Si 2021 aura été
l'année de toutes les attentes de l'autre côté de l'Atlantique
parmi lesquelles le nouveau James Bond Mourir
peut attendre
de
Cary
Joji Fukunaga, le retour de la franchise Matrix
et son quatrième volet ou l'adaptation du roman de science-fiction
culte de Frank Herbert Dune par
Denis Villeneuve, en France les ambitions allaient se trouver d'un
tout autre ordre avec l'adaptation sur grand écran de la série
télévisée humoristique Kaamelott.
Bref, rien de vraiment joyeux à se mettre sous la dent, surtout pour
les non-initiés. Mais c'était sans compter sur le dernier
long-métrage du réalisateur français Yann Gozlan qui avec son
quatrième long-métrage allait signer l'un des meilleurs films de
l'année, tous genres et toutes origines compris. Pour la seconde
fois de sa carrière le réalisateur fait appel au talent de l'acteur
Pierre Niney qui depuis quelques années est enfin entré de plain
pied dans le Cinéma avec un grand C. Ici, il incarne le rôle de
l'analyste-acousticien Mathieu Vasseur. Un jeune employé du bureau
d'enquête et d'analyse pour la sécurité de l'aviation civile.
Ambitieux et rigoureux, il se fait très vite remarquer pour ses
qualités mais se confronte très vite à certains mécanismes qui
entrent en jeu dans son métier et qui malheureusement brident son
talent. Alors qu'un avion de modèle 800 de la compagnie Atrion s'est
écrasé, emportant avec lui ses seize membres d'équipage ainsi que
trois-cent passagers, l'analyse de la boite noire de l'avion est
confiée au plus expérimenté des collègues de Mathieu, Victor
Pollock (excellent Olivier Rabourdin). Mais alors que celui-ci est
chargé de déchiffrer les enregistrements, il disparaît dès le
lendemain sans donner de nouvelles. Alors que les médias, les
familles des victimes et l'état attendent d'avoir des explications
concernant le crash du 800, le directeur de la BEA Philippe Rénier
(André Dussolier) choisi en dernier recours de confier l'enquête à
Mathieu...
Voici
à peu de chose près comment débute l'aventure de Boite
noire.
Ce thriller tendu, admirablement maîtrisé de bout en bout et que
risquent très vite de nous jalouser l'Amérique, l'Asie ou les pays
scandinaves. Il n'est d'ailleurs pas interdit d'imaginer que le
concept soit emprunté dans les mois à venir par tel ou tel
réalisateur étranger tant le long-métrage de Yann Gozlan s'avère
parfaitement exemplaire. Porté par un Pierre Niney au sommet de son
art, le film est d'une très grande puissance émotionnelle. La
tension y est telle que l'on ne relâche son attention à aucun
moment. Grâce aux talents conjugués de la mise en scène, de la
sombre photographie de Philippe Cottereau, de l'interprétation bien
entendu mais aussi de la partition musicale écrite à l'occasion par
le compositeur Philippe Rombi, Boite noire
offre un spectacle ininterrompu, sans temps morts, lors duquel le
spectateur se pose les mêmes questions que le héros avant que ses
pensées ne prennent une trajectoire différente. Car si Pierre
Niney/Mathieu Vasseur est sûr de son fait même lorsqu'il vient de
remettre en cause ses premières impressions, le spectateur, lui,
fini par douter et se ranger au même avis que certains amis ou
collaborateurs du héros. Parmi lesquels nous retrouvons notamment
l'actrice Lou de Laâge dans le rôle de Noémie, l'épouse de
Mathieu, Sébastien Pouderoux dans celui de Xavier Renaud ou encore
Guillaume Marquet dans la peau d'Antoine Balsan...
S'inspirant
d'un scénario écrit à huit mains entre le réalisateur lui-même
ainsi que Jérémie Guez, Nicolas Bouvet et Simon Moutairou, Boite
noire
est implacable et joue sur un certain réalisme. Le film nous fait
revivre les moments clés du crash sans pour autant exposer
frontalement les horreurs d'un tel événements. À vrai dire, Yann
Gozlan n'a nul besoin d'en rajouter dans les effets tant le récit
est dénué de trous scénaristiques. Tout semble logique. Rien de
vraiment incohérent ne figure dans la longue liste d'événements et
de retournements de situations qui viennent étayer des hypothèses
criantes de réalisme. Même lors des séquences durant lesquelles le
héros est simplement assis devant son écran afin d'analyser les
enregistrements, la tension est palpable. Toujours grâce aux talent
conjugués de Pierre Niney et de la musique de Philippe Rombi. Rares
sont les expériences qui demeurent dans la durée aussi immersives.
Boite noire a
beau durer plus de deux heures et être dénué de toute
course-poursuite (en dehors d'une très courte séquences entre le
véhicule de Mathieu et une moto dont le pilote et son passager
semblent avoir de très mauvaises intentions), on ne s'ennuie pas un
seul instant. Mais plus fort encore que l'intrigue, le film distille
un climat de paranoïa et de complotisme aussi prégnant et moite
qu'une mauvaise sueur. Actuellement en salle, inutile de préciser
qu'il est urgent d'y aller découvrir le dernier long-métrage de
Yann Gozlan...
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