Co-scénariste,
co-producteur, compositeur et principal interprète, il ne manquait
plus à Adrien Brody qu'il assure lui-même la réalisation de Clean
pour que celui-ci soit tout entier dévolu à sa gloire... Ce que le
dernier long-métrage de Paul Solet demeure en soit tant chaque
séquence, chaque plan observe une attention toute particulière
envers l'interprète principal du formidable Le
pianiste
de Roman Polanski réalisé il y a maintenant vingt ans. Clean
démontre
que la sensibilité des spectateurs change en fonction de leur
humeur, de leur état d'esprit ou de leurs goûts. Lesquels semblent
ici parfois concentrés sur la seule idée qu'une œuvre telle que le
long-métrage de Paul Solet se doit d'être principalement emprunte
d'une certaine énergie salvatrice. Ce qui demeure malheureusement
pour certains et heureusement pour les autres, une denrée rare dans
le cas qui nous intéresse ici. D'une certaine manière l'on pourra
rapprocher Clean
du phénoménal Bad Lieutenant
d'Abel Ferrara daté de 1992 et dans lequel un flic corrompu, sous
l'emprise du jeu et du crack, trouvait l'absolution lors d'une
enquête sur le viol d'une nonne. Dans le cas de Clean, le personnage
qu'incarne à fleur de peau l'excellent Adrien Brody, il s'agit là
encore de rédemption. Si tout ne sera jamais vraiment clair
concernant la mort de sa jeune fille (décédée d'une overdose, mais
dans quelles véritables circonstances ?), il est évident que son
comportement vis à vis de cette jeune afro-américaine (l'actrice
Chandler DuPont dans le rôle de Dianda) qu'il a choisit de prendre
sous son aile est une manière de se racheter. Mais se racheter de
quoi, d'ailleurs ?
Lorsque tombe la nuit et que ressurgit le traumatisme
Non
content de vivre dans une ville de l'état de New York dont la
déliquescence la fait ressembler à Détroit, Clean est hanté par
de terribles cauchemars que l'on comprends être immédiatement
rattachés à la mort de sa fille. Gangrené par la drogue et
notamment par le terrifiant parrain du coin (Glenn Fleshler, sinistre
dans le rôle de Michael), le quartier s'est vidé de la majorité de
ses habitants. Un bled auquel tente de redonner vie Clean qui outre
son métier d'éboueur repeint la façade des maisons abandonnées.
Ce que reprochent certains, sans doute relatif à la lenteur du récit
mais peut-être plus encore de ses rares accès de violence, est sans
doute le principal atout du long-métrage. Moins film d'action que
drame psychologique, on ne peut pas dire que le réalisateur et
l'acteur/scénariste aient pour autant fait preuve de faiblesse en
matière de brutalité. Et pourtant, on comprendra moins les
exigences de certains en matière de violence que pour les actes
eux-mêmes qui, avouons-le, sont relativement mal chorégraphiés. Du
moins le cameraman chargé de filmer ces différentes séquences (au
nombre de trois) le fait-il avec un manque évident de jugement en
matière d'espace. Ce qui en soit n'est qu'en partie frustrant. Et
même plutôt singulier compte-tenu du fait que ces séquences en
particulier paraissent avoir été tournées sans le soucis de les
rendre aussi magnifiquement mises en scène que celles que l'on
pouvait notamment découvrir dans la série des John
Wick ou dans le récent
Nobody d'Ilya
Naishuller...
D'un
pessimisme que l'on ne retrouve guère que dans de rares occasions,
Clean est un
uppercut pourtant parfois un peu Cheap
dans son accumulation de ralentis donnant à certaines séquence des
allures de clips vidéo. En dehors d'un Adrien Brody convainquant
dans la peau de cet homme déchiré par de douloureux souvenirs et
par son envie de reprendre le cours d'une vie passablement normale
(auquel on ajoutera quelques portraits secondaires réalistes plutôt
bien campés), face à lui, Glenn Fleshler incarne un Michael
absolument monstrueux, dont les valeurs morales authentiquement
bancales auront des conséquences terribles sur son entourage. Ce qui
fera de lui, le Mal incarné. Concernant les dialogues, ceux-ci ont
malheureusement tendance à tourner en boucle. Ses rapports avec le
coiffeur Travis (Mykelti Williamson) débouchent notamment sur des
dialogues sans intérêts. Si le héros n'était pas incarné par
Adrien Brody et l'antagoniste par Glenn Fleshler, on aurait presque
pu cataloguer Clean
de pur produit de Blaxploitation.
Notons que parmi les seconds rôles l'on retrouve le rappeur
originaire de Brooklyn RZA
qui dans la peau de Pawn Shop Kurtis incarne un ancien toxicomane
dont on regretterait presque qu'il ne fut pas davantage exploité à
l'image. Une partie des puristes du cinéma d'action risquent d'être
dépités. Quant aux autres, qu'ils profitent de ce Clean
faussement auteurisant dans lequel Adrien Brody imprime l’œuvre de
sa seule présence...
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