Si les derniers
longs-métrages réalisés par le cinéaste italien Lucio Fulci
jouissent d'une piètre réputation, ça n'est certes pas sans
raisons. En effet, l'auteur des remarquables westerns Le Temps
du Massacre et Les 4 de l'Apocalypse, celui du
Venin de la Peur,
de Liens d'Amour et de sang
et de La Longue Nuit de l'Exorcisme
mais aussi et surtout de toute une série de films gores cultissimes
dont L'Enfer des Zombies,
Frayeurs,
L'Au-Delà
ou encore La Maison près du Cimetière
n'a pas connu une fin de carrière des plus reluisante. Parmi ses
derniers longs-métrages, on trouve notamment Demonia.
Réalisé en 1990, il s'agit de son antépénultième film cinéma
(si l'on ne tient pas compte du téléfilm Hansel
e Gretel
pour lequel il n'a de toute manière pas été crédité). Mais il
faut bien le reconnaître, celui-ci ne fait pas partie du haut du
panier et ressemble davantage à un sous-produit horrifique très
légèrement plus digne que l’œuvre presque toute entière de
Lamberto Bava qu'au meilleur de ce qu'a pu produire dans les années
soixante-dix et quatre-vingt le cinéaste transalpin. Cependant,
comme on le verra un peu plus loin, Demonia
n'est pas dénué de tout intérêt. Et malgré ses nombreuses tares,
le film est la promesse de quelques séquences particulièrement
gratinées qui renvoient directement au meilleur de l'auteur de
L’Éventreur de New York.
L'intrigue,
tout d'abord. Elle met en scène l'actrice Meg Register qui dans la
peau de Liza Harris et en compagnie du Professeur Paul Evans
(l'acteur américain Brett Halsey) part pour la Sicile à la
rencontre d'archéologues ayant par accident, libéré l'esprit de
cinq nonnes crucifiées cinq cent ans auparavant pour avoir participé
à plusieurs reprises à des orgies dans l'intimité de leur chambre.
Coupables d'avoir tué leur amant respectif et d'avoir donné
naissance à des enfants illégitimes, leur fantôme sème
aujourd'hui la mort, les habitants étant persuadés que l'enquête
que mène Liza à leur sujet est directement liée à la disparition
de plusieurs hommes retrouvés horriblement mutilés. S'il est
généralement difficile de contraindre le spectateur qui au delà de
L’Éventreur de New York éprouve
des difficultés à supporter ce qu'a produit postérieurement Lucio
Fulci, il serait dommage de s'acharner à ne vouloir rien entendre au
sujet de Demonia.
Car plus que la comparaison entre le travail assez
navrant d'un Lamberto Bava jamais vraiment digne des travaux de son
paternel et celui de Lucio Fulci, Demonia
n'est pas aussi raté qu'il en a l'air. Il faudra cependant s'armer
d'une défense immunitaire à toutes épreuves. En effet, le film
pique souvent les yeux et il n'est pas rare que l'on éprouve
quelques difficultés à supporter la post-synchronisation effectuée
en anglais. De quoi rendre malade, donner la nausée et des maux de
tête terribles.
Mais
j'exagère. Demonia
est tout à fait ''comestible'' si l'on accepte son aspect
visuellement désuet, proche de l'esthétique d'un téléfilm bon
marché. La direction artistique de Massimo Bolongaro est
effectivement inexistante. À croire que le bonhomme, également
créateur des costumes et déjà responsable de la direction
artistique de Rivelazioni di un Maniaco Sessuale
al capo della Squadra Mobile
de Roberto Bianchi Montero en 1972 fut dans le cas présent, aux
abonnés absents. Tourné à Rome, Demonia
bénéficie cependant de quelques décors fort sympathiques. Telles
les rues étroites de certains quartiers de la ville où les quelques
ruines où sont situées certaines séquences dont un amphithéâtre
en plein air et surtout un impressionnant couvent à flanc de
falaise. Autre qualité non négligeable : les effets-spéciaux
gore du maquilleur Franco Giannini. Si Lucio Fulci fait à plusieurs
reprises référence à certains de ses classiques (la crucifixion,
la séance de spiritisme, l'attaque des chats), quelques scènes bien
sanglantes viennent agrémenter un récit anémique et léthargique.
Énucléation, tête coupée plantée dans le bec d'une ancre marine
et pire encore, bébé brûlé vif et corps écartelé jusqu'au
point de rupture. Demonia
s'avère en matière de gore particulièrement gratiné. Notons la
présence aux côtés de Brett Halsey, Meg Register, Lino Salemme,
Christina Engelhardt ou de Pascal Druant de celle du cinéaste
lui-même qui plus qu'un simple caméo interprète le rôle de
l'inspecteur Carter. Bilan de
Demonia :
réalisation mollassonne, visuel horrible, score ringard,
interprétation juste mais pas exceptionnelle, post-synchronisation
atroce, mais... effets gore en général plutôt convaincants. Une
œuvre en demi-teinte...
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