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jeudi 7 juin 2018

Nekeddo Burâddo:Megyaku de Hisayasu Satō (1995) - ★★★★☆☆☆☆☆☆



ATTENTION !!! IMAGES GORE

Direction le Japon, ses coutumes, ses mœurs parfois étranges, sa cuisine. Et, son cinéma. Explorant à sa manière toutes les thématiques disponibles, œuvrant parfois avec de maigres moyens mais bénéficiant de l'imagination fertile de leurs auteurs. Le cinéaste japonais Hisayasu Satō fait partie de ces auteurs qui ont marqué le septième art par leur approche outrée de certains concepts. Après avoir surtout œuvré dans le 'Pinku eiga' (film érotique japonais) il a sans aucun doute donné ses lettres de noblesse au gore sérieux asiatique avec Nekeddo Burâddo:Megyaku en 1996. un projet très curieux, n'ayant sans doute aucun équivalent en Occident. Aussi improbable qu'une conversation entre un cactus cierge et une jeune femme atteinte de troubles du sommeil (sic!).
Eiji est un petit prodige de la science. Inventeur génial d'une substance capable d’annihiler la douleur, il lui faut des cobayes pour étayer la thèse selon laquelle son invention fonctionne. Pour cela, il va se servir des trois patientes de sa mère qui elle, travaille sur la conception d'un contraceptif révolutionnaire. En mélangeant sa solution à celle de sa génitrice, Eiji gagne son pari. Mais les résultats dépassent ses pronostics. Comme sous l'influence d'une drogue, les jeunes femmes ressentent l'irrépressible besoin de s'auto-mutiler, ne pouvant y mettre un terme, ce qui va les mener vers un destin funeste... et gratiné en matière d'horreur.

Hisayasu Satō balade ses personnages dans une œuvre qui s'apparente d'abord à une sorte de drama puéril (ce qui, reconnaissons-le, est un euphémisme) pour les plonger ensuite dans les affres de la dépendance, de l'automutilation, et de l'auto-anthropophagie. Le japonais tente avec plus ou moins de bonheur de décrire un couple mère-fils qui à travers leurs démarches, rendent hommage au père, disparu dans de bien curieuses circonstances. De Nekeddo Burâddo:Megyaku, l'occidental, à moins d'être un fan absolu de tout ce qui touche au septième art japonais, ne manquera pas d'évoquer les grandes faiblesses d'un film le plus souvent ennuyeux malgré sa courte durée (pas plus de quatre-vingt six minutes au compteur). La plupart des scènes manquent autant de punch que d'intérêt. La cohérence semble absente dans tout ce fatras d'idées qui mises bout à bout, ressemblent à une compilation de séquences n'ayant pas ou peu de rapport entre elles si ce n'est l'affiliation concernant la dépendance évoquée plus haut.

Hisayasu Satō se révèle inquiétant, suivi de près par des idées aussi tordues qu'intéressantes, mais si mal exploitées que l'on baisse les bras devant l'amateurisme d'un produit aux contours (mal) définit. A vrai dire, là où s'en sort véritablement le cinéaste, c'est lorsqu'il démontre avec un certain sadisme non dénué de brio, les conséquences de l'injection de la substance créée par Eiji. Alter ego japonais du David Cronenberg canadien, Hisayasu Satō assène quelques rares séquences gore du plus bel effet. On ne pourra effectivement pas lui reprocher d'avoir raté ces quelques moments d'une rare intensité. Des scènes d'automutilation que même les plus aguerris des amateurs auront bien du mal à supporter. Énucléation, aiguilles enfoncées dans le bras, doigts dévorés à la manière de beignets plongés dans l'huile bouillante. Nekeddo Burâddo:Megyaku atteint les sommets de l'horreur durant la seconde moitié du film. Le travail sur les effets-spéciaux est parfois si remarquable, que l'on se prend à se demander si les actrices n'ont pas un peu trop pris au sérieux leur rôle en s'infligeant de réels sévices. Malheureusement, ce ne sont certainement pas ces quelques rares mises en bouche qui suffiront à extraire le long-métrage de la monotonie dans laquelle il plonge les spectateurs le reste du temps. Hisayasu Satō évoque certains sujets sans les traiter dans leur intégralité (il n’approfondit pas le sujet concernant la disparition du père, hypnotisé par une lueur lointaine, et disparaissant dans les flots de l'océan). Il sera donc conseillé aux amateurs de gore de visionner les quelques rares scènes sanglantes (appuyées par des bruitages outranciers) sans pour autant insister sur le reste, le reste du long-métrage demeurant tristement plat...

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