Avant de se lancer dans
une carrière de cinéaste, le réalisateur américain Eli Roth tourna dès
l'âge de onze ans une cinquantaine de courts-métrage en mettant à
profit les membres de sa famille. À trente ans, le futur auteur des
deux premiers volets de la saga Hostel,
de The Green Inferno
et de Death Wish
tournait son premier long-métrage, Cabin Fever.
Une sorte de Evil Dead
sans démons, lui aussi situé dans une cabane au fond d'un bois,
mais dans lequel ses protagonistes seront confrontés à un mal tout
aussi puissant et invisible. Paul, Karen, Bert, Marcy et Jeff ont en
effet décidé de fêter la fins des cours en louant une vieille
bicoque en bois située non loin d'un lac servant de source à un
réseau d'eau potable. Lorsque nos cinq adeptes de sexe et d'alcool
sont confrontés à un clochard qui leur demande de l'aide après que
l'un d'eux l'ai blessé un peu plus tôt dans la journée, la
situation vire au cauchemar. Prenant feu, l'homme s'enfuit dans les
bois pour aller mourir dans le lac. Atteint d'un mal inconnu,
celui-ci contamine alors la source en eau potable, mettant
directement en danger nos jeunes héros qui ne se doutent pas que la
plomberie de la cabane est directement connectée à l'eau du lac.
Karen est la première à être victime d'une terrible maladie de
peau. Isolée du reste du groupe dans un réduit attenant à la
cabane, les autres ne sont pas pour autant à l'abri de tomber
eux-même malades, ne se doutant pas un seul instant que le virus se
promène à l'intérieur des canalisations...
Chers
amis hypocondriaques, bienvenue à vous. Eli Roth s'inspirant d'un
mal dont il est atteint lui-même (le psoriasis), il imagine aux
côtés du scénariste Randy Pearlstein un sujet qui risque de rendre
inconfortable l'expérience auprès de celles et ceux qui éprouvent
un malaise à l'évocation de la moindre petite maladie. Dans le cas
présent, Eli Roth n'emploie pas vraiment l'utilisation d'effet gore
outranciers mais titille la sensibilité des spectateurs en évoquant
un mal dont les répercussions physiques s'avèrent particulièrement
affreuses. L'épiderme est la principale partie du corps touché par
un virus dont les origines demeurent troubles. Si nos protagonistes
sont certainement caractérisés de manière à ce que le jeune
public américain s'y identifie, le comportement insupportable de
certains ne cependant pas le poids face à une description de la
maladie qui s'avère quelque peu dérangeante. Eli Roth évoque en
effet un mal touchant tout d'abord les parties intimes de ses
victimes, dévorant les organismes et provoquant des fièvres
hémorragiques à l'image de l'infâme virus Ebola qui sévit en Afrique de
l'ouest
Le
résultat à l'écran ne se fait pas longtemps attendre. L'épiderme
se dégrade, les peaux rougissent jusqu'à devenir luisantes,
sanglantes et collantes. Les victimes vomissent des flots de sang
dans de grandes gerbes écarlates. Mais Cabin
Fever
va bien au delà de cette simple épidémie et s'intéresse de très
près à la réaction de ses personnages face à la maladie.
L'instinct de survie pousse en effet certains à se comporter de
manière tout à fait inappropriée. L’œuvre d'Eli Roth décrit
aussi une certaine frange de l'Amérique profonde avec un sens aigu de la
dérision. Les autochtones ne sont ici que des rednecks stupides, à
l'image de ce jeune policier dont l'étrange comportement peut
s'avérer inquiétant (lequel est incarné par l'acteur Giuseppe
Andrews). Si le sujet est au départ déjà relativement troublant,
Eli Roth en rajoute une couche dans le morbide à travers le score de
Nathan Barr et d'Angelo Badalamenti et le cadre dans lequel évoluent
les acteurs Rider Strong, James DeBello, Jordan Ladd, Cerina Vincent
et Joey Kern. Qu'il s'agisse de la cabane, du lac (dans lequel on
n'oserait même pas tremper un orteil) ou du seul commerce disponible
dans le coin, le réalisateur cultive un sentiment de malaise qui
perdure jusqu'à la fin. Nihiliste, Cabin Fever
n’épargnera d'ailleurs personne et le final d'une ironie
absolue laisse évidemment présager d'une séquelle qui verra le
jour six ans plus tard sous la houlette de Ti West. À noter qu'un
troisième épisode réalisé par Kaare Andrews verra le jour en 2014
et que le réalisateur Travis Nicholas Zariwny réalisera un remake
éponyme du premier épisode deux ans plus tard en 2016...
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