Attention, cet article comporte un certain nombre de spoilers !!!
Sans
même avoir lu le synopsis, regardé la bande-annonce, ni même avoir
lu la moindre critique positive ou négative, j'ai décidé d'aller
voir le dernier film de Ridley Scott, Le géniteur des cultissimes
"Alien, Le Huitième Passager" et "Blade Runner"
revient donc avec un nouveau film de science-fiction. Déjà, dès
les premières instants, on est soufflés par la beauté des images.
Puis c'est ensuite l'histoire qui attise la curiosité. Deux
archéologues explorent une grotte et tombent sur une peinture murale
similaire à plusieurs autres trouvées à travers le monde et
montrant un bipède de taille imposante pointer du doigt un symbole.
En fait une série de planètes figurant un système solaire très
éloigné mais presque identique au notre.
Deux
années plus tard, le vaisseau Prometheus vogue dans l'espace. A son
bord, seize passagers plongés dans un état de sommeil artificiel,
ainsi que l'androïde David qui seul, s'occupe du bon maintient de
l'équipage ainsi que celui du Prometheus. La destination du
vaisseau: Le fameux système solaire découvert deux ans plus tôt
par les deux archéologues, qui font eux mêmes partie de l'équipage.
L'une des planètes de ce système est supposée être similaire à
la Terre. Projet fou lancé par un richissime vieillard aujourd'hui
décédé, l'équipage une fois réveillé tente une approche de la
planète et se pose au sol prêt d'un édifice gigantesque constitué
d'immenses galeries et d'une pièce que les membres du Prometheus
découvrent bientôt cachée derrière une immense porte en pierre.
L'endroit renferme une imposante sculpture à visage humain, entourée
de jarres enfermant des matières organiques. La tête d'un humanoïde
similaire aux reproductions picturales découvertes sur Terre est
également présente dans la salle. L'équipe de scientifiques
récupère cette dernière pendant que David, lui, prélève l'une
des jarres à l'abri des regards. L'ouverture de la porte ayant un
effet sur l'environnement de la pièce, d'étranges bouleversements
s'opèrent au plafond. Une curieuse substance noire s'échappe des
jarres, et dehors, une tempête monstrueuse se prépare, obligeant
l'équipage à retourner au plus vite sur le Prometheus...
Une œuvre qui mêle trop de références à une histoire qui se veut pourtant originale.
Dans
un premier temps, le sujet abordé est basé sur la recherche des
origines de l'humanité. On n'imagine d'ailleurs pas un seul instant
que le public puisse confondre le classique "Alien..." avec
cette nouvelle œuvre du génial Ridley Scott. Si les premières
images, sublimes, révèlent au final toute leur inutilité au terme
de cette œuvre finalement décevante, elles trahissent surtout les
espoirs que l'on fonde sur le cheminement de l'intrigue et qui ne
fait de ce "Prometheus" qu'une très curieuse préquelle au
premier "Alien...". Curieuse effectivement puisque le film
revient non pas sur les origines du mal mais sur les premiers pas du
fameux équipage du nostromo conduit par Ripley (Sigourney Weaver)
sur cette étrange planète qui nous intéresse ici. En effet, dans
le film de 1979, l'équipage se retrouve confronté à un message
lancé à partir du sol de celle-ci, et que tous prennent d'abord
pour un SOS. Parcourant les environs de cette terre hostile, il
tombent devant un immense vaisseau échoué dont le pilote, une
créature humanoïde, est assise devant son poste de pilotage,
fossilisée et le torse comme ayant été victime d'une implosion.
Parcourant les galeries de ce vaisseau, l'un des membres de l'équipe
tombe sur une pouponnière envahie par d'étranges cocons à
l'intérieur desquels nagent d'énormes larves.
Lors
de la découverte des créatures humanoïdes et de leur vaisseau, on
peut assurément penser que "Prometheus" lorgne du coté de
la préquelle, puisqu'il le film précède toute la phase de
découverte de la planète dans le film de 1979. Sauf qu'il ne se
base que sur cette première partie et pas sur la suite du drame qui
se joue sur le vaisseau nostromo. Le film peut donc se voir comme une
semi-préquelle, ne s'attachant pas à revenir sur les origines des
fameux aliens créés par Giger, mais simplement sur les raisons de
la présence de l'immense vaisseau découvert par l'équipage du
vaisseau Prometheus. Est-ce bien clair?
