Six ans après avoir
ouvert les hostilités avec trois de mes films d'horreur préférés,
Maniac de William Lustig, American Nightmares
de Buddy Giovinazzo et Massacre à la Tronçonneuse de
Tobe Hooper, c'est bien grâce à ce dernier qu'a été créé
Cinémart. Et même si dans l'ordre chronologique il n'est
apparu qu'en troisième position, il demeure dans mon cœur et dans
mes tripes, le numéro UN. Tous genres confondus. Car comme
l'écrivait un journaliste (dont j'ai oublié le nom depuis) de
l'excellent magazine Mad Movies, Massacre à la
Tronçonneuse n'est
pas un chef-d’œuvre de l'horreur, mais un chef-d’œuvre du
cinéma tout court. La suite, on l'apprendra assez vite, n'aura
jamais été aussi glorieuse pour Tobe Hooper qui signa une
ribambelle de longs-métrages dont seuls deux ou trois demeurent
dignes de faire partie d'une vidéothèque qui se respecte.
L'amour-haine que je cultive envers
Massacre à la Tronçonneuse II
(toujours réalisé par Tobe Hooper) s'explique de plusieurs
manières.
Il
y a dans cette suite, autant d'hommage au premier que de trahison. Un
culte envers une famille monstrueuse, sans doute, mais également
terriblement charismatique. Et même si elle n'est constituée que
d'individus dégénérés personnifiant la société américaine,
tels que Tobe Hooper put imaginer qu'elle fusse capable d'engendrer,
on leur accordera une attirance-répulsion, deux émotions qu'aucune
autres « famille »
ne parviendra à nous faire ressentir (La
Colline a des Yeux
ou bien Wrong
Turn
et ses succédanés). Presque de l'amour. Pour un Leatherface dont
les visionnages multiples des aventures duquel ont finit par le
rendre presque sympathique. Si l'idée même d'une suite apparaissait
comme une idée terriblement saugrenue (à l'époque, le principe des
séquelles était assez mal perçu), nous n'avions d'autres choix que
d'accepter que Tobe Hooper s'y colle à nouveau. Tant qu'un autre ne
lui piquait pas l'idée, nous étions encore en mesure d'en accepter
le principe.
Contre
toute attente, le cinéaste choisissait alors de prendre un virage à
trois cent soixante degrés et de nous offrir un spectacle
auto-parodiant presque l’œuvre lui ayant précédé. De cet
univers étouffant et attirant les amateurs de films d épouvante
comme un aimant ne subsistait plus grand chose. A part des décors
toujours plus sordides et une famille s'enrichissant d'un Chop Top
(l'acteur Bill Moseley qui n'avait joué jusque là que dans un seul
long-métrage) plutôt charismatique. Tobe Hooper octroie à cette
suite une dose d'humour presque inattendue, éclipsant par là même
tout l'aspect terrifiant de l’œuvre originale. Et c'est d'ailleurs
là que le bat blesse. Le public américain ne s'y étant pas
reconnu, le film ne connaîtra pas le succès escompté. Il gagnera
finalement ses gallons de film culte au fil des années. Au regard
des suites catastrophiques qui sont sorties par la suite, Massacre
à la Tronçonneuse II revêt
finalement l'apparence d'une assez bonne séquelle, toutefois,
incapable de faire de l'ombre au premier du nom.
Maintenant, pourquoi ai-je donc choisi d'attendre aussi longtemps
avant d'écrire un article sur la suite de MON film d'épouvante
préféré ? Parce que jusqu'à maintenant, je n'ai jamais été
fervent de cette séquelle. Et ne l'ayant jamais vue autrement que
dans sa version française, j'attendais d'avoir l'occasion de le
découvrir dans sa langue d'origine. Et cette occasion s'est enfin
présentée. Hier soir, vers minuit...
La
déception n'en a été que plus grande car que le film soit en
version originale ou doublé en français, rien n'y change. Après
une ouverture qui réveille nos souvenirs et nous met en appétit en
nous rappelant le triste sort accordé à Sally, Franklin et leur
trois compagnons, l'histoire de ce second volet démarre accompagné
d'une bande-son qui n'a plus rien à voir avec l'étrange score du
long-métrage original signé Tobe Hooper et Wayne Bell. Une musique
rock, country, diffusée par la station de radio animée par la
nouvelle héroïne Stretch (l'actrice Caroline Williams). La brune a
remplacé la blonde mais ne possède pas les cordes vocales de l'une
des plus grandes scream-girls
du septième art. On retrouve l'acteur Jim Siedow dans le rôle de
Drayton « the Cook » Sawyer et
plusieurs nouveaux venus, tels Bill Johnson qui remplacera au pied
levé un Gunnar Hansen (Leatherface premier du nom) qui refusera de
jouer pour un cachet qu'il jugera insuffisant. Face à cette famille
de dégénérés, Tobe Hooper impose un Dennis Hooper aussi barré
que le personnage qu'il interprétera la même année dans l'un des
chefs-d’œuvre de David Lynch, Blue Velvet.
Le grand Tom Savini
assure des effets-spéciaux relativement sobres lorsque l'on sait que
la même année, il produira des maquillages extraordinaires (et
terriblement gore) pour le troisième volet de la saga zombiesque de
son ami George Romero, Le Jour des Morts-Vivants. Par
sa seule existence, cette suite démontre s'il en était besoin, que
Massacre à la Tronçonneuse
contient
à lui seul toute la matière nécessaire pour fait un excellent film
d'horreur et d'épouvante. Il était donc parfaitement inutile de
réaliser une suite. D'autant plus que l'histoire se révèle peu
passionnante. Il ne subsiste pratiquement aucune scène à retenir, à
part peut-être quelques bouts par-ci, par-là (Dennis Hooper testant
les tronçonneuses qu'il vient d'acquérir). Au final, Massacre
à la Tronçonneuse II
se révèle particulièrement ennuyeux...
Petite anecdote amusante: l'affiche du film reprend très exactement celle du cultissime Breakfast Club de John Hughes (que j'espère chroniquer un jour en ces pages) sorti un an plus tôt...
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