''Veuillez quitter le Bronx. Je répète, veuillez quitter le Bronx. Le secteur a été déclaré zone insalubre. Le quartier est promis à la démolition. Évacuez immédiatement. Évacuez les lieux. Il ne vous sera fait aucun mal. Le Gouvernement s'engage à vous reloger. Dans des conditions d'habitat et de salubrité décents. Veuillez quitter le Bronx...''
Il valait mieux ne pas
avoir pris des somnifères et être en pleine forme lorsqu'au petit
matin, des hommes en combinaison grises armés de lances-flammes
s'apprêtèrent à éliminer les réfractaires qui refuseraient de
quitter les lieux. AU LANCE-FLAMMES !!! Ouais, vous ne rêvez
pas. D'emblée, le réalisateur italien Enzo G. Castellari fait la
preuve que Les guerriers du Bronx 2
(Fuga dal Bronx)
n'est pas là pour faire dans la dentelle. Ce qui en soit n'est pas,
mais alors pas du tout, un problème. Bien au contraire. Comme dans
tout bon nanar italien souvent inspiré de certains classiques de
l'anticipation américaine (Mad Max
de George Miller, New York 1997
de John Carpenter, Soleil vert
de Richard Fleischer), la suite du cultissime Les
guerriers du Bronx
(dont le lointain lien de parenté avec l'excellent Les
guerriers de la nuit
de Walter Hill n'est pas dû au hasard) fait d'entrée de jeu
l'étalage des conditions financières qui furent les siennes. Ces
charmants petits détails qui font toute la différence et sont la
promesse d'un moment de détente avoisinant les quatre-vingt dix
minutes. Sont-y pas beaux nos représentants de la loi, armés de
combinaisons gris métallisé surmontées de casques de moto (!?!) ?
L'acteur Mark Gregory (qui contrairement à ce que son nom laisse
penser n'est pas d'origine anglo-saxonne mais italienne) est de
retour. Toujours affublé de sa longue coiffure ''stallonnienne''
(dans le plus pur style de Rambo)
et se faisant une fois de plus appeler Trash, le bonhomme aux muscles
(pas tout à fait aussi) saillants (que ceux de Sylvester Stallone ou
d'Arnold Schwarzenegger) va devoir combattre un criminel engagé par
une multinationale ayant le projet de détruire le quartier du Bronx
afin de reconstruire sur ses ruines des logements ultramodernes...
''Vous savez comment on qualifie vos méthodes ? On appelle ça un génocide !''
(Le président Henry Clark)
Un
type violent et sans morale qu'interprète l'acteur américain Henri
Silva (dans le rôle de Floyd Wrangler). Le Bronx est non seulement
le foyer d'honnêtes gens et de squatters, mais également d'un gang local qui, comme l'on s'en doute assez rapidement, ne veut
pas dégager les lieux ! Les guerriers du
Bronx 2,
c'est tout un univers. Des criminels à l'accent portugais, du cuir,
des bracelets de force cloutés, des bandeaux autour de la tête mais
aussi et surtout, une faune que l'on croirait directement empruntée
au célèbre directeur de cabaret français, Michou. Et dont certains
représentants n'ont toujours pas compris qu'un fusil s'avère
beaucoup plus efficace lorsqu'il est utilisé de manière classique
que comme d'une arme contondante ! Apparement doublé par
l'acteur français Alain Dorval (celui-là même qui durant des
années fut la voix officielle française de Sylvester Stallone),
Mark Gregory (de son vrai nom Marco De Gregorio) s'avère d'apparence
relativement gaguesque. Un sous-Rambo pas vraiment charismatique que
l'on aurait plutôt imaginé comme membre du groupe suédois de
métal-FM Europe (The
Final Countdawn,
ça ne vous dit rien?). Tourné en partie dans certains quartiers de
de New York complètement détruis mais également dans les célèbres
studios de cinéma Cinecittà
situés à Rome, un détail qui ne paraît pas forcément évident à
l'image contraria le réalisateur. En effet, entre les deux volets de
la franchise, Mark Gregory ayant perdu pas mal de masse musculaire,
Enzo G. Castellari lui imposa le port du blouson durant une très
grande partie du long-métrage...
Pour
le cinéphile et exclusivement pour celui-ci, Les
guerriers du Bronx 2
apparaîtra souvent logiquement comme une belle petite merde. Mais
pour l'amateur de nanars ou le cinéphage totalement décomplexé, il
s'agira plutôt d'une sympathique perle du genre à avoir absolument
dans sa vidéothèque (le top du top n'étant pas d'acquérir le film
en DVD ou Blu-Ray mais plutôt au format d'une bonne vieille VHS). La
bande musicale de Francesco De Masi (en lieu et place de celle de
Walter Rizzati dans le premier volet) et le son de saxophone qui
l'accompagne fait parfois ressembler l'ambiance sonore à celle d'un
porno des années soixante-dix. Outre la présence à l'image de Mark
Gregory, Les guerriers du Bronx 2 est
aussi l'occasion de retrouver quelques trognes du cinéma bis italien
parmi lesquelles les amateurs de fantastique et d'horreur
reconnaîtront celle de l'acteur Paolo Malco vu les années
précédentes dans deux classiques du gore réalisés par Lucio
Fulci, La maison près du cimetière
en 1981 ainsi que L'éventreur de New York
l'année suivante. Ennio Girolami réapparaîtra deux ans plus tard
dans le toujours aussi nanardesque Light Blast
de Enzo G. Castellari aux côtés de l'acteur américain Erik
Estrada. Apparaissent également à l'écran Giancarlo Prete ou le
souvent ''très
très méchant''
Henry Silva (mais ça, vous le savez déjà) ! Si le budget des
guerriers du Bronx premier
du nom était à hauteur de cinq-cent mille dollars, on peut supposer
que pour cette suite le réalisateur n'a pas bénéficié de beaucoup
plus de billets verts. On comprends qu'Enzo G. Castellari ait recruté
son interprète principal vu la caractérisation généralement plate
de Mark Gregory. Ses mimiques de souffrances sont aussi
convaincantes qu'imaginer Sim dans le rôle Leatherface et Annie
Cordy dans celui de sa victime Sally Hardesty !!! Bref, si même
Les guerriers du Bronx 2 est
souvent à pisser de rire, écrit par un scénariste amputé des deux
mains, interprété avec le talent de bouchers/charcutiers se lançant
dans la pâtisserie, dialogué par des bikers (ou des chauffeurs
poids-lourds, c'est selon) le film n'en est pas moins généreux en
terme d'action. Des gunfights filmés au ralenti, des corps qui
s'embrasent sous l'action des lances-flammes, d'autres qui explosent,
et des victimes sans distinction d'âge ou de profession, dans des
décombres néo-gothiques. Le réalisateur a l'honnêteté de ne pas
faire de différence entre photographes, journalistes, criminels,
marginaux et pauvres erres... Culte !
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