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mardi 11 octobre 2016

Happy Birthday to Me de J. Lee Thompson (1981)



Ah les années quatre-vingt! On aura beau dire ce qu'on veut, mais le cinéma d'épouvante de cette décennie là possédait un charme qui depuis s'est fait la malle. Tout y semblait beaucoup plus naturel qu'aujourd'hui. Désormais, la courses au 'paraître' étant l'un des seuls attributs que mettent en avant les acteurs (jeunes de préférence), tout y semble tristement aseptisé. Même les remakes peinent à retrouver le charme de ces vieilles bandes VHS que l'on regardait le soir lorsque nos vieux allaient se coucher. Le slasher a participé à ces grands sabbats durant lesquels nous invoquions la Faucheuse afin qu'elle emporte ces individus forts en gueule mais au faible Q.I. Nous avalions des kilomètres de bandes magnétiques sur lesquelles étaient imprimés des meurtres sanglants entrecoupés de scènes de nudité et de dialogues souvent insipides. Le genre nous a offert quelques classiques réputés insurpassables. Certains sont entrés dans la légende, et d'autres sont malheureusement tombés dans l'oubli.
Il faut être un amoureux du genre pour se rappeler de certains films qui pourtant, même aujourd'hui, presque trente ans après, demeurent, j'en suis convaincu, comme les meilleurs du genre. Non pas les sempiternels Halloween et Vendredi 13 que l'on ne cesse de citer en exemple, mais plutôt The Prowler ou The Burning qui restent à mon humble avis, les sommets du genre. Il en est un qui demeure toujours enfoui dans un coin de mon esprit et que je n'avais pas revu depuis au moins trente ans : Happy birthday to Me.

Vous me direz que la chose est stupide, mais j'en avais surtout conservé comme souvenir la présence de l'actrice Melissa Sue Anderson qui n'était autre que la jeune Mary Ingalls dans la célèbre série télévisée La Petite Maison dans la Prairie. Mais si j'en parle aujourd'hui, c'est évidemment parce que je me souviens également avoir entretenu un fantasme autour de ce film qui proposait une alternative intéressante au commun des slashers et surtout, un twist final particulièrement inattendu. Si je consacre aujourd'hui un article au film de Jack Lee Thompson, c'est parce que j'ai eu l'opportunité de le redécouvrir hier soir, dans la pénombre de mon salon. Le même où je passe tant d'heures à écrire un peu tout et n'importe quoi, une bonne moitié de mes textes terminant leur existence dans la corbeille.

Pour commencer, j'avais oublié que le film durait presque cent-dix minutes. Et en y repensant, je me suis dis que pour un slasher, c'était plutôt hors du commun. Une œuvre, de plus, réalisée par un cinéaste dont ça n'était pas forcément la spécialité puisqu'en dehors de L'Oeil du Malin en 1967, il n'avait pour coutume que de tourner des films policiers, d'aventures, des drames, des thriller, des films historiques, des comédies, des westerns, avant de reprendre plus tard le flambeau de la série des 'Justiciers' initiée par Michael Winner et avec Charles Bronson dans le rôle principal. Un film d'horreur donc, planté au beau milieu d'une filmographie. Melissa Sue Anderson, son actrice principale, n'a quant à elle pas fait de vague dans le milieu du cinéma puisqu'entre 1977 et 2006, elle n'a tourné que dans onze films dont aucun de mémorable... à part peut-être ce Happy birthday to Me justement ?

Réalisé en 1981, la même année que The Funhouse de Tobe Hooper, Meurtres à la Saint-Valentin ou le second chapitre de la saga Vendredi 13, Happy birthday to Me fut en bonne voie pour trôner au sommet des slashers sortis cette année là. Si ce n'était la présence de The Burning cité plus haut qui 'écrasa' tout sur son chemin. Il y a quelque chose de beaucoup plus terrifiant que les meurtres à proprement dit lorsque l'on redécouvre certains films qui nous avaient laissé jusque là, une trace indélébile : c'est de ne plus retrouver le charme qu'ils étaient censés avoir à l'époque et qui désormais n'est plus. Au bout d'une heure, je me suis demandé ce qui avait pu démarquer Happy birthday to Me des autres slashers. Une heure à m'ennuyer. A attendre que le film démarre vraiment et n'affiche pas que de simples dialogues soporifiques et lénifiants. Quelques meurtres originaux mais sûrement pas assez... saignants !