L'idée
de retourner au cœur d'une tourmente à laquelle nous n'avions pas
assisté à l'époque est une bonne idée. Malheureusement, Ridley
Scott semble avoir parfois la mémoire courte. En effet, comment
expliquer que l'humanoïde découvert trente-trois ans plus tôt
assis derrière le siège de pilotage de son vaisseau puisse cette
fois-ci terminer son existence entre les bras d'une créature
grotesque et qui fait involontairement référence à nombre de
monstres en carton-pâte des années cinquante-soixante?
Une partie de l'interprétation est plombée par trop d'incohérences et de fautes de
goût.
Charlize
Theron fait ce qu'elle peut mais cette excellente actrice ne peut
rivaliser avec l'irremplaçable Sigourney Weaver. La faute à un
personnage insipide, dont la froideur et la rigidité (qui cache avec
évidence la peur de l'inconnu) l'empêchent d'exploser à l'écran.
Son rôle n'apporte rien à l'intrigue, non seulement parce qu'elle
présente un visage incapable d'exprimer la moindre émotion mais
aussi parce que la part de psychologie qui aurait pu être développée
(le fait que son père lui préfère son fils androïde) est laissée
à l'abandon. Quand aux intérêts divergents qui opposent le
biologiste Milbrun et l'instable Fifield et qui créent par la même
une certaine tension entre les deux hommes, ils s'effacent très vite
et transforment l'inimitié du départ en camaraderie ponctuée de
blagues de potaches. Quand au rôle de Weyland, le milliardaire qui
envoie dix-sept personnes explorer la planète, s'il est touchant
dans sa version holographique, il devient imbuvable lors de son
inattendu retour parmi l'équipage du Prometheus.
Il
reste fort heureusement quelques personnages attachants comme celui
campé par Idris Elba, qui rappelle parfois l'excellent Yaphet Kotto.
Michael Fassbender (David) possède un charme identique à celui de
Jeremy Irons (" Faux-Semblants") et son rôle paraît tout
d'abord copié sur le personnage de Ash (Ian Holm), vu dans
"Alien...". Et puis il y a les deux archéologues Elisabeth
Shaw (Noomi Rapace) et Charlie Holloway (Logan Marshall-Green), les
deux seuls membres a véritablement désirer trouver une réponse à
leurs questions.
D'un
point de vue objectif, et tout en faisant abstraction du film sorti
trente-trois plus tôt, Il faut reconnaître que "Prometheus"
demeure un excellent divertissement pour celui qui ne connait pas les
"origines" de cette préquelle. Le meilleur exemple étant
d'opposer un aficionado du premier "Alien...", certain de
découvrir une véritable suite en forme de préquelle, à une
néophyte qui s'expose pour la première fois à un sujet déjà
abordé quatre fois (La saga se composant également de "Aliens,
Le Retour", "Alien 3" et "Alien, La
Résurrection", plus quelques films bâtards d'assez piètre
qualité). Le premier y verra une certaine forme de trahison de la
part de Ridley Scott qui ne fait que détruire un mythe auquel il a
lui-même donné naissance. La seconde, n'ayant aucun repaire auquel
s'accrocher assistera à un spectacle visuellement saisissant. Ce qui
déçoit le fan, c'est évidemment de ne pas retrouver les
"charmantes" créatures vues dans le premier épisodes. En
effet, ici point de Facehuggers (ces parasites qui sautent au visage
de leur proie pour y pondre un œuf) et encore moins de Chestbursters
(la première silhouette reconnaissable de ces impressionnantes
créature que sont les aliens et qui s'extraient du ventre de leur
victime).
Un film presque tout public, débarrassé d'un élément essentiel: la peur !
"Prometheus" cherche à donner des frissons au public. De manière concrète, en plongeant ses personnages dans de sinistres galeries à l'esthétique sensiblement identiques à celles croisées dans le film de 1979, Scott tente de retrouver cette même atmosphère angoissante qui faisait l'un des charmes de son œuvre originale. Sauf qu'il ponctue son film de répliques qui détruisent tout chance d'engendrer la peur.
