Le passage
est le premier long-métrage du cinéaste et scénariste français
René Manzor, né en 1959, et surtout frère de Francis Lalanne, le
chanteur, et de Jean-Félix... Lalanne également, auteur et
compositeur de la bande musicale du long-métrage qui nous intéresse
ici ainsi que de celles des trois autres films que son frère à
réalisé jusque là. Souvent, et à juste titre, considéré comme
un véritable nanar, Le Passage est effectivement une
œuvre relativement décevante. En partie produite par Alain Delon,
qui pour ne pas changer fait encadrer son nom lors du générique
afin de bien se faire distinguer des autres, et par Daniel Champagnon
et Francis Lalanne, interprète de la chanson du générique de fin
et plus gros succès de son auteur, l’œuvre de René Manzor est
l'une des rares incartades françaises dans le domaine du cinéma
fantastique à l'époque.
Et tout comme la plupart
de ceux qui s'y sont essayé jusque là, le cinéaste français pond
une œuvre qui ne laissera sans doute pas de souvenir impérissable
dans l'esprit collectif des amateurs de fantastique et de
science-fiction. La présence d'Alain Delon au générique (le
personnage principal Jean Diaz, c'est lui) n'étant pas forcément un
gage de qualité, on ne comptera pas non plus sur l'interprétation
de Christine Boisson et Jean-Luc Moreau pour nous convaincre qu'il
s'agit là d'une réussite en la matière.
Le pitch est simple :
Jean Diaz, auteur reconnu, a abandonné toute idée de tourner à
nouveau ce pourquoi il est célèbre. Véritable prodige de
l'animation, il conserve toujours un script auquel il n'a jamais
donné suite. Personne jusqu'à maintenant n'a réussi ou tenté de
le convaincre de reprendre là où il s'était arrêté. Il va
pourtant recevoir un « coup de pouce » inattendu
en la personne de la Faucheuse. La Mort elle-même en effet va
provoquer un accident qui plongera David, le fils de Jean, dans le
coma. La mort plane au dessus du lit d’hôpital et si Jean veut que
son fils vive, il doit accepter de se remettre au travail et de
réaliser un dessin animé avertissant de la fin du monde à venir.
Jean accepte et se retrouve isolé dans un lieu connu de la seule
Mort. Pour la famille et l'entourage du dessinateur, celui est bel et
bien mort durant l'accident qui a plongé David dans le coma. Mais
lorsque ce dernier se réveille enfin, il tente de convaincre sa mère
Catherine que Jean est bien vivant...
Alain Delon en
souffrance. Alain Delon en pleures. Mais comment y croire ? J'ai
bien essayé, mais ne l'ai jamais trouvé convaincant. Le premier
long-métrage de René Manzor souffre d'un manque terrible de
savoir-faire. Tout comme la bande musicale composée par son frère
Jean-félix, prônant le minimalisme tout en tentant d'investir le
cœur des spectateurs. Il est évident que certains n'en ressortiront
pas indemnes, les enfants en premiers. A l'âge où l'on ne regarde
pas encore dans le détail. Dans cette Mort caricaturale au possible.
Dans ces décors atrocement laids. Dans ce récit mal mené. Aussi
mal interprété. Le Passage a terriblement vieilli
alors même qu'il manquait déjà de maturité. De celle à laquelle
auraient pu prétendre les adultes bien sûr, et non pas les enfants
dont certains devaient sans doute être confrontés pour la première
fois à la Mort telle qu'on avait l'habitude de la personnifier.
L’œuvre se veut cruelle, et quelque part l'est-elle sans doute,
mais aucune émotion ne parcourt ce dédale froid et lugubre qui
sépare le père de son fils. Même les retrouvailles, point d'orgue
du récit, tombent à plat.
C'est d'autant plus
dommage que le film est parfois parcouru de magnifiques animations
toutes de noir et blanc dessinées. On en regretterait presque que
René Manzor n'ait pas choisi de faire de son Passage
une œuvre intégralement animée...
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