Ça commence par deux
gangs rivaux qui s'affrontent sur le terrain des seconds. D'un côté,
des chinois, de l'autre des arabes. Les premiers viennent venger la
mort de l'un d'eux tandis que leurs opposants affirment n'y être
pour rien. Ce qui ne change rien puisque le combat est lancé. Deux
techniques s'affrontent : d'un côté, les chinois volent dans
les airs, de l'autre, les arabes tapent dans les couilles. Pas très
courageux, ni viril, mais efficace. L'Arbalète dont
le titre sonne bien comme un thriller des années quatre-vingt commence
donc ainsi. Et l'on est surpris de voir le peu de soin apporté aux
bruitages. Les coups de bâtons sonnent comme des coups portés à
l'aide de tuyaux en tungstène et les lames sifflent de manière,
elles aussi, totalement irréaliste. Mais passons. Les flics
débarquent en nombre, parmi lesquels l'inspecteur Vincent qu'incarne
Daniel Auteuil. Le film du réalisateur franco-italien Sergio Gobi
démarre comme un bon vieux nanar rital post-apocalyptique, dans un
terrain vague entouré d'immeubles effondrés et d'enseignes
abandonnées. Quant aux voyous qui s'opposent lors de la bagarre, on
les devine succinctement attendre les ordres du réalisateur pour
agir à chaque changement de plan. Pour cette médiocre mise en
bouche, on ne remerciera donc pas le bruiteur, ni même le monteur
Robert Rongier qui bâcle leur travail.
L'Arbalète oppose
deux flics aux origines sociales et aux méthodes radicalement
différentes. D'un côté, Vincent, un ancien voyou qui fréquentait
le même genre d'énergumènes qu'il vient de mettre aux arrêts
avant d'être embauché dans la brigades des mœurs. De l'autre,
Falco (l'acteur Marcel Bozzuffi), raciste et pourri jusqu'à la
moelle. C'est parce qu'il a un passé de voyou que le commissaire
divisionnaire Rigault (Michel Beaune) demande à Vincent d’infiltrer
le ''gang des viets'' en se faisant passer lui-même pour un voyou
car plusieurs pharmacies ont été récemment braquées. C'est ainsi
qu'il va se rapprocher de ''L'arbalète'',
une prostituée qui était très proche de Vic le chef du ''gang des
viets'' supposé avoir été assassiné par les arabes...
Bar
gay, prostitution, drogue, flics ripoux, racisme, ''justiciers''
néo-nazis (on ne s'étonnera pas de retrouver à leur tête l'acteur
Didier Sauvegrain), guerre des gangs... L'Arbalète
est
ambitieux mais Sergio Gobi n'étant pas William Friedkin (Cruising),
son film n'a pas l'ampleur morbide que suggère pourtant le synopsis
et le cadre dans lequel sont plongés les personnages. La belle
Marisa Berenson a beau se faire des fixe d'héroïne, Daniel Auteuil
mettre sa vie en danger dans un ''coupe-gorge'' ou en traîant avec des individus peu recommandables et Marcel Bozzuffi
chercher n'importe quel prétexte pour se débarrasser gratuitement
d'un ''étranger'', on a du mal à y croire. Surtout concernant
Daniel Auteuil qui, s'il a pris depuis assez de ''bouteille'' pour
être crédible dans la peau de Schneider dans l'excellent MR73
d'Olivier
Marchall, possède dans le cas présent un timbre de voix qui ne
résiste pas longtemps à la comparaison. Celui qui tire en réalité
son épingle du jeu, c'est Marcel Bozzuffi, qui dans le rôle du flic
pourri et raciste se révèle parfois réellement inquiétant. Mais
le film tournant surtout autour du personnage incarné par Daniel
Auteuil, L'Arbalète n'est
au final qu'un petit thriller sans réelle envergure et de surcroît
assez mou. Bien moins intriguant et dérangeant que Les
Fauves
de Jean-Louis Daniel qu'il interpréta aux côtés du saisissant
Philippe Léotard l'année précédente, L'Arbalète
est anecdotique. Pourtant, à sa décharge, il faudra accorder au long-métrage le
bon goût de ne pas trop s'écarter de son aspect sombre et désespéré
puisque Sergio Gobi nous évitera la sempiternelle happy-end...
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