Pour son dernier
long-métrage, l'auteur de Love Eternal
en 2013 ou de Pilgrimage
quatre ans plus tard, Bredan Mudlowney revient avec un film
d'épouvante des plus classique. Concernant le cadre, nous sommes en
terrain connu mais pas forcément conquis. Car à trop vouloir
marcher sur des plates-bandes sur lesquelles se sont déjà engagés
bon nombre de cinéastes, le réalisateur irlandais prend le risque
de mettre en scène un récit si bien balisé que le spectateur
risque de deviner par avance tout ou presque des événements qui
vont alors se produire. The Cellar
(qui signifie La
cave
dans notre langue) est donc l'un des derniers joujoux à tenter de
faire peur les spectateurs sans pour autant y parvenir vraiment.
Encore faudra-t-il que les quelques récepteurs à ce type éculé de
fantastique et d'épouvante ne connaissent pas leurs classiques sur
le bout des doigts. Rien de vraiment original dans ce long-métrage
qui nous présente une famille fraîchement débarquée dans leur
nouvelle demeure. Une bâtisse suffisamment impressionnante pour que
nous devinions qu'il va très rapidement s'y produire des événements
surnaturels. Un couple (Elisha Cuthbert et Eoin Macken dans les rôles
de Keira et Brian Wood) et leurs deux enfants (Abby Fitz et Dylan
Fitzmaurice Brady dans ceux de Erica et Steven). Bredan Mudlowney ne
perd pas son temps et nous présente des lieux assez peu engageants
où s'affichent au dessus des portes, de curieux symboles (qui
s'avéreront être d'origine hébraïque). L'une des rares bonnes
idées du film est d'avoir très rapidement enfermé puis fait
disparaître Erica dans la cave en question. Alors en pleine crise
d'adolescence, il aurait sans doute été difficile de supporter sa
présence durant plus de quinze ou vingt minutes. Rejetant tous les
propos de sa mère et l'idée même de s'installer dans ces nouveaux
lieux, l'incarnation d'Abbyr Fitz devient très rapidement urticante.
L'éventualité de l'entendre geindre comme un agneau que l'on mène
à l'abattoir durant plus de quatre-vingt dix minutes étant résolue
de manière assez inattendue...
Une
séquence situant son action dans les escaliers de la cave avec
''Deuxième effet
Kiss Cool''
à la clé. Et à la suite de laquelle on se dit que peut-être, le
film apportera finalement son lot d'originalités permettant de faire
oublier l’ancestrale concurrence. Mais c'était malheureusement
sans augurer des limites d'un scénario écrit par le réalisateur
lui-même et dont les ficelles sont malheureusement aussi grosses que
les cordes d'un navire. The Cellar,
c'est donc du déjà-vu. Si l'irlandais nous épargne les problèmes
de couple habituels, on se retrouve une nouvelle fois face aux
difficultés d'une mère face à son adolescente de fille
caractérielle qui lui reproche d'avoir sacrifié sa famille pour son
métier. Bredan Mudlowney ajoute quelques éléments qui ont
actuellement la côte et qui concernent les réseaux sociaux. On
apprend notamment que la fille Wood y est victime de harcèlement. Un
détail sans doute très important à préciser pour le réalisateur
mais qui n'aura par contre aucune incidence sur le récit. Bredan
Mudlowney aura beau multiplier les Jump
Scare,
c'est dans une indifférence générale qu'ils seront perçus comme
autant de séquences horrifiques censées faire sursauter le
spectateur de son siège. Reprenant le concept du livre ou de la
bande magnétique maléfique à travers l'usage d'un gramophone, la
véritable héroïne du récit incarnée par Elisha Cuthbert se lance
alors dans une enquête paranormale malheureusement fade et presque
sans intérêt. Autre événement qui n'a visiblement d'intérêt que
pour son auteur : l'énurésie nocturne et l'achluophobie dont
est victime le plus jeunes des membres de la famille Wood. Là
encore, ce fait qui aurait dû offrir de la matière au long-métrage
s'avère parfaitement inutile.
On
passera outre des invraisemblances grosses comme un poireau au milieu
de la figure (Erica se faufilant dans la cave, une bougie à la main,
effrayée à l'idée que la mèche s'éteigne, alors même qu'elle
tient dans l'autre un Smarthphone
dont on sait pertinemment qu'une application permet de lancer le mode
torche
dont l’efficience est nettement supérieure à celle d'une bougie)
pour tenter de comprendre ce qui pourrait servir de point d'accroche
au spectateur pour une œuvre qui s'étire dans le temps et répète
à l'envi les mêmes séquences. Des clichés en pagaille parmi
lesquels la bande musicale de Stephen McKeon emprunte des chants
lugubres ou des nappes minimalistes sans avoir la portée de celles
et ceux de Amityville, la maison du Diable,
de La malédiction,
ou de tout autre classique du genre mêlant plus ou moins présence
diabolique et maison hantée. Reprendre certains des éléments
fondateurs du genre comme une vieille demeure où se sont déjà
déroulés des événements dramatiques, une sinistre cave, des
rapports difficiles entre certains membres d'une même famille, des
lumières qui s'éteignent intempestivement ou des bruits étranges
ne suffisent malheureusement pas à faire d'un projet comme The
Cellar
un bon film. Tout juste un succédané que l'on conseillera d'abord à
celles et ceux qui n'en n'ont jamais vu auparavant. Et encore, ce
serait prendre le risque de les dégoûter à jamais de frapper à la
porte de l'un de ces grands classiques de l'épouvante qui ont
émaillé le septième art...
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