Ah les années
quatre-vingt! On aura beau dire ce qu'on veut, mais le cinéma
d'épouvante de cette décennie là possédait un charme qui depuis
s'est fait la malle. Tout y semblait beaucoup plus naturel
qu'aujourd'hui. Désormais, la courses au 'paraître' étant
l'un des seuls attributs que mettent en avant les acteurs (jeunes de
préférence), tout y semble tristement aseptisé. Même les remakes
peinent à retrouver le charme de ces vieilles bandes VHS que l'on
regardait le soir lorsque nos vieux allaient se coucher. Le slasher a
participé à ces grands sabbats durant lesquels nous invoquions la
Faucheuse afin qu'elle emporte ces individus forts en gueule mais au
faible Q.I. Nous avalions des kilomètres de bandes magnétiques sur
lesquelles étaient imprimés des meurtres sanglants entrecoupés de
scènes de nudité et de dialogues souvent insipides. Le genre nous a
offert quelques classiques réputés insurpassables. Certains sont
entrés dans la légende, et d'autres sont malheureusement tombés
dans l'oubli.
Il faut être un amoureux
du genre pour se rappeler de certains films qui pourtant, même
aujourd'hui, presque trente ans après, demeurent, j'en suis
convaincu, comme les meilleurs du genre. Non pas les sempiternels
Halloween et Vendredi 13 que l'on ne
cesse de citer en exemple, mais plutôt The Prowler ou
The Burning qui restent à mon humble avis, les sommets
du genre. Il en est un qui demeure toujours enfoui dans un coin de
mon esprit et que je n'avais pas revu depuis au moins trente ans :
Happy birthday to Me.
Vous me direz que la
chose est stupide, mais j'en avais surtout conservé comme souvenir
la présence de l'actrice Melissa Sue Anderson qui n'était autre que
la jeune Mary Ingalls dans la célèbre série télévisée La
Petite Maison dans la Prairie. Mais si j'en parle aujourd'hui,
c'est évidemment parce que je me souviens également avoir entretenu
un fantasme autour de ce film qui proposait une alternative
intéressante au commun des slashers et surtout, un twist final
particulièrement inattendu. Si je consacre aujourd'hui un article au
film de Jack Lee Thompson, c'est parce que j'ai eu l'opportunité de
le redécouvrir hier soir, dans la pénombre de mon salon. Le même
où je passe tant d'heures à écrire un peu tout et n'importe quoi,
une bonne moitié de mes textes terminant leur existence dans la
corbeille.
Pour commencer, j'avais oublié que le film durait presque cent-dix
minutes. Et en y repensant, je me suis dis que pour un slasher,
c'était plutôt hors du commun. Une œuvre, de plus, réalisée par
un cinéaste dont ça n'était pas forcément la spécialité
puisqu'en dehors de L'Oeil du Malin en 1967, il n'avait
pour coutume que de tourner des films policiers, d'aventures, des
drames, des thriller, des films historiques, des comédies, des
westerns, avant de reprendre plus tard le flambeau de la série des
'Justiciers' initiée par Michael Winner et avec Charles
Bronson dans le rôle principal. Un film d'horreur donc, planté au
beau milieu d'une filmographie. Melissa Sue
Anderson, son actrice principale, n'a quant à elle pas fait de vague
dans le milieu du cinéma puisqu'entre 1977 et 2006, elle n'a tourné
que dans onze films dont aucun de mémorable... à part peut-être ce
Happy birthday to Me
justement ?
Réalisé
en 1981, la même année que The
Funhouse
de Tobe Hooper,
Meurtres à la Saint-Valentin
ou le second chapitre de la saga Vendredi
13,
Happy birthday to Me fut
en bonne voie pour trôner au sommet des slashers sortis cette année
là. Si ce n'était la présence de The Burning
cité
plus haut qui 'écrasa'
tout
sur son chemin. Il y a quelque chose de beaucoup plus terrifiant que
les meurtres à proprement dit lorsque l'on redécouvre certains
films qui nous avaient laissé jusque là, une trace indélébile :
c'est de ne plus retrouver le charme qu'ils étaient censés avoir à
l'époque et qui désormais n'est plus. Au bout d'une heure, je me
suis demandé ce qui avait pu démarquer Happy
birthday to Me des
autres slashers. Une heure à m'ennuyer. A attendre que le film
démarre vraiment et n'affiche pas que de simples dialogues
soporifiques et lénifiants. Quelques meurtres originaux mais
sûrement pas assez... saignants !
Et
lorsque l'on ne nous donne pas de grain à moudre, faut bien se faire
la main sur autre chose. Et pourquoi pas le joli regard de Melissa
Sue Anderson justement. Parce que ses amis, hein, sont de fieffés
abrutis. Contrairement à un Vendredi
13
dans lequel l'identité du tueur ne fait aucun doute (à part dans le
premier volet qui je le rappelle, met en scène la MERE de Jason
Voorhies dans le rôle de la meurtrière), Happy
birthday to Me sème
le doute. Pourquoi pas le taxidermiste, avec sa gueule de première
communion ? Ou elle, dont le comportement étrange éveille des
soupçons ? L'une des scènes les plus significatives de ce jeu
qu'entreprend Jack Lee Thompson pour semer le doute dans l'esprit des
téléspectateurs est celle où Virginia et Rudy sont en haut d'un
clocher. Rudy sort un couteau et s'approche de Virginia. Ensuite, un
plan nous montre de nombreuses gouttes de sang tomber sur le sol de
l'Eglise. On peut donc supposer que Rudy vient de poignarder
Virginia. Sauf que l'on retrouve la jeune femme quelques minutes
après à l’hôpital, affolée, et sans la moindre égratignure. On
devine cette fois-ci que c'est elle qui a tué Rudy puisque ce
dernier n'est plus en sa compagnie et a disparu. Sauf que l'on
retrouve ce dernier plaisantin dans la bibliothèque, un bandage à
la main droite, et expliquant à Virginia (qui s'était sauvée du
clocher), qu'il s'est écorché la main avec son couteau en tentant
de couper la corde retenant la cloche. Ceci expliquant le sang tombé
plus tôt sur le sol de l'église...
Des
scènes comme celle-ci, Happy
birthday to Me en
contient plusieurs. Sauf que la mayonnaise ne prend pas. La
réalisation d'un tel procédé demande une maîtrise parfaite en
matière de scénario, de montage et de mise en scène. Le style est
un peu enfantin et ne provoque aucune réelle surprise du genre :
« Mince,
le scénario est tellement diabolique et bien fichu que je ne m'y
attendais pas ».
Question crédibilité, le film est assez léger en la matière. Dès
lors que tout ce petit monde est victime de disparitions (et donc de
morts violentes), ça n'a pas l'air de choquer profondément ceux qui
demeurent encore en vie. Quant à une éventuelle enquête
policière... Il va falloir attendre longtemps avant que la police
s'en mêle. Plus stupide encore, le jeu permanent des personnages
avec la mort. Je veux bien que certains aient l'esprit tordu, mais
lorsque l'une des jeunes femmes du groupe, d'abord inquiète de la
fausse disparition de Rudy, fait elle-même semblant de s'être noyée
dans une piscine, c'est pousser le bouchon un peu loin. Jack Lee
Thompson abuse de ce type d'effets, peut-être même plus que dans
n'importe quel autre slasher.
Ça
n'est finalement qu'au bout d'un peu plus d'une heure et quart que
l'on connaît enfin l'identité supposée du tueur. La tournure que
prennent les événements prend enfin tout son sens. Ce qui jusqu'à
maintenant paraissait comme une œuvre majoritairement décevant,
gagne en intensité et certains détails enfin mis à jour donnent un
sens à la plupart de ce qui s'est produit jusque là. La question
demeurant étant de savoir si Happy
birthday to Me mérite
tout l'ennui qu'il procure durant deux bons tiers du métrage. Pas
sûr. Mais ce qui est certain, c'est qu'entre la première et seconde
vision, séparées par plus de trente ans, le film n'a plus du tout
le même visage qu'à l'époque. Il demeurera comme un vieux souvenir
qui finira par s'estomper avec le temps...
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