Je viens de briser un
mythe. Une légende. Un fantasme. Les miens. Ceux qui végétaient
depuis plus de trente ans dans mon esprit et que je n'avais jamais
tenté d'assouvir jusqu'à cette minute fatidique où j'ai choisi de
regarder Psychos in Love du
cinéaste américain Gorman Bechard. Troisième long-métrage de ce
réalisateur au nom très curieux, ce film que l'on pourrait traduire
par 'Psychopathes
amoureux'
date de 1987. Je ne sais plus à quelle date exactement, mais ce dont
ma mémoire se rappelle très bien, ce sont les photos qui
parsemaient quelques-unes des pages d'un exemplaire du magazine Mad
Movies.
Des photos sans doute noyées parmi celles d'autres longs-métrage
regroupés dans un article consacré au gore, que sais-je. Sur ce
coup là, ma mémoire ne se montre malheureusement pas infaillible.
Dois-je me réjouir d'avoir enfin découvert Psychos
in Love
ou dois-je regretter qu'il ne soit pas demeuré à l'état de
fantasme ? Difficile de répondre à cette question car sous des
dehors de série Z (ce qu'il est fondamentalement), l’œuvre de
Gorman Bechard, tout aussi désastreusement mise en scène qu'elle
est, ne se révèle finalement pas aussi inintéressante que prévu.
Alors
bien entendu, il faudra au premier abord s'armer d'une solide volonté
car visuellement, Psychos in Love
est relativement fade. Les décors sont pauvres et tristes à mourir
et la bande musicale du même acabit. Enfin, pas totalement, car au
beau milieu de ce long-métrage en forme de docu-fiction
horrifico-humoristique, les deux principaux personnages vont entonner
une chanson plutôt amusante et incongrue si l'on tient compte du
sujet abordé...
L'histoire
met au centre du récit, Joe et Kate. Deux tueurs psychopathes comme
ils se décrivent eux-mêmes. Lui tue des femmes, elle, des hommes.
Entre eux, c'est le coup de foudre. Mais plutôt que de remplacer
leur passion commune par l'amour, ils vont chacun de leur côté,
continuer à tuer. Encore et encore. Mais ils ne sont pas les seuls.
En effet, dans un autre quartier sévit un plombier désaxé qui
après avoir débouché les éviers de ses clientes les trucides
avant de les manger. Le barman et la manucure décident un jour de se
marier, et pour fêter leurs épousailles, ils décident de passer
leur lune de miel en visitant les abattoirs de la région !!!
Ça
a l'air stupide vu comme ça, et, d'ailleurs... ça l'est. Ni tout à
fait dérangeant, ni à se décrocher la mâchoire de rire, Psychos
in Love
est pourtant relativement divertissant. Mieux vaut faire abstractions
de ses piètres atours pour profiter du spectacle. Les deux
principaux personnages sont interprétés à l'écran par Carmine
Capobianco et Debi Thibeault et se révèlent fort attachants. Malgré
la déviance de leur personnage respectif, les deux interprètes
provoquent cependant une drôle de réaction de la part des
spectateurs. On dirait deux gamins n'ayant pas pleinement conscience
des horreurs qu'ils commettent et y font face en exhibant sans cesse
leur amour l'un pour l'autre. Rare cas de couple meurtrier au cinéma
(en dehors des Tueurs de la Lune de Miel
et de ses quatre remakes), Joe et Kate amusent plus qu'ils
n'effraient. Étrangement, Gorman Bechard leur permet de se livrer
directement à la caméra. Un choix inutile qui révèle sans doute
le désir du cinéaste de créer une certaine complicité entre ses
'monstres'
et les spectateurs.
Si
Psychos in Love est
un gros nanar, le fait qu'il soit parfaitement visible et même
attachant demeure étonnant ! Quant aux photos qui avaient
généré tant d'espoir, le résultat à l'écran se révèle aux
antipodes du fantasme passé. Les scènes d'horreurs sont rares, et
généralement pitaoyable (pour ne pas dire dans leur totalité)... A découvrir quand même, ne serait-ce que pour son originalité et son ton humoristique...
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