréquemment son inquiétant sourire. Pour ce second volet, on
a droit à un spectacle se diversifiant davantage que par le passé.
Outre la séance de torture prenant des allures de jeu sanglant entre
Mick Taylor et sa dernière victime, Paul Hammersmith (l'acteur
australien Ryan Corr), à la manière d'un Hostel,
le cinéaste Greg McLean, déjà auteur du premier volet, s'offre sa
version du Duel
de Steven Spielberg et va même jusqu'à évoquer certains aspects du
western à travers la poursuite à cheval ou les coups de fouets.
Wolf Creek 2
est hautement divertissant, gratiné en matière d'effets gore,
amusant, parfois angoissant, et l'on ne s'y ennuie pas un seul
instant. On pourra même se ranger du côté du monstre lorsqu'en
préambule, deux flics ripoux l'humilient sans réelle justification,
avant d'être eux-même les premières victimes de cet anti-héros
éminemment charismatique. A noter qu'un troisième épisode à été
confirmé par Greg McLean en fin d'année dernière. Reste à espérer
que le projet soit maintenu et qu'il nous parvienne dans les plus
brefs délais...
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