Frankenstein must
be Destroyed...
C'est le titre du cinquième long-métrage qu'a consacré la société
de production britannique Hammer
Films Productions
au mythe de Frankenstein. Un film traduit en France sous le titre,
Le retour de Frankenstein.
Une traduction pas vraiment fidèle du titre original qui signifie
quant à lui : ''Frankenstein
doit mourir''.
Quelque peu violent, non ? Et peut-être sans doute beaucoup
moins vendeur que la promesse de retrouver la célèbre créature
décharnée qui fut absente du précédent long-métrage réalisé en
1967 par Terence Fisher même si une fois de plus il est nécessaire
de préciser que le nom de Frankenstein se rapporte non pas au
monstre mais bien à son créateur. On ne change pas un concept qui
fonctionne à plein régime et une fois encore, le docteur Victor
Frankenstein est à nouveau contraint de fuir et se réfugie cette
fois-ci dans une pension familiale tenue par Anna Splengler
(l'actrice Veronica Carlson), laquelle est fiancée à Karl (Simon
Ward) qui pour subvenir aux besoins médicaux de sa belle-mère vient
de dérober des stupéfiants. Malheureusement pour lui et sa petite
amie, le docteur Frankenstein s'est aperçu du larcin et décide de
faire chanter le jeune homme afin qu'il accepte de l'aider à faire
sortir le docteur Frederick Brandt de l’hôpital psychiatrique dans
lequel il est retenu prisonnier. En effet, ce dernier étant devenu
fou, il s'est retrouvé interné sans aucun espoir de guérir. Mais
c'était sans compter sur Victor Frankenstein qui, ne sachant plus où
donner de la tête (à moins que le problème ne vienne plus
simplement des scénaristes Bert Batt et Anthony Nelson Key), et
après être passé par différentes étapes entre reconstitutions de
puzzles humains et transferts d'âmes d'un corps à un autre a cette
fois-ci décidé de transplanter le cerveau de son ami et assistant
dans le corps d'un autre homme...
Pris
au piège par un Victor Frankenstein qui n'aura jamais paru aussi
méprisable (et méprisant) que dans ce retour
de Frankenstein,
Karl va commettre l'irréparable en poignardant un garde de l’hôpital
psychiatrique et collaborer avec le scientifique sur ses expériences
de transplantation. Terence Fisher durcit le ton et la
caractérisation. Si malgré ses agissements, le docteur Frankenstein
était tout de même apparu jusqu'ici comme relativement
''sympathique''
(quoique particulièrement orgueilleux), dans ce cinquième
long-métrage qu'incarne encore et toujours Peter Cushing, son
personnage se montre particulièrement odieux. Des premiers signes de
radicalisation transpirent à travers les menaces faites à
l'encontre de ses hôtes mais deviennent pires encore lorsque
celui-ci se met à commettre l'irréparable au moment de violer la
pauvre et innocente Anna. Victor Frankenstein aurait-il une vie
sexuelle ? Aurait-il dans son existence d'autres préoccupations
que ses expériences ? Mais ne nous emballons pas. La séquence
demeure ''anecdotique'' et ne se répétera plus. Non, l'essentiel
est toujours bien présent et les actes de chirurgie (boucherie?)
toujours au rendez-vous. On a droit à quelques têtes coupées et à
une intervention qui s’achèvera par une trépanation peu sanglante
mais néanmoins inconfortable (l'on devenir la longue tige de métal
s'enfonçant dans le cerveau de ce pauvre Frederick Brandt. Un
personnage interprété par l'acteur George Pravda qui jusque là
n'était intervenu dans aucun des autres récits inspirés par
l’œuvre de la romancière Mary Shelley...
La
séquence d'ouverture s'avère quant à elle très étonnante et
semble s'inspirer d'un autre mythe du cinéma d'épouvante ayant
pourtant réellement existé : Jack l'éventreur. Ruelles
insalubres, obscurité menaçantes, on se croirait à Withechappel à
la fin du dix-neuvième siècle. Une entrée en matière qui
s'explique peut-être par la sortie quelques années en arrière de
Sherlock Holmes contre Jack l'Éventreur,
l'une des itérations du fait-divers s'hybridant avec le personnage
créé par l'écrivain britannique Arthur Conan Doyle un an environ
avant que ne soient perpétrés cinq meurtres atroces sur de pauvres
prostituée de l'un des plus infâmes districts de Londres. Les
créatures de Frankenstein semblent désormais avoir abandonné toute
idée de laideur (ici, l'acteur qui incarne la créature porte une
cicatrice tout autour du crâne et rien d'autre), ce qui n'empêche
pas le film de revenir quelque peu à l'esprit d'origine même si
ici, les éclairs et les machines ''infernales'' semblent surtout
avoir laissé la place aux instruments chirurgicaux. Le
retour de Frankenstein
est une bonne surprise, tournant autour d'un trio principal, entre
drame, horreur, épouvante et fantastique. À noter que le prochain
volet intitulé The Horror of Frankenstein
ne sera pas réalisé par Terence Fisher mais par Jimmy Sangler. Le
public n'aura d'ailleurs pas à patienter bien longtemps puisqu'il
sortira un an seulement après Le retour de
Frankenstein...
Une autre différence d'ampleur par rapport aux autres volets de la
franchise est à d'ailleurs à noter. Patience, patience, vous saurez
laquelle dans le prochain article du cycle consacré aux Frankenstein
de la Hammer...
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