Alexandre Aja, fils du
réalisateur français Alexandre Arcady et auteur en 2003 d'un Haute
Tension
qui a semble-t-il laissé un excellent souvenir chez les amateurs de
films d'horreur fait partie de ces artisans capable de redonner ses
lettres de noblesse à un genre qui tourne souvent en rond. Pourtant,
c'est rarement en faisant preuve d'imagination que le français
exporté aux États-Unis a bâtit sa carrière et sa réputation
puisqu'une partie de son œuvre s'inspire de longs-métrages ayant
eux-même connu un certain succès à l'époque de leur sortie sur
grand écran. La Colline a des Yeux
(The Hills Have Eyes)
sort en 2006 et n'est autre que le remake du film éponyme réalisé
vingt-neuf ans auparavant par Wes Craven. Quand à Piranha
3D,
il s'agit de celui du classique que Joe Dante réalisa en 1978,
lequel n'était encore à l'époque qu'en deux dimensions. Alexandre
Aja réalise un remake librement inspiré de l’œuvre originale
mais propose par contre un long-métrage beaucoup plus démonstratif
en matière d'horreur.
Se
situant dans un contexte très particulier puisque se déroulant lors
du fameux Spring
Break
qui se déroule chaque année aux États-Unis, le film peut avoir
différentes conséquences sur le spectateur. Soit le film obtient
son approbation, soit celui-ci l'accueille froidement. Il faut dire
que cette période de vacances normalement consacrée aux révisions
a depuis ses origines muté pour devenir un rassemblement durant
lequel le sexe et l'alcool ont remplacé les livres scolaires. Autant
dire que le choix d'Alexandre Aja de planter le décor dans un tel
contexte aura de quoi énerver une certaine catégorie de
spectateurs, de ceux qui acceptent mal que soient mis en avant des
personnages sans une once de relief, adeptes de parties fines
sous-marines, de bière ou d'alcools forts. En réalité, tout le
''génie'' du cinéaste et du scénario de Sage Ryan et Peter
Goldfinger repose justement sur ce choix.
En
convoquant des centaines de jeunes hommes et de jeunes femmes tous à
peine vêtus, dansant sur une soupe infecte, éructant des dialogues
insipides et baisant en mode ''poissons'', Alexandre Aja signe un
défouloir qui convaincra les plus réfractaires d'assister au
spectacle jusqu'au bout. Et ce, même si certaines séquences
inutiles et trop bavardes viennent gripper la machinerie. Au menu de
nos charmantes petites bêtes à dents très acérées, de très
graphiques scènes gore, parfois confuses mais aussi à certaines
occasions, particulièrement dégueulasses. Les Piranhas du titre
dévorent en groupes nos étudiants inconscients pour le bonheur de
spectateurs venus chercher leur comptant de viande fraîche. On
appréciera plus ou moins l'humour potache délivré par des
dialogues lourdingues pour se désaltérer des centaines de litres de
sang qui apparaissent à l'écran. Parmi les interprètes, on
reconnaîtra la toujours aussi charmante Elisabeth Shue (Karaté
Kid
de John G. Avildsen, Leaving Las Vegas
de Mike Figgis), Jerry O'Connell (surtout connu chez nous pour son
rôle de Quinn Mallory dans l'excellente série de science-fiction
Sliders : les Mondes Parallèles)
ou encore Christopher Lloyd (Vol au-dessus d'un
nid de coucou
de Miloš Forman, Retour vers le futur 1,2 et
3
de Robert Zemeckis). Alexandre Aja offre même le rôle de la
première victime des Piranhas à l'acteur Richard Dreyfuss. Une
forme d'hommage à l'un des principaux interprètes des Dents
de la Mer
de Steven Spielberg en 1975. Aussi débile que jouissif à certaines
occasions, Piranha 3D se
regarde sans déplaisir mais n'est absolument pas inoubliable...
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