Une mère infanticide est
emmenée jusqu'à la prison de Rennes où elle est enfermée dans une
cellule d'observation. La jeune femme y sera gardée durant trois
mois. Le temps pour les gardiennes, et notamment leur chef tant
redoutée Dessombes, d'étudier son cas.
Car derrière les murs de
sa cellule, des centaines d'autres femmes tentent de survivre dans un
univers carcéral qui n'a pas pour habitude d'être tendre avec ses
"locataires". Des
femmes gardées par d'autres femmes. Des femmes forcées au travail,
obligées de composer avec les autre, quelques soient leurs affinités
et les raisons pour lesquelles elles sont enfermées. Parmi elles,
deux sont parvenues à s'imposer . Il y a d'abord Nelly. Révoltée
et insolente, elle est haït par une partie de ses codétenues. Et
puis il y a Marthe, que toutes craignent. Non parce qu'elle est plu
forte qu'elles, mais parce qu'elle semble proche de Dessombes, la
gardienne en chef.
Alors
que Nelly est victime d'un "accident",
elle est emmenée d'urgence à l'infirmerie. Non loin d'elle, la
jeune et fragile Brigitte tente par tous les moyens de convaincre les
infirmière de la garder auprès elles. Elle ne veut pas retourner
avec les autres détenus. Proche de Marthe, elle doit être bientôt
libérée. Durant son absence, les gardiennes ont fouillé la cellule
de Nelly et y ont trouvé trois grammes d'héroïne. De quoi
l'enfermer pendant quarante-cinq jours en cellule d'isolement. Une
enquête est alors menée pour connaître le nom de celles qui
participent à ce que certains dénoncent comme un réseau de drogue.
D'autres au contraire, aimeraient connaître le nom de celle qui à
balancé leur codétenue...
Annie
Girardot, Marie-Christine Barrault, Bernadette Lafont, Corinne
Touzet, Agnès Soral et Fanny Bastien. Une belle brochette d'actrices
pour un scénario plutôt mince mais qui possède suffisamment de
ramifications pour que la passion naisse pour ces prisonnières
(presque toutes) démunies. Le film démarre sur une scène s'ouvrant
sur une gare et sur le rejet des voyageurs confrontés à deux
prisonnières. Il y a un détail qui dans cette scène peut se
révéler bouleversant si l'on s'y attarde. C'est cette image de la
mère qui vient pour la dernière fois voir le visage de sa fille à
travers la vitre, et qui persiste alors que le train est déjà lancé
à vive allure. Une image à laquelle semble s'être raccrochée
celle qui bientôt n'aura comme compagnes que des codétenues du même
sexe.
Les
principales actrices ont l'immense talent de ne jamais surjouer leur
rôle. Elles, mais aussi toutes les autres, celles qu'il ne faudrait
surtout pas oublier. Entre les crises de panique de Fanny Bastien, la
solitude qui étreint Agnès Soral dans la première partie du film,
la froideur et la dignité de Bernadette Lafont et Annie Girardot
(qui révélera un visage étonnamment différent vers la toute fin
du film), et la troublante relation qui naît entre Corinne Touzet et
la superbe Milva Biolcati, le spectateur a de quoi se mettre sous la
dent.
On
ne reviendra pas sur la légèreté du scénario qui ne tient pas à
grand chose mais dont l'intérêt est justement de montrer des
visages de femmes différents, capables et même obligées de
survivre dans un univers qui reste de toute manière toujours trop
exigu.
Prisonnières
a aujourd'hui vingt-cinq ans. Un quart de siècle et pourtant, il n'a
pas vieilli. Il est le type même de film qui pousse à le revoir
régulièrement. Ce confinement crée une sorte de promiscuité entre
les personnages et les spectateurs qui confine parfois au voyeurisme
mais aussi et surtout à l'attachement. Car quoi que l'on puisse
penser de ces femmes qui n'ont tout de même pas été enfermées
pour de futiles raisons, un lien réel se crée. C'est l'une des
raisons pour lesquelles le film est une vraie réussite...
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