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jeudi 7 juin 2018

La Semana del Asesino d'Eloy de la Iglesia (1972) - ★★★★★★☆☆☆☆



Après avoir fait un petit tour par l'Italie à travers Cannibal Holocaust de Ruggero Deodato et Buo Omega de Joe D'Amato, faisons maintenant un détour par l'Espagne avec La Semana del Asesino d'Eloy de la Iglesia, qui contrairement à sa traduction anglaise (Cannibal Man), n'a plus rien à voir avec les peuplades d'Amazonie se nourrissant de chair humaine. Exit donc les indigènes de Deodato, mais pas forcément le taxidermiste éprit du cadavre de sa fiancée car Marcos, le héros de La Semana del Asesino entretient un rapport avec celui de D'Amato. En effet, les deux hommes, pour des raisons différentes, vont se retrouver au cœur d'une spirale meurtrière qu'ils ne pourront contrôler. La femme est encore une fois au centre de ce drame assez particulier prenant pour cadre le régime franquiste selon son auteur. Évocation satirique et passablement nauséeuse d'un employé d'abattoir qui afin de protéger sa belle, va commettre par accident, l'irréparable. Le siège arrière d'un taxi n'étant pas un baisodrome, le chauffeur, très énervé, demande à Marcos et sa petite amie Paula, qui dans un élan passionné, s'embrassent fougueusement, de quitter le navire. Sans oublier, bien sûr de payer les quelques dizaines de pesetas (nous sommes en 1972 et l'euro n'est pas encore devenu la monnaie espagnole officielle) correspondant au trajet qu'ils ont effectué. Marcos refuse, le chauffeur l'attaque d'un coup de pied bien placé entre les jambes. Le chauffeur s'en prend alors à Paula, la frappant, l'insultant, jusqu'à ce que Marcos, armé d'une pierre le frappe à la tête. Résultat des courses : un homme à terre, baignant dans son sang.
Dès lors, Eloy de la Iglesia développe une intrigue dont l'échelle de temps correspond à une semaine complète. Chaque jour condamne son héros à tuer, les uns après les autres, tous ceux qui pourraient l'envoyer en prison. Car Paula, anéantie par la mort du chauffeur de taxi (la presse en a fait les gros titres), propose, et impose même, à Marcos d'aller se livrer aux autorités. Inconcevable. Mais devant l'insistance de sa fiancée, le jeune homme ne trouve qu'une solution : la tuer à son tour en l'étranglant. Première étape d'une série de meurtres qui cette fois-ci ne seront plus accidentels.

Le titre original définit assez bien le contexte auquel le cinéaste espagnol confronte les spectateurs. Le cadre demeure difficile à définir. Comme des bidonvilles en dur plantés dans un terrain vague où jouent des gamins au football. Insouciants, loin d'imaginer l'horreur qui se trame derrière la porte de cet individu commun, qui n'inspire ni la peur ni la curiosité. Les morts donc s'accumulent, faisant de Marcos un tueur en série. Mais pas seulement. Un nécrophile, même. Conservant chez lui le cadavre de ses victimes. C'est alors que lui vient l'idée de se débarrasser des corps sur le lieu de son travail : l'abattoir...

La Semana del Asesino dégage une ambiance poisseuse, Eloy de la Iglesia ne lésinant jamais sur les détails scabreux de l'existence pour marquer au fer rouge l'assistance. Des quelques scènes tournées dans un abattoir montrant froidement l'équarrissage de bovins, jusqu'aux rapports ambigus que le personnage incarné par Vicente Parra entretient avec certains de son entourage. Le plus manifeste d'entre eux demeure son voisin Nestor (l'acteur Eusebio Poncela) qui dégage un douceâtre parfum de stupre. Une étrange attirance entre les deux hommes dont les arrêtes sont quelque peu émoussées et donnent du fil à retordre aux spectateurs qui ne savent pas vraiment quels sont les objectifs de ce voisin décidément intéressé par Marcos. Eloy de la Iglesia filme en gros plans, le visage suintant de Marcos, et évoque l'insoutenable puanteur qui se dégage des corps enfermés dans sa chambre. La chaleur et la mort n'allant pas de paire, le film respire le vice à chaque plan. Même les sentiments sont tronqués. Paula n'aspire qu'au mariage. Mais aime-t-elle vraiment Marcos, elle qui est prête à le sacrifier aux autorités, sans doute pour apaiser sa conscience ?
Derrière les horreurs bien réelles, d'animaux abattus à la chaîne, Eloy de la Iglesia communique un message encore plus virulent à travers l'élimination des cadavres, lesquels se retrouvent alors dans le circuit de consommation des amateurs de viande. Sûrement ce que voulaient évoquer ceux qui ont maladroitement traduit le titre en anglais. Une descente aux enfers un peu maladroite. une vision inédite d'un périple meurtrier. Une œuvre qui colle à l'esprit comme un tee-shirt humide, sur une peau en sueur...

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