Ce qui trouble dans ce film, c'est l'évidente
corrélation que façonne notre esprit par rapport à certaines
similitudes avec le premier film et les attentes qui ne débouchent
en réalité jamais sur ce que nous attendons. Ces curieuses jarres
desquelles coulent une substance noirâtre préfigurent une version
modernisée des cocons porteurs de facehuggers. Le penser, c'est se
tromper de voie dès que les évènements se précipitent. Car la
suite est à l'avenant. On ne comprend plus vraiment de quoi il
s'agit. "Prometheus" devient alors un mélange de préquelle
inspirée par la vision d'un Mala'Kak fossilisé lors de la visite de
la planète par l'équipe du Nostromo dans "Alien..." et
d'un voyage aux confins de l'espace pour une équipe chargée
d'entrer en contact avec cette espèce. Ridley Scott imagine un
scénario tout neuf, se permettant de reprendre des éléments connus
et d'y injecter un scénario inédit qui fait l'impasse sur les tant
redoutés aliens. Ces derniers ne sont donc pas représentés, sauf
peut-être à la toute fin du film. Espérons toutefois qu'il
s'agisse d'une erreur d'interprétation car la créature qui nous est
présentée alors est simplement... grotesque !!!
"Prometheus"
divisera sans doute à jamais les "anti" et les "pro",
mais est-ce si grave? Ceux qui préfèrent penser que le film est une
tentative de préquelle ratée n'en démordront sans doute jamais.
Quand à ceux qui y voient un superbe spectacle visuel, ils auraient
bien tort d'essayer de se convaincre du contraire...
Je ne vois pas ce que je pourrais rajouter à ta critique si bien menée.:-)
RépondreSupprimerJe n'ai pas vu Alien et, contrairement à toi, je suis donc partie l'esprit vierge de toute attente.
J'ai regardé ce film avec intérêt, portée par les belles images et les effets que la 3D rendait parfaitement.
Le thème m'a captivé dès le début et je me suis laissée entraînée... cela m'amusait de te sentir fébrile lorsque tu percevais des clins d'oeil au film Alien et c'est seulement là, lorsque les lumières se sont allumées, que j'ai éprouvé une certaine déception, un arrière goût d'inachevé... qui depuis, n'a cessé de grandir...
Lorsque j'avais quitté la salle après Avatar ( et dieu sait que l'histoire était fort simple lorsqu'on y pense), je n'étais pas ressortie indemne et il m'avait fallu un moment pour réintégrer le monde réel.
Après avoir regardé Prometheus, rien de tout cela.
Pourtant, un pictogramme qui représente un être géant venu nous visiter et qui nous fait signe pour nous dire d'où il vient, d'où l'on vient... il y a de quoi s'attendre, au bout du voyage, à la rencontre d'un être sage, incroyablement intelligent qui nous dévoilerait par exemple les origines de notre vie... un film qui serait comme une sorte de conte spiritualiste ou philosophico-scientifique...
Je pense à d'excellentes idées dans StarTrek DS9 : Odo par exemple, qui va retrouver les siens, les Fondateurs, maîtres du Dominion, et retourner dans le Grand Flux...
Dans Prometheus, aucune nuance : on ne rencontre que de l'horreur, des monstres avec un instinct de destruction porté par une violence aveugle et bestiale, des parasites géants qui vont bien sûr utiliser l'humain pour se reproduire ( comment faisaient-ils avant ?) Un géant qui avait, au début du film , quelque chose de"divin" qui se révèle juste une grosse bête à muscle avec un poids chiche dans le cerveau et qui détruit les visiteurs qu'il a attiré jusqu'à lui sans seulement dialoguer avec eux... Même un primate est plus évolué...
Et puis, ras le bol de ses films où les extra-terrestres ne sont que des monstres avides de sang, de destruction... Y'en a bien assez de la Terre et de ses habitants pour rencontrer des horreurs pareilles...
A ce sujet, que viennent faire dans le vaisseau ces abrutis primaires et violents, intolérants et sans aucune curiosité scientifique ? Au prix que doit coûter une telle mission et vu la difficulté d'une telle réussite, j'imaginais que les participants devaient être triés sur le volet...
Ouais... bien déçue finalement...