Confié aux bons soins du
réalisateur américain Daniel Attias, Silver Bullet,
sorti chez nous sous le titre quel que peu pompeux de Peur
Bleue,
est le dixième long-métrage cinéma inspiré d'une œuvre de
l'écrivain Stephen King à sortir sur les écrans de cinéma. Unique
long-métrage d'un auteur qui consacrera le reste de sa carrière à
la petite lucarne (devenue, depuis, plate et beaucoup plus large).
Pour sa seule incartade dans les salles, Daniel Attas s'attaque au
roman Cycle of the Werewolf
(L'Année du Loup-Garou)
qui lui, est déjà à proprement parler, d'une certaine faiblesse.
Difficile donc d'introduire des personnages au cinéma à partir
d'une matière première relativement peu concluante. Pourtant, nanti
d'un budget fort honorable pour l'époque (sept millions de dollars
en 1985), Silver Bullet
ne mérite sans doute pas la piètre réputation qui le précède. Au
contraire, même si l'intrigue se traîne et que la promesse d'une
peur bleue promise dans la langue de Molière se fait durement
attendre, il y a certainement de bonnes choses à extraire de ce film
de loup-garou qui ne risquait pas de faire de l'ombre aux classiques
du genre que furent (et demeurent) An American
Werewolf in London de
John Landis et The Howling
de Joe Dante, tous deux sortis la même année, quatre ans
auparavant.
Silver Bullet
met en scène Marty Coslaw, un gamin paraplégique qui va se
retrouver au cœur d'une intrigue tournant autour d'une série de
meurtres que la plupart des habitants de Tarker's Mill dans le Maine mettent sur le compte d'un tueur fou.
Stephen King et les enfants, ça n'est ici, pas une première. En
effet, depuis ses débuts d'écrivain, il n'a jamais cessé de leur
offrir les plus beaux rôles, quitte à les mettre en danger et leur
offrir parfois un sort peu enviable (comme le prouvent notamment ses
romans écrits sous le pseudonyme de Richard Bachman). Incarné par
Corey Haim, Marty va cependant mettre un temps insupportable avant de
se rendre compte de l'origine du mal. Car oui, Silver
Bullet
a tendance à traîner de la patte. Un meurtre par ci, un autre par
là. L'erreur cruciale dont l'absence aurait sans doute permis au
long-métrage de préserver un certain suspens quant à l'origine des
meurtres horribles disséminés au compte-goutte est d'avoir choisi
l'option de révéler très rapidement l'apparence de la créature.
Un point de vue qui désamorce donc toutes les séquences durant
lesquelles les habitants de Tarker's Mill se demandent qui donc peut
bien s'être rendu responsable de telles atrocités. Du moins, Daniel
Attas conserve-t-il tout de même le secret quant à celui (ou celle)
qui la nuit venue, se transforme en un horrible loup-garou, se
rendant responsable notamment d'une jolie décapitation en début de
projection. Finalement assez avare en matière d'hémoglobine et peu
(ou pas) effrayant, Silver Bullet
repose surtout sur la touchante complicité entre le jeune héros et
son oncle Red campé ici par l'acteur Gary Busey. Au fil de
l'intrigue nous retrouvons quelques figures du cinéma d'épouvante
que les amateurs prendront, à défaut d'autre chose, plaisir à
retrouver dans des rôles antérieurs à ceux qui les firent
connaître dans nos contrées.
A
ce titre, on retrouve dans le rôle du révérend Lowe, l'acteur
Everett McGill qui interpréta le rôle d'Ed Hurley dans l'excellente
série de David Lynch Twin Peaks au
début des années quatre-vingt dix ou celui de « papa »
dans The People Under the Stairs
de Wes Craven en 1991. Autre figure de l'épouvante et du
fantastique, l'acteur d'origine irlandaise Terry O'Quinn, dont le
sinistre personnage éponyme du Beau-Père de
Joseph Ruben est demeuré dans toutes les mémoires, tout comme celui
qu'il incarna pour le petit écran dans l'excellente série Lost
entre 2004 et 2010. Redécouvrir Silver Bullet,
c'est constater que le film n'a rien perdu de ses qualités et de ses
défauts et qu'il reste cependant très agréable à regarder. Un
film pourtant mineur dans la longue liste des longs-métrages
inspirés de l’œuvre écrite de Stephen King...
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