Vue la tronche qu'arbore
la créature sur l'affiche du septième et dernier long-métrage
consacré au mythe de Frankenstein par la Hammer Film Productions,
on se dit qu'il était temps de mettre un terme aux exactions du
docteur Victor Frankenstein. Après un sixième volet faisant fi de
tout ce qui avait été entrepris jusque là (pas de Terence Fisher à
la réalisation, pas de Peter Cushing dans le rôle principal et un
récit qui s'intéressait aux premiers travaux scientifique du fameux
baron alors âgé d'une trentaine d'années seulement), le cycle se
clôt par un retour aux fondamentaux avec le retour des deux icônes
de la franchise. Frankenstein and the Monster from Hell
met en scène le docteur Victor Frankenstein travaillant désormais
dans un asile de fous en tant que chirurgien. Si l'on fait l'impasse
sur Les Horreurs de Frankenstein
de Jimmy Sangster qui en 1970 ignorait totalement le suivi
chronologique qui jusque là était plus ou moins respecté, il faut
se souvenir que le baron mourait à la toute fin du long-métrage,
emporté par sa créature qui le plongeait dans les flammes de sa
luxueuse demeure. Sauf qu'ici l'on apprend que Victor Frankenstein
s'en est finalement tiré. Ce qui paraît logique même si l'entrée
en matière de Frankenstein and the Monster from
Hell
laisse supposer durant un temps que son personnage ait pu être
remplacé par un chirurgien qui comme lui travaille sur la
résurrection des cadavres. On sent bien l'esprit de Horror
of Frankenstein
imprimer cette toute première partie du septième long-métrage mais
bientôt sonnera le retour de notre chirurgien préféré. En effet,
tout comme le docteur Frankenstein avait subit un procès
retentissant dans The Curse of Frankenstein
de Terence Fisher en 1957, son émule, le docteur Simon Helder
(l'acteur britannique Shane Briant) a lui aussi été arrêté, jugé
et condamné à faire un long séjour dans un institut
psychiatrique !
C'est
là qu'il rencontrera le docteur Victor Frankenstein qui le sortira
d'une inconfortable situation. Car dans ce septième long-métrage,
ça n'est d'emblée pas tant ce dernier qu'il faut craindre mais
plutôt les employés sadiques et pervers de cet hôpital
psychiatrique dirigé par le directeur Adolf Klauss (John Stratton).
Un individu corrompu que Victor Frankenstein tient sous sa coupe.
Tiens, tiens, ça ne vous rappelle rien ? Même pas
l'antépénultième volet intitulé Frankenstein
must be Destroyed
et dans lequel la propriétaire d'une pension familiale et son
compagnon étaient eux-même menacés d'être dénoncés par leur
nouveau locataire s'ils refusaient de faire absolument tout ce qu'il
leur demandait ? Sauf que dans le cas de Frankenstein
and the Monster from Hell,
le contraste est saisissant. Si en 1969 le docteur s'en prenait à de
jeune et sympathique couple, dans le dernier volet le fait que ses
''victimes'' soient toutes d’infâmes individus ne lui prêtent pas
trop l'image d'un être épouvantable. En tout cas, bien moins que
cinq ans en arrière. C'est une habitude, mais la gente féminine est
également (sous-)représentée par un beau brin de fille qui n'est
autre que l'actrice anglaise Madeline Smith. Mais ce qui ne change
pas davantage, c'est le peu d'intérêt que lui prête le récit. La
femme et comme d'habitude traitée au second plan. Ici comme
ailleurs, sa présence est quasi anecdotique. Terence Fisher crée un
climat anxiogène avec cet hôpital qui ressemble parfois davantage à
une prison moyenâgeuse et à ses malades plus ou moins timbrés. Une
véritable cours des miracles. Les décors sont parfois superbes. On
pense notamment aux cellules ou au laboratoire de Frankenstein...
Ce
qui par contre laisse à désirer, c'est la créature de ce nouveau
chapitre. On pourrait au départ modestement supposer que le problème
vient de celui ou celle qui dessina l'affiche du film. Mais
malheureusement, on se rendra assez rapidement compte que la créature
est même pire que celle qui s'affichait à l'entrée des cinémas.
Pourquoi donc a-t-il fallut que son (ou ses) concepteur(s) prenne(nt)
une telle direction artistique ? D'autant plus que deux critères
auraient dû convaincre ce (ou ces) dernier(s) de rester dans une
même veine que dans le précédent volet Horror
of Frankenstein.
Non seulement elle demeurait la plus crédible d'entre toutes (même
si chacun trouvera dans telle ou telle incarnation ou volet de la
franchise, sa créature préférée), mais l'acteur qui se cachait
sous le costume de la créature était le même que celui qui
l'incarne
dans ce Frankenstein and the Monster from Hell.
Soit, l'acteur David Prowse. On a droit à quelques séquences gore
dans l'esprit de la franchise majoritairement constituées de membres
découpés ou d'yeux prélevés sur des cadavres. Non sans une
certaine irone, le docteur Frankenstein ira jusqu'à se demander si
la couleur des yeux sélectionnés conviendra à sa créature !
Laquelle, oui, oui, entretient bien davantage de rapports physiques
avec un primate qu'avec l'homme qu'elle prétend être. Au concours
de la créature la plus ridicule, on se demande alors laquelle de
celle-ci ou de celle de The Evil of Frankenstein
de
Freddie Francis est la plus ridicule ! Ceux qui connaissent bien
la série de longs-métrages et l'acteur remarqueront que Peter
Cushing est dans celui-ci affublé d'une bien curieuse perruque aux
cheveux bouclés lui donnant une drôle d'allure. Un détail physique
que regrettera d'ailleurs plus tard l'interprète du célèbre
docteur. Une seconde faute de goût qui heureusement ne nuit pas au
récit lui-même agrémenté de quelques séquences gore plutôt
réjouissantes comme celle ou le crâne d'un patient est ouvert en
deux, faisant ainsi apparaître le cerveau de la victime, ou le final
granbd-guignolesque... Shane Briant apparaît étonnamment féminin,
androgyne, dès lors que son personnage porte sur le nez sa paire de
lunettes. Frankenstein and the Monster from Hell
marque une date importante pour le cinéma fantastique et dans la
carrière de son auteur puisqu'il s'agira là du dernier film réalisé
par Terence Fisher et donc de sa dernière collaboration avec
l'acteur Peter Cushing. Aussi bizarre et curieuse que soit la
perruque que porte ce dernier, elle lui offre ce côté humain qui
lui faisait généralement défaut jusqu'ici. La franchise se clôt
avec une œuvre plutôt réussie mais qui n'innove pas suffisamment
pour se détacher des précédentes. Et puis, cette créature, mon
Dieu, ça n'est vraiment pas possible. On rit davantage que l'on ne
s'effraie devant son apparence. Moins cacophonique qu'à l'habitude,
la bande musicale est signée de James Bernard. Un habitué des
productions Hammer
et du mythe de Frankenstein...
C'est ainsi donc que se termine ce cycle consacré à Frankenstein en
espérant qu'il vous aura donné le goût de redécouvrir tout ou
partie de la franchise Hammer...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire