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mercredi 11 mai 2022

Alors on danse de Michèle Laroque (2022) - ★★★☆☆☆☆☆☆☆

 


 

Dévorée par son orgueil, Michèle Laroque a tout entreprit pour que son précédent long-métrage Chacun chez soi ne souffre pas de l'épidémie de Covid-19 en repoussant sans cesse sa sortie sur grand écran. Suite à son inénarrable purge intitulée Brillantissime sortie deux ans auparavant, le second montrait des signes d'amélioration qui ne pouvaient être que probables vue l'étendue des dégâts dont les spectateurs furent les premières victimes en 2019. Bousin de cette année là, le premier long-métrage de l'actrice, humoriste et malheureusement désormais réalisatrice Michèle Laroque semblait être annonciateur d'un projet visant à ruiner la carrière de ses interprètes. Kad Merad, Françoise Fabian, Gérard Darmon ou Pascal Elbé pour Brillantissime. Stéphane de Groodt, Lionel Abelanski, Alice de Lencquesaing ou Olivier Rosemberg pour Chacun chez soi. Et aujourd'hui, avec son troisième long-métrage intitulé Alors on danse, les nouvelles victimes de ce funeste casting réunissant des vedettes vieillissante du cinéma français s'appellent désormais Isabelle Nanty, Thierry Lhermitte, Patrick Timsit ou Antoine Duléry. D'emblée, le spectateur sera marqué par l'affiche de ce troisième film. Car si Alors on danse évite de peu le titre de plus mauvaise comédie française de l'année 2022 (la réalisatrice peut d'avance remercier Ahmed Hamidi dont le nullissime Le Médecin imaginaire est sorti il y a quelques semaines seulement), l'affiche concentre à elle seule ce que représente de manière générale le cinéma de Michèle Laroque. Soit, tout le ringard qui imprime autant cette surface de papier glacé où trônent les quatre principaux interprètes que le contenu du film lui-même s'y exprime avec un sens inné du ridicule qui confine au génie !


Si la mise en scène de Michèle Laroque et le scénario de Stéphane Ben Lahcene sont complètement à la ramasse, des trois longs-métrages de la réalisatrice, celui-ci demeure encore le plus ''convenable''. Persiste tout de même le sentiment de vieillesse instantané condamnant irrémédiablement le film à faire les beaux jours des maisons de retraite et les services de gériatrie des hôpitaux. Sans une once d'originalité, Michèle Laroque déroule un récit ultra convenu. Celui d'une sexagénaire qui découvre que son mari la trompe depuis deux ans et qui après avoir choisi de quitter la demeure familiale retrouve sa sœur qu'elle n'a pas revu depuis un long moment. Thierry Lhermitte a beau trôner aux côtés d'Isabelle Nanty, de Patrick Timsit et de l'actrice et réalisatrice, son personnage n'en est pas moins effacé. Tant mieux pour lui puisque cela lui permettra de se faire oublier lorsque le bilan cinématographique annuel sera dressé en fin d'année. Il demeure un fort contraste entre les personnages de Danie (la sœur de Sandra, épouse de l'adultérin Paul incarné par Antoine Duléry) qu'interprète Isabelle Nanty. Fort en gueule, réac, débordant d'énergie, avec celui de Roberto qu'incarne Patrick Timsit, lui-même relativement posé et réfléchi...


Alors que le dernier long-métrage de Gaspar Noé Vortex aborde sans complexe la fin de vie d'un couple incarné par Françoise Lebrun et Dario Argento, le spectateur a plus de chance de prendre un véritable coup de vieux devant Alors on danse que devant le témoignage intense du réalisateur franco-argentin. Aussi déprimant qu'un dernier jour de vacances précédent la rentrée, le film de Michèle Laroque arrive près de quarante années trop tard. Lorsque la chaîne Canal+ n'était pas encore née et que seuls Antenne2 et FR3 pouvaient concurrencer la première chaîne nationale. Lorsque encore le Streaming, les services VOD ou plus généralement Internet ne permettaient pas encore de choisir d'autres programmes que ceux imposés par les trois premières chaînes françaises. Oui, dans ces années quatre-vingt où les postes de télévision à gros culs diffusaient leur comptant de téléfilms auxquels, sans doute, Alors on danse n'aurait pas fait honte. Aujourd'hui fade et sans surprise, Michèle Laroque passant en outre son temps à se positionner face caméra, cette comédie qui n’effleure en réalité que le concept est une tragédie. Pour toutes celles et ceux qui ont travaillé dessus. Donné de leur temps. Financé la chose à hauteur d'un peu plus de sept millions d'euros. Brillantissime aura cumulé en l'espace de deux mois environ six-cent dix-mille entrées. Chacun chez soi quant à lui aura attiré cent-cinquante sept mille spectateurs. Ces dernier auront semblé avoir cependant fait preuve d'un regain d'intérêt pour le cinéma de Michèle Laroque puisque sur une période plus courte que pour son second long-métrage, Alors on danse à quant à lui atteint le score de deux-cent trente-quatre mille tickets vendus dans l'hexagone. Autant dire que malgré ce score relativement piteux, on risque d'entendre encore parler de Michèle Laroque ''réalisatrice'' dans les années qui viennent. Tout en étant mauvais bien que son dernier bébé soit le plus regardable des trois longs-métrages qu'elle a mis en scène, on peut faire le pari qu'en continuant à s'améliorer au fil du temps, Michèle Laroque parviendra un jour à réaliser une vraie bonne comédie. Mais au bout de combien de films ? Dix ? Vingt ? Trente ? Pas sûr qu'il y ait d'ici là encore du monde pour payer sa place de cinéma...

 

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