Peter Cushing ayant été
l'une des grandes stars de la Hammer
Film Production, on
peut se demander pourquoi il ne fut pas contacté par les producteurs
afin de participer à ce qui aurait alors été sa sixième
incarnation du Docteur Victor Frankenstein sur grand écran avec The
Horror of Frankenstein.
Pourtant, la raison est simple : faire de son remplaçant
temporaire Ralph Bates, l'une des nouvelles stars de la Hammer.
N'ayant tourné jusque là que dans des séries télévisées, en
1970, le jeune acteur débute à la Hammer
avec Une messe pour Dracula
de Peter Sasdy et poursuivra sa courte carrière pour la célèbre
firme la même année avec le film dont il est question dans cet
article mais aussi plus tard avec Lust for a
Vampire et
Fear in the Night
de Jimmy Sangster en 1971 et 1972, Dr. Jekyll &
Sister Hyde de
Roy Ward Baker en 1971 et Evil Baby
de Peter Sasdy en 1975. Et puis, c'est tout. À côté de ces
quelques incarnations, on verra Ralph Bates dans un certain nombre de
séries télévisées comme les cultissimes Thriller
(Angoisse)
ou Tales of the Unexpected
(Bizarre, bizarre).
Mais franchement, hein ! Qui se souvient de lui ? Ou même
simplement de son nom ? Son passage dans la mythologie de
Frankenstein
aura donc été de courte durée puisque pour le septième et ultime
volet de la franchise britannique, nous aurons le plaisir de
retrouver Peter Cushing. Mais d'ici là, évoquons plutôt ces
Horreurs de Frankenstein
qui ont également abandonné derrière elles le réalisateur Terence
Fisher (qui cette fois-ci, n'a fort heureusement pas été victime
d'un accident de voiture). On doit The Horror of
Frankenstein
au réalisateur Jimmy Sangster qui fera de Ralph Bates l'un des
acteurs favoris de sa courte carrière de cinéaste puisque le
bonhomme ne réalisera en tout et pour tout que quatre longs-métrages
dont trois seront interprétés par celui dont la Hammer
voulait faire, je le répète, l'une des nouvelles stars de la
société...
C'est
avec un certain intérêt mâtiné de circonspection que l'on se
plongera dans ces nouvelles aventures du docteur Victor Frankenstein
malheureusement libérée de ses deux légendes de la Hammer.
Dur donc pour Jimmy Sangster et Ralph Bates de prendre la suite et
de tenter de faire au moins aussi bien que Terence Fisher et Peter
Cushing à défaut de pouvoir les faire oublier. Ce qui paraît en
revanche très intéressant lorsque l'on examine le pedigree de Jimmy
Sangster est de constater que le bonhomme a produit un nombre
important de scripts parmi lesquels plusieurs des Frankenstein
abordés dans les récents articles. Le scénariste et réalisateur
n'est donc pas un inconnu et ayant écrit lui-même le scénario de
The Horror of Frankenstein,
c'est avec un certain optimisme que l'on se lancera dans sa
projection... Le film débute sous le sceau du jeunisme et ne cessera
de l'être d'ailleurs jusqu'à la fin. Vingt-sept années séparent
Ralph Bates de Peter Cushing. Il était donc délicat de poursuivre
les aventures du baron Frankenstein sans que l'illogisme ne vienne
mettre son grain de sel dans le développement du personnage. C'est
sans doute pourquoi, et peut-être même par la seule volonté des
producteurs, que Jimmy Sangster fait le ménage et décide de tout
reprendre à zéro. En effet, il y expose un Victor Frankenstein
jeune, étudiant les sciences à l'université. Arrogant, narcissique
et psychopathe (il ira jusqu'à provoquer la mort de son propre père
qui contrecarrait ses projets scientifiques), on le découvre motivé
très jeune par la recherche sur la vie et la mort. Au décès de son
père, il quitte l'université et s'installe dans le luxueux manoir
familial dans la cave duquel il va installer son laboratoire...
Mais
Ralph Bates n'est pas seul au générique et se présentent notamment
à ses côtés l'actrice Kate O'Mara dans le rôle de la domestique
et maîtresse du jeune homme, Alys, Veronica Carlson dans celui
d'Elzabeth Heiss, une ancienne camarade de classe de Frankenstein
secrètement amoureuse de lui. quant à Stephen Turner il incarne
Stephan, un ancien étudiant devenu cuisinier pour le compte du jeune
baron. La liste se rallonge et l'on notera également la présence de
Dennis Price dans le rôle du fossoyeur qui fournira à Victor
Frankenstein la matière première à ses horribles expériences.
Malgré l'absence des deux icônes du fantastiques que sont Peter
Cushing et Terence Fisher, The Horror of
Frankenstein
s'avère être une excellente alternative. Alors que le cycle
commençait à tourner en rond, reprendre les choses dès le début
s'avère finalement payant et s'il ne parvient pas tout à fait à
faire oublier la brillante incarnation du célèbre acteur
britannique, Ralph Bates s'en sort parfaitement et interprète un
baron immoral délicieusement détestable. La créature est plutôt
réussies bien qu'un peu de fond de teint aurait sans doute permis de
cacher la différence de coloration entre le latex appliqué sur le
front et la peau du visage de l'acteur David Prowse (le futur de Dark
Vador dans la trilogie originale Star Wars !)
qui l'incarne. Un Frankenstein qui fait peau neuve, de jolies
interprètes féminines dotées d'atouts physiques indéniables, des
effets-spéciaux rares mais plutôt bien fichus pour l'époque et le
charme typique des productions Hammer
Film semblent
n'avoir cependant pas convaincu le public qui ne s'est
malheureusement pas déplacé en masse dans les salles à l'époque
de sa sortie. Des qualités qui entrent sans doute moins en jeu
qu'une certaine lassitude, à moins que l'absence de Cushing et
Fisher ai rendus frileux les amateurs de fantastique, d'horreur et
d'épouvante. Il faudra atteindre quatre ans avant que l'un et
l'autre ne reprennent leur poste respectifs pour tourner ensemble ce
qui allait demeurer le tout dernier long-métrage de la Hammer
consacré au mythe de Frankenstein : Frankenstein
and the Monster from Hell...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire