Shin'ichi Ichikawa, petit
instituteur sans envergure, discret, vivant dans une banlieue
japonaise aux côtés d'une épouse adultère, une fille qui couche
avec des hommes plus âgés qu'elle et un fils perpétuellement
harcelé par ses petits camarades, cet homme insignifiant, méprisé
et à l'existence monotone est cependant fan de Zebraman,
le super-héros d'une vieille série télévisée japonaise.
Tellement fasciné par ce personnage de fiction qu'il s'est lui-même
fabriqué un costume à son effigie. Assez gauche et pas vraiment
rassuré, Shin'ichi sort parfois la nuit afin de tester discrètement
sa nouvelle tenue. Un jour, il fait la connaissance d'un nouvel élève
qui comme lui se passionne pour Zebraman. Se déplaçant en chaise
roulante depuis qu'il a vu son père se jeter du haut d'un immeuble,
Shinpei (Naoki Yasukochi) accepte de devenir ami avec son
instituteur. En ville, les choses se compliquent. Une étrange
substance extraterrestre de couleur verte se propage et contamine
certains habitants qui se comportent alors très violemment. L'un
d'eux viole des femmes puis les tue. C'est lors de son nouveau méfait
qu'il croise la route de Shin'ichi vêtu de son costume de Zebraman.
Alors que les choses démarrent plutôt mal pour ce super-héros du
dimanche, Shin'ichi se découvre des pouvoirs qui lui permettent de
vaincre son ennemi. Dès lors, le petit instituteur se sent pousser
des ailes et décide de venir en aide aux habitants en combattant
contre le fléau vert qui s'abat sur la ville...
On
aurait pu croire Zebraman
et son super-héros sortis tout droit d'un quelconque manga japonais
mais cependant, le scénario et le personnage ne semblent devoir leur
existence qu'à l'imagination de l'acteur, scénariste et réalisateur
japonais Kankurō Kudō. Le prolifique Takashi Miike signe ainsi un
manga live qui, s'il n'est pas foncièrement relevé en terme de
rythme (beaucoup de passages inutiles auraient pu être coupés et
des séquences trop longues raccourcies), Zebraman
est, au delà du message profondément humain qu'il tente de
véhiculer, un hommage aux super-héros des séries télévisées
japonaises des genres Sentai
et Metal Hero
parmi lesquelles les plus connues dans nos contrées demeurent Bioman
et X-Or.
C'est ainsi que le héros incarné à l'écran par l'acteur Shō
Aikawa se fabrique lui-même son costume et se crée en arrière-plan,
une nouvelle image. Une peau toute neuve de super-héros allant à
l'encontre même de celle qu'il portait jusqu'à maintenant
lourdement sur ses épaules. Car en trouvant le courage de s'attaquer
aux vilains, Shō Aikawa se découvre une qualité qu'il ne faisait
sans doute que couver jusqu'à maintenant : le courage.
Takashi
Miike évoque également plusieurs faits de société. Comme le
harcèlement à l'école, l'adultère, et ce besoin permanent de se
créer des icônes délivrant le peuple des nombreux jougs qui
polluent la société. Devant l'inefficience des autorités, il
fallait bien un super-héros, quels que soient la crédibilité ou le
ridicule de son costume, quels que soient ses pouvoirs ou les ennemis
auxquels il aura à se frotter. Ici, on est loin, et même très loin
des univers chers à Marvel
ou
DC.
Takashii Miike nous convie davantage à un retour aux sources
japonaises, ''fabriquant'' même de fausses séquences nostalgiques
censées représenter le Zebraman
d'origine à travers des documents audio-visuels abîmés par le
temps. Si l'illusion fait mouche dans ces quelques exemples qui
montrent une certaine fascination, sinon un véritable amour du
cinéaste pour ces manga-live, le reste n'est cependant pas toujours
du même niveau. Les effets-spéciaux sont comme à son habitude chez
le cinéaste japonais, d'une crédibilité toute relative et leur
conséquences plus amusantes (le mélange crustacés/humain reste
intéressant) que réellement dramatiques. Volontairement ou pas,
l’œuvre de Takashi Miike évoque quelques classiques de la
science-fiction américaine avec en première ligne, le Ghostbusters
de 1984 (l'ectoplasme de la séquence finale de Zebraman
rappelle sensiblement le bibendum de celle du long-métrage d'Ivan
Reitman) ou Men in Black
de Barry Sonenfeld sorti en 1997. Reste que le film de Takashi Miike
demeure dans sa maladresse et son évident manque de budget, une
approche plutôt touchante même si le film aurait gagné d'être
raccourci de quelques séquences...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire