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dimanche 15 mai 2022

Les guerriers du Bronx 2 (Fuga dal Bronx) d'Enzo G. Castellari (1983) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

''Veuillez quitter le Bronx. Je répète, veuillez quitter le Bronx. Le secteur a été déclaré zone insalubre. Le quartier est promis à la démolition. Évacuez immédiatement. Évacuez les lieux. Il ne vous sera fait aucun mal. Le Gouvernement s'engage à vous reloger. Dans des conditions d'habitat et de salubrité décents. Veuillez quitter le Bronx...''

 

Il valait mieux ne pas avoir pris des somnifères et être en pleine forme lorsqu'au petit matin, des hommes en combinaison grises armés de lances-flammes s'apprêtèrent à éliminer les réfractaires qui refuseraient de quitter les lieux. AU LANCE-FLAMMES !!! Ouais, vous ne rêvez pas. D'emblée, le réalisateur italien Enzo G. Castellari fait la preuve que Les guerriers du Bronx 2 (Fuga dal Bronx) n'est pas là pour faire dans la dentelle. Ce qui en soit n'est pas, mais alors pas du tout, un problème. Bien au contraire. Comme dans tout bon nanar italien souvent inspiré de certains classiques de l'anticipation américaine (Mad Max de George Miller, New York 1997 de John Carpenter, Soleil vert de Richard Fleischer), la suite du cultissime Les guerriers du Bronx (dont le lointain lien de parenté avec l'excellent Les guerriers de la nuit de Walter Hill n'est pas dû au hasard) fait d'entrée de jeu l'étalage des conditions financières qui furent les siennes. Ces charmants petits détails qui font toute la différence et sont la promesse d'un moment de détente avoisinant les quatre-vingt dix minutes. Sont-y pas beaux nos représentants de la loi, armés de combinaisons gris métallisé surmontées de casques de moto (!?!) ? L'acteur Mark Gregory (qui contrairement à ce que son nom laisse penser n'est pas d'origine anglo-saxonne mais italienne) est de retour. Toujours affublé de sa longue coiffure ''stallonnienne'' (dans le plus pur style de Rambo) et se faisant une fois de plus appeler Trash, le bonhomme aux muscles (pas tout à fait aussi) saillants (que ceux de Sylvester Stallone ou d'Arnold Schwarzenegger) va devoir combattre un criminel engagé par une multinationale ayant le projet de détruire le quartier du Bronx afin de reconstruire sur ses ruines des logements ultramodernes...


''Vous savez comment on qualifie vos méthodes ? On appelle ça un génocide !''

(Le président Henry Clark)


Un type violent et sans morale qu'interprète l'acteur américain Henri Silva (dans le rôle de Floyd Wrangler). Le Bronx est non seulement le foyer d'honnêtes gens et de squatters, mais également d'un gang local qui, comme l'on s'en doute assez rapidement, ne veut pas dégager les lieux ! Les guerriers du Bronx 2, c'est tout un univers. Des criminels à l'accent portugais, du cuir, des bracelets de force cloutés, des bandeaux autour de la tête mais aussi et surtout, une faune que l'on croirait directement empruntée au célèbre directeur de cabaret français, Michou. Et dont certains représentants n'ont toujours pas compris qu'un fusil s'avère beaucoup plus efficace lorsqu'il est utilisé de manière classique que comme d'une arme contondante ! Apparement doublé par l'acteur français Alain Dorval (celui-là même qui durant des années fut la voix officielle française de Sylvester Stallone), Mark Gregory (de son vrai nom Marco De Gregorio) s'avère d'apparence relativement gaguesque. Un sous-Rambo pas vraiment charismatique que l'on aurait plutôt imaginé comme membre du groupe suédois de métal-FM Europe (The Final Countdawn, ça ne vous dit rien?). Tourné en partie dans certains quartiers de de New York complètement détruis mais également dans les célèbres studios de cinéma Cinecittà situés à Rome, un détail qui ne paraît pas forcément évident à l'image contraria le réalisateur. En effet, entre les deux volets de la franchise, Mark Gregory ayant perdu pas mal de masse musculaire, Enzo G. Castellari lui imposa le port du blouson durant une très grande partie du long-métrage...


Pour le cinéphile et exclusivement pour celui-ci, Les guerriers du Bronx 2 apparaîtra souvent logiquement comme une belle petite merde. Mais pour l'amateur de nanars ou le cinéphage totalement décomplexé, il s'agira plutôt d'une sympathique perle du genre à avoir absolument dans sa vidéothèque (le top du top n'étant pas d'acquérir le film en DVD ou Blu-Ray mais plutôt au format d'une bonne vieille VHS). La bande musicale de Francesco De Masi (en lieu et place de celle de Walter Rizzati dans le premier volet) et le son de saxophone qui l'accompagne fait parfois ressembler l'ambiance sonore à celle d'un porno des années soixante-dix. Outre la présence à l'image de Mark Gregory, Les guerriers du Bronx 2 est aussi l'occasion de retrouver quelques trognes du cinéma bis italien parmi lesquelles les amateurs de fantastique et d'horreur reconnaîtront celle de l'acteur Paolo Malco vu les années précédentes dans deux classiques du gore réalisés par Lucio Fulci, La maison près du cimetière en 1981 ainsi que L'éventreur de New York l'année suivante. Ennio Girolami réapparaîtra deux ans plus tard dans le toujours aussi nanardesque Light Blast de Enzo G. Castellari aux côtés de l'acteur américain Erik Estrada. Apparaissent également à l'écran Giancarlo Prete ou le souvent ''très très méchant'' Henry Silva (mais ça, vous le savez déjà) ! Si le budget des guerriers du Bronx premier du nom était à hauteur de cinq-cent mille dollars, on peut supposer que pour cette suite le réalisateur n'a pas bénéficié de beaucoup plus de billets verts. On comprends qu'Enzo G. Castellari ait recruté son interprète principal vu la caractérisation généralement plate de Mark Gregory. Ses mimiques de souffrances sont aussi convaincantes qu'imaginer Sim dans le rôle Leatherface et Annie Cordy dans celui de sa victime Sally Hardesty !!! Bref, si même Les guerriers du Bronx 2 est souvent à pisser de rire, écrit par un scénariste amputé des deux mains, interprété avec le talent de bouchers/charcutiers se lançant dans la pâtisserie, dialogué par des bikers (ou des chauffeurs poids-lourds, c'est selon) le film n'en est pas moins généreux en terme d'action. Des gunfights filmés au ralenti, des corps qui s'embrasent sous l'action des lances-flammes, d'autres qui explosent, et des victimes sans distinction d'âge ou de profession, dans des décombres néo-gothiques. Le réalisateur a l'honnêteté de ne pas faire de différence entre photographes, journalistes, criminels, marginaux et pauvres erres... Culte !

 

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