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mercredi 12 octobre 2016

Angel Heart de Alan Parker (1987)



Que peut-il y avoir de plus effrayant qu'un authentique film d'épouvante vous glaçant les sangs ? Une œuvre qui justement n'est pas à ranger dans la case 'films horrifiques' et qui par l'inattendue angoisse qu'elle génère démultiplie l'effet recherché. Un peu comme une scène d'amour torride au beau milieu d'un drame, d'un policier, ou d'une comédie et qui a beaucoup plus de chance d'attiser les braises que dans un vulgaire film érotique dont on connaît par avance le contenu. Si Angel Heart est dès le départ attendu comme un thriller moite et teinté de fantastique, nous ne sommes pas obligatoirement prêts à recevoir les innombrables scènes cauchemardesques qui y pullulent. On savait Alan Parker un esthète et l'on pouvait supposer que la présence de l'immense Mickey Rourke apporterait autrement plus de cachet à l’œuvre que n'importe quel autre acteur de l'époque. Mais ce qui saute tout d'abord aux yeux, c'est l'impressionnant travail visuel que l'on doit communément aux décors de Brian Morris et à la superbe photographie de Michael Seresin.

Les couleurs semblent s'être faites la malle pour une contrée plus optimiste que le New-York et la Louisiane qui nous sont dépeints ici de manière extraordinairement austère. Et même le folklore des rues en cette année 1955 ne parviennent pas à atténuer cette impression de fin du monde. Fanfares et danseurs de claquettes traversent des champs de ruines où reposent des cadavres frigorifiés sur lesquels les chiens abandonnés posent le regard un instant avant de prendre la fuite. C'est dans ce contexte moribond que le détective privé Harry Angel répond à l'appel mystérieux d'un avocat, Herman Winesap, qui pour le compte d'un certain Louis Cyphre lui propose de rencontrer son client. Un homme bien mystérieux qui va proposer à Harry de retrouver Johnny Favorite avec lequel il est en affaire et qui n'aurait pas donné de nouvelles de lui depuis les douze dernières années.

Harry Angel, c'est donc Mickey Rourke. Long pardessus en coton, cravate dépareillée, cheveu gominé et coiffure partiellement entretenue, barbe de trois jours, cigarette coincée entre les lèvres. Typiquement le genre de détective que l'on imagine justement rencontrer à cette époque. Les enquêtes que mène habituellement Harry sont à son image : minables ! Elles n'ont pas fait de lui un homme riche mais elles lui permettent de vivre, ce qui semble déjà pas mal pour un homme qui a connu la guerre et en est revenu avec pas mal de séquelles. Retrouver Johnny Favorite devrait être du gâteau pour Harry. Malheureusement pour lui, ce gâteau va avoir un goût amer. Plongeant dans un abîme sans fond, il va connaître sa pire expérience d'homme et de détective.

De New-York à la Louisiane, c'est partout pareil. Où qu'aille notre héros, c'est le même constat. Tout y sombre dans un inévitable chaos. Les morts pourchassent le détective comme des ombres. Lui collent à la peau au point que la police finit par le soupçonner d'en être le responsable. Chaque rencontre se solde par un échec. Alan Parker a le prodigieux sens du spectacle. Dès les premiers instants, on est saisi par la noirceur du propos. Tout commence par ce cadavre gelé qui semble regarder au dessus de lui. On n'avait pas vu d'aussi saisissants instantanés de mort depuis les cadavres eux aussi gelés de l'équipe norvégienne rencontrée dans le chef-d’œuvre de John Carpenter, The Thing. Face à Mickey Rourke, Robert de Niro. Imposant, barbu, les ongles longs, jouant avec une canne qu'Alan Parker aime nous montrer manipulée en gros plan. Louis Cyphre... Louis Cypher... Lucifer. Et comme il le dira lui-même plus tard plus pratique à faire passer que Méphistophélès. Anxiogène, Angel Heart l'est assurément. A tel point que même ce refuge qu'est censée représenter l'église est inquiétant. Elle et ces nonnes assises sur un banc, l'uniforme balayé par le vent. Ou par le souffle du Diable, peut-être ? Un démon qui s'invite dans des chapelles sans y craindre jamais le courroux de son principal rival : Dieu lui-même.
Alan Parker crée une belle homogénéité entre ses protagonistes, les décors et l'intrigue. Sur fond de culture vaudou, Angel Heart possède de plus une très belle partition musicale que l'on doit au compositeur sud-africain Trevor Jones...

1 commentaire:

  1. J'ai découvert ce film à la même époque que Lynch (Twin Peaks : Fire Walk With Me)... à l'époque, je découvrais pas mal de films géniaux vraiment par hasard, comme si la télé de l'époque était plus aventureuse qu'aujourd'hui. Un tout grand film !

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