Dévorée par son
orgueil, Michèle Laroque a tout entreprit pour que son précédent
long-métrage Chacun chez soi
ne souffre pas de l'épidémie de Covid-19
en repoussant sans cesse sa sortie sur grand écran. Suite à son
inénarrable purge intitulée Brillantissime
sortie deux ans auparavant, le second montrait des signes
d'amélioration qui ne pouvaient être que probables vue l'étendue
des dégâts dont les spectateurs furent les premières victimes en
2019. Bousin de cette année là, le premier long-métrage de
l'actrice, humoriste et malheureusement désormais réalisatrice
Michèle Laroque semblait être annonciateur d'un projet visant à
ruiner la carrière de ses interprètes. Kad Merad, Françoise
Fabian, Gérard Darmon ou Pascal Elbé pour Brillantissime.
Stéphane de Groodt, Lionel Abelanski, Alice de Lencquesaing ou
Olivier Rosemberg pour Chacun chez soi.
Et aujourd'hui, avec son troisième long-métrage intitulé Alors
on danse,
les nouvelles victimes de ce funeste casting réunissant des vedettes
vieillissante du cinéma français s'appellent désormais Isabelle
Nanty, Thierry Lhermitte, Patrick Timsit ou Antoine Duléry.
D'emblée, le spectateur sera marqué par l'affiche de ce troisième
film. Car si Alors on danse
évite de peu le titre de plus mauvaise comédie française de
l'année 2022 (la réalisatrice peut d'avance remercier Ahmed Hamidi
dont le nullissime Le Médecin imaginaire
est sorti il y a quelques semaines seulement), l'affiche concentre à
elle seule ce que représente de manière générale le cinéma de
Michèle Laroque. Soit, tout le ringard qui imprime autant cette
surface de papier glacé où trônent les quatre principaux
interprètes que le contenu du film lui-même s'y exprime avec un
sens inné du ridicule qui confine au génie !
Si
la mise en scène de Michèle Laroque et le scénario de Stéphane
Ben Lahcene sont complètement à la ramasse, des trois
longs-métrages de la réalisatrice, celui-ci demeure encore le plus
''convenable''. Persiste tout de même le sentiment de vieillesse
instantané condamnant irrémédiablement le film à faire les beaux
jours des maisons de retraite et les services de gériatrie des
hôpitaux. Sans une once d'originalité, Michèle Laroque déroule un
récit ultra convenu. Celui d'une sexagénaire qui découvre que son
mari la trompe depuis deux ans et qui après avoir choisi de quitter
la demeure familiale retrouve sa sœur qu'elle n'a pas revu depuis un
long moment. Thierry Lhermitte a beau trôner aux côtés d'Isabelle
Nanty, de Patrick Timsit et de l'actrice et réalisatrice, son
personnage n'en est pas moins effacé. Tant mieux pour lui puisque
cela lui permettra de se faire oublier lorsque le bilan
cinématographique annuel sera dressé en fin d'année. Il demeure un
fort contraste entre les personnages de Danie (la sœur de Sandra,
épouse de l'adultérin Paul incarné par Antoine Duléry)
qu'interprète Isabelle Nanty. Fort en gueule, réac, débordant
d'énergie, avec celui de Roberto qu'incarne Patrick Timsit, lui-même
relativement posé et réfléchi...
Alors
que le dernier long-métrage de Gaspar Noé Vortex
aborde
sans complexe la fin de vie d'un couple incarné par Françoise
Lebrun et Dario Argento, le spectateur a plus de chance de prendre un
véritable coup de vieux devant Alors on danse
que devant le témoignage intense du réalisateur franco-argentin.
Aussi déprimant qu'un dernier jour de vacances précédent la
rentrée, le film de Michèle Laroque arrive près de quarante années
trop tard. Lorsque la chaîne Canal+
n'était pas encore née et que seuls Antenne2
et FR3
pouvaient concurrencer la première chaîne nationale. Lorsque encore
le Streaming,
les services VOD
ou plus généralement Internet
ne permettaient pas encore de choisir d'autres programmes que ceux
imposés par les trois premières chaînes françaises. Oui, dans
ces années quatre-vingt où les postes de télévision à gros culs
diffusaient leur comptant de téléfilms auxquels, sans doute, Alors
on danse
n'aurait pas fait honte. Aujourd'hui fade et sans surprise, Michèle
Laroque passant en outre son temps à se positionner face caméra,
cette comédie qui n’effleure en réalité que le concept est une
tragédie. Pour toutes celles et ceux qui ont travaillé dessus.
Donné de leur temps. Financé la chose à hauteur d'un peu plus de
sept millions d'euros. Brillantissime aura
cumulé en l'espace de deux mois environ six-cent dix-mille entrées.
Chacun chez soi
quant à lui aura attiré cent-cinquante sept mille spectateurs. Ces
dernier auront semblé avoir cependant fait preuve d'un regain
d'intérêt pour le cinéma de Michèle Laroque puisque sur une
période plus courte que pour son second long-métrage, Alors
on danse à
quant à lui atteint le score de deux-cent trente-quatre mille
tickets vendus dans l'hexagone. Autant dire que malgré ce score
relativement piteux, on risque d'entendre encore parler de Michèle
Laroque ''réalisatrice'' dans les années qui viennent. Tout en
étant mauvais bien que son dernier bébé soit le plus regardable
des trois longs-métrages qu'elle a mis en scène, on peut faire le
pari qu'en continuant à s'améliorer au fil du temps, Michèle
Laroque parviendra un jour à réaliser une vraie bonne comédie.
Mais au bout de combien de films ? Dix ? Vingt ?
Trente ? Pas sûr qu'il y ait d'ici là encore du monde pour
payer sa place de cinéma...
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