Les Proies,
2017. A aucun moment de ma courte existence je ne m'étais imaginé
qu'un jour je verrais (subirais ?) le remake d'un si grand moment de
cinéma. Quand un cinéaste touche au génie, à la perfection, comme
ce fut le cas en 1971 avec The Beguiled de Don Siegel
avec Clint Eastwood. Jamais dans ma petite vie de passionné du
septième art je n'aurai conçu l'idée de l'aborder. Pourtant, après
avoir subit les affres d'une gastro-entérite particulièrement
violente tout en essayant de faire abstraction du bruit que font les
ouvrier au bas de l'immeuble et dont l'intensité me laisse à penser
qu'ils détruisent petit à petit la résidence où je vis, il a bien
fallut que je me fasse une raison : Sofia Coppola, dont je n'ai
jamais rien vu et dont la paternité et l'engouement d'une certaine
presse ont fini de me convaincre de fuire son cinéma sans faire le
moindre bruit, a osé ! The Beguiled version
2017 sera donc ma première incursion dans l'univers de la
quadragénaire. Ou plutôt celui dont elle osa s'emparer pour faire
sien, avec ou pas de respect et de la dignité, pour l’œuvre de
l'auteur de Invasion of the Body Snatchers,
premier long-métrage me venant à l'esprit.
Ce
qu'il faut garder en tête, c'est que si la version de 1971 est bien
celle d'une vision livrée par un homme, celle de 2017 est
définitivement l’œuvre d'une femme. Les deux points de vue d'un
même récit étant traités de manière fort différente, la
seconde, n'en déplaise aux démagogues de tous poils, s'inscrit dans
une forme d'aseptisation de très mauvais goût. Pour commencer, et
au risque de provoquer un horrifiant malentendu, nous noterons
l'absence du personnage incarné en 1971 par l'actrice noire Mae
Mercer. Hallie, la servante "black", dont la présence coïncidait avec
le recensement américain de 1860 et faisant état de quatre millions
d'esclave dans le pays. Faut-il y voir désormais l'hypocrisie d'un
monde voulant se racheter une conduite en effaçant certaines de ses
erreurs passées ? Paranoïa ou constat avisé ? D'autres
faits semblent étayer l'hypothèse selon laquelle Sofia Coppola aura
voulu atténuer les aspects les plus dérangeants de l’œuvre
originale en omettant de les inclure dans la sienne. Nous passons
ainsi de l’œuvre gonflée aux testostérones au long-métrage de
jeune pucelle ne prenant aucun risque avec le bien pensant américain.
Nicole Kidman a beau être une très belle femme et une bonne
actrice, la pauvre ne fait pas le poids face à une Geraldine Page
ayant davantage de « bouteille »
qu'elle.
Une
Geraldine Page dont le personnage incarnait une certaine forme de
perversité incestueuse envers un frère disparu, une facette de sa
personnalité que Sofia Coppola a choisi, en 2017, de simplement
éliminer. Le caractère dérangeant du personnage ayant été
purement et simplement dégagé de l'intrigue, The
Beguiled version
2017 n'est plus qu'un vague mélodrame romantique un brin déviant en
costumes d'époque qui n'entreprend rien de bien courageux si ce
n'est d'investir des terres cultivées longtemps avant par un artisan
autrement plus talentueux. Il n'y aura guère que les jeunes
jouvencelles intimement affolées par la présence de Colin Farrell
au générique pour trouver matière à s'extasier devant cette
navrante représentation du machisme qui, là encore, est tristement
célébré. L'une des forces qui caractérisait également l’œuvre
de Don Siegel et qui semble avoir été volontairement atténuée ici
demeure dans l'apparente normalité de la plupart des pensionnaires
tandis qu'en 1971, la plupart des jeunes femmes n'avaient finalement
pas d'autre préoccupations que de s'accaparer l'intention de leur
premier 'visiteur'
mâle.
Certains
auraient-ils constaté le puéril résultat d'une œuvre dont
l'existence n'apporte rien de neuf ? Toujours est-il que The
Beguiled version
2017 aurait, depuis, changé de statut pour n'être plus le remake de
l'oeuvre datant de 1971, mais simplement une nouvelle adaptation du
roman original Les
Proies,
de l'écrivain Thomas P. Cullinan. Un moyen simple et pas forcément
habile pour éviter toute comparaison avec le chef-d’œuvre
indétrônable de Don Siegel... Encore un remake inutile...
C'est vrai, Fifille Coppola, Air, les Inrocks, ça sent l'arnaque d'emblée... Je viens tout de même d'essayer "Virgin suicides", son premier essai. Idéal pour s'endormir :-) J'ai quand même bien aimé James Wood. Et trouvé assez dure une scène où la mère oblige l'une de ses filles à brûler sa collection de vinyles de rock... C'est à peu près tout.
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