Et lorsque l'on ne nous donne pas de grain à moudre, faut bien se faire la main sur autre chose. Et pourquoi pas le joli regard de Melissa Sue Anderson justement. Parce que ses amis, hein, sont de fieffés abrutis. Contrairement à un Vendredi 13 dans lequel l'identité du tueur ne fait aucun doute (à part dans le premier volet qui je le rappelle, met en scène la MERE de Jason Voorhies dans le rôle de la meurtrière), Happy birthday to Me sème le doute. Pourquoi pas le taxidermiste, avec sa gueule de première communion ? Ou elle, dont le comportement étrange éveille des soupçons ? L'une des scènes les plus significatives de ce jeu qu'entreprend Jack Lee Thompson pour semer le doute dans l'esprit des téléspectateurs est celle où Virginia et Rudy sont en haut d'un clocher. Rudy sort un couteau et s'approche de Virginia. Ensuite, un plan nous montre de nombreuses gouttes de sang tomber sur le sol de l'Eglise. On peut donc supposer que Rudy vient de poignarder Virginia. Sauf que l'on retrouve la jeune femme quelques minutes après à l’hôpital, affolée, et sans la moindre égratignure. On devine cette fois-ci que c'est elle qui a tué Rudy puisque ce dernier n'est plus en sa compagnie et a disparu. Sauf que l'on retrouve ce dernier plaisantin dans la bibliothèque, un bandage à la main droite, et expliquant à Virginia (qui s'était sauvée du clocher), qu'il s'est écorché la main avec son couteau en tentant de couper la corde retenant la cloche. Ceci expliquant le sang tombé plus tôt sur le sol de l'église...

Des scènes comme celle-ci, Happy birthday to Me en contient plusieurs. Sauf que la mayonnaise ne prend pas. La réalisation d'un tel procédé demande une maîtrise parfaite en matière de scénario, de montage et de mise en scène. Le style est un peu enfantin et ne provoque aucune réelle surprise du genre : « Mince, le scénario est tellement diabolique et bien fichu que je ne m'y attendais pas ». Question crédibilité, le film est assez léger en la matière. Dès lors que tout ce petit monde est victime de disparitions (et donc de morts violentes), ça n'a pas l'air de choquer profondément ceux qui demeurent encore en vie. Quant à une éventuelle enquête policière... Il va falloir attendre longtemps avant que la police s'en mêle. Plus stupide encore, le jeu permanent des personnages avec la mort. Je veux bien que certains aient l'esprit tordu, mais lorsque l'une des jeunes femmes du groupe, d'abord inquiète de la fausse disparition de Rudy, fait elle-même semblant de s'être noyée dans une piscine, c'est pousser le bouchon un peu loin. Jack Lee Thompson abuse de ce type d'effets, peut-être même plus que dans n'importe quel autre slasher.

Ça n'est finalement qu'au bout d'un peu plus d'une heure et quart que l'on connaît enfin l'identité supposée du tueur. La tournure que prennent les événements prend enfin tout son sens. Ce qui jusqu'à maintenant paraissait comme une œuvre majoritairement décevant, gagne en intensité et certains détails enfin mis à jour donnent un sens à la plupart de ce qui s'est produit jusque là. La question demeurant étant de savoir si Happy birthday to Me mérite tout l'ennui qu'il procure durant deux bons tiers du métrage. Pas sûr. Mais ce qui est certain, c'est qu'entre la première et seconde vision, séparées par plus de trente ans, le film n'a plus du tout le même visage qu'à l'époque. Il demeurera comme un vieux souvenir qui finira par s'estomper avec le temps...

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