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lundi 16 mars 2020

Piranha 3D d'Alexandre Aja (2010) - ★★★★★★☆☆☆☆



Alexandre Aja, fils du réalisateur français Alexandre Arcady et auteur en 2003 d'un Haute Tension qui a semble-t-il laissé un excellent souvenir chez les amateurs de films d'horreur fait partie de ces artisans capable de redonner ses lettres de noblesse à un genre qui tourne souvent en rond. Pourtant, c'est rarement en faisant preuve d'imagination que le français exporté aux États-Unis a bâtit sa carrière et sa réputation puisqu'une partie de son œuvre s'inspire de longs-métrages ayant eux-même connu un certain succès à l'époque de leur sortie sur grand écran. La Colline a des Yeux (The Hills Have Eyes) sort en 2006 et n'est autre que le remake du film éponyme réalisé vingt-neuf ans auparavant par Wes Craven. Quand à Piranha 3D, il s'agit de celui du classique que Joe Dante réalisa en 1978, lequel n'était encore à l'époque qu'en deux dimensions. Alexandre Aja réalise un remake librement inspiré de l’œuvre originale mais propose par contre un long-métrage beaucoup plus démonstratif en matière d'horreur.

Se situant dans un contexte très particulier puisque se déroulant lors du fameux Spring Break qui se déroule chaque année aux États-Unis, le film peut avoir différentes conséquences sur le spectateur. Soit le film obtient son approbation, soit celui-ci l'accueille froidement. Il faut dire que cette période de vacances normalement consacrée aux révisions a depuis ses origines muté pour devenir un rassemblement durant lequel le sexe et l'alcool ont remplacé les livres scolaires. Autant dire que le choix d'Alexandre Aja de planter le décor dans un tel contexte aura de quoi énerver une certaine catégorie de spectateurs, de ceux qui acceptent mal que soient mis en avant des personnages sans une once de relief, adeptes de parties fines sous-marines, de bière ou d'alcools forts. En réalité, tout le ''génie'' du cinéaste et du scénario de Sage Ryan et Peter Goldfinger repose justement sur ce choix.

En convoquant des centaines de jeunes hommes et de jeunes femmes tous à peine vêtus, dansant sur une soupe infecte, éructant des dialogues insipides et baisant en mode ''poissons'', Alexandre Aja signe un défouloir qui convaincra les plus réfractaires d'assister au spectacle jusqu'au bout. Et ce, même si certaines séquences inutiles et trop bavardes viennent gripper la machinerie. Au menu de nos charmantes petites bêtes à dents très acérées, de très graphiques scènes gore, parfois confuses mais aussi à certaines occasions, particulièrement dégueulasses. Les Piranhas du titre dévorent en groupes nos étudiants inconscients pour le bonheur de spectateurs venus chercher leur comptant de viande fraîche. On appréciera plus ou moins l'humour potache délivré par des dialogues lourdingues pour se désaltérer des centaines de litres de sang qui apparaissent à l'écran. Parmi les interprètes, on reconnaîtra la toujours aussi charmante Elisabeth Shue (Karaté Kid de John G. Avildsen, Leaving Las Vegas de Mike Figgis), Jerry O'Connell (surtout connu chez nous pour son rôle de Quinn Mallory dans l'excellente série de science-fiction Sliders : les Mondes Parallèles) ou encore Christopher Lloyd (Vol au-dessus d'un nid de coucou de Miloš Forman, Retour vers le futur 1,2 et 3 de Robert Zemeckis). Alexandre Aja offre même le rôle de la première victime des Piranhas à l'acteur Richard Dreyfuss. Une forme d'hommage à l'un des principaux interprètes des Dents de la Mer de Steven Spielberg en 1975. Aussi débile que jouissif à certaines occasions, Piranha 3D se regarde sans déplaisir mais n'est absolument pas inoubliable...

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