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jeudi 12 mai 2022

Ogre d'Arnaud Malherbe (2022) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Ogre : (nom masculin) Géant des contes de fées qui, selon la tradition, se nourrit de la chair fraîche des enfants. (Larousse). Quel nom que celui de cette effrayante créature, détérioration du latin Orcus signifiant le nom d'une divinité infernale, pourrait-il le mieux définir le contexte de ce premier long-métrage cinématographique signé du réalisateur français Arnaud Malherbe ? Ce monstre dévoreur de chair humaine tant redouté par notre jeune héros Jules interprété par l'acteur Giovanni Pucci. Plus qu'un film fantastique, d'horreur ou d'épouvante, Ogre est avant tout un conte sinistre et dramatique situant son action dans la campagne française. Au cœur d'un village dans lequel le réalisateur et scénariste installe un climat de tension et d'angoisse depuis qu'ont été découverts le cadavre d'un enfant et ceux de plusieurs bêtes dévorées. C'est là que viennent s'installer la nouvelle institutrice Chloé (l'actrice Ana Girardot) et son fils Jules. Ce dernier souffre de problèmes d'audition et porte un appareil auditif générant les moqueries de ses nouveaux petits camarades. Moins anodine qu'elle ne semble l'être, l'intrigue repose sur toute une série de sous-entendus dont la mère et son enfant sont les premières victimes. Car derrière ce titre ne se cache pas simplement la créature qui se tapit dans l'ombre et dévore les vivants lorsque vient la nuit mais aussi et peut-être surtout le drame de deux êtres qui ont choisi de fuir la violence d'un père et d'un époux. Une reconstruction délicate dans un contexte moribond. Arnaud Malherbe se fait le porte-drapeau de cette enfance incomprise, considérée d'affabulatrice lorsque est évoquée la présence d'un monstre entre les murs de la nouvelle maison de Chloé et de Jules. Drame horrifique intense, Ogre est tout autant le témoignage de malheurs comme il en existe tant (la perte d'un enfant, la violence d'un homme envers son épouse) que de l'incompréhension et l'inquiétude d'une mère envers son enfant lorsque celui-ci tente de la convaincre d'une présence indicible...


Accompagnant nos deux principaux interprètes, toute une galerie de personnages imprègne l’œuvre d'une atmosphère sinistre et anxiogène. La superbe photographie nocturne de Pénélope Pourriat et l'envoûtante autant que sublime partition musicale de Flemming Nordkrog participent de cette angoisse qui sourde quand vient la nuit. Filmant généralement son œuvre à hauteur d'enfant, le réalisateur capte l'essence même de ses peurs les plus enfouies. Car si longtemps encore Chloé pourra se demander si l'angoisse qui étreigne son fils n'est pas directement liée à la peur de voir surgir en Mathieu (l'acteur Samuel Jouy) l'image du père tant redouté, pour l'enfant, il ne fait aucun doute que le nouveau compagnon de sa mère n'est autre que le monstre sur lequel trois chasseurs (dont le père du jeune Jérémie dont le corps à supposément été découvert dans un lac) tentent de mettre la main. Arnaud Malherbe capte la rudesse de la campagne à travers certains portraits. Tourné il y a deux ans alors que la pandémie de Covid-19 allait provoquer un confinement de la population, Ogre a bénéficié de décors situés dans le Morvan. Le tout jeune Giovanni Pucci convainc assez facilement dans le rôle de Jules. L'idée même de l'avoir affublé d'un handicap sensoriel permet à certaines séquences d'être particulièrement angoissantes lorsque d'autres signifient un repli sur lui-même. Étant visiblement moins attiré par la violence graphique que par la subjectivité, Arnaud Malherbe distille quelques visions horrifiques qui par leur rareté et l'ingéniosité du cadre s'avèrent particulièrement convaincantes. Ogre prouve qu'il n'est nul besoin d'aller chercher très loin pour ressentir le grand frisson même si dans le cas présent, le long-métrage s'impose tout d'abord comme un drame plutôt que comme un authentique film d'épouvante. Surtout, le réalisateur et scénariste démontre que la sobriété vaut parfois mieux qu'un étalage de boucheries et des hectolitres de sang. Ogre est donc l'une des bonnes surprises de cette année 2022 et démontre que même en France certains cinéastes sont capables de rivaliser avec le cinéma venu d'ailleurs...

 

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