Les a priori reposent
souvent sur des ressentis qui ne reflètent pas toujours ce que l'on
observe par la suite. Il existe cependant parfois quelques exceptions
qui tentent à démontrer une certaine forme d'omniscience. C'est
lors d'une séance sur grand écran au cinéma CGR
de Narbonne où était projeté Maison de retraite
de Thomas Gilou (drôle d'idée que de payer sa place pour aller voir
Kev Adams faire du... Kev Adams) que ma compagne et moi sommes tombés
sur la bande-annonce d'une comédie dont la forme et le fond ne nous
ont absolument pas emballé. Tout le contenu du
médecin imaginaire
d'Ahmed Hamidi semblait en effet être concentré autour de celle-ci.
Une poignée de minutes renvoyant directement au fin fond de la
comédie franchouillarde, mais à la manière ''franco-maghrébine''.
Alban Ivanov étant semble-t-il sur une pente savonneuse depuis
quelques temps et son acolyte du moment Fatsah Bouyahmed étant un
parfait inconnu (ah ! J'apprends que le bonhomme a notamment été
aperçu dans Le marquis
de Dominique Farrugia en 2011 ou dans le convainquant Les
invisibles
de Louis-Julien Petit en 2018), ce ne sont certes pas les quelques
images proposées en amuse-gueule qui nous firent sentir pressente
l'envie de nous projeter dans les salles deux mois plus tard. Bon, en
même temps, le film ne dure même pas les quatre-vingt dix minutes
syndicales imposées par le passé. Se dire que quatre-vingt quatre
minutes valent bien huit heures de travail quotidien justifia
pourtant mon déplacement en salle. Sachant faire la part des choses
sans pour autant vouloir imposer l'objet en question à ma douce
moitié, c'est muni d'un courage de cinéphage qui oui, je l'avoue,
force le respect, que je me suis apprêté afin de me retrouver dans
les meilleures conditions pour aborder ce Médecin
imaginaire
dont le titre se réfère bien entendu au MALADE
imaginaire
d'un certain Jean-Baptiste Poquelin plus connu sous le nom de
Molière. Mais ne nous emballons pas puisqu'en réalité, le scénario
repose avant tout sur l'écriture d'Ahmed Hamidi lui-même (ex auteur
pour Les Guignols
de l'info
entre 2000 et 2008 et frère du réalisateur Mohamed Hamidi) et sur
celle de l'acteur franco-algérien Fatsah Bouyahmed. Oui, oui,
celui-là même qui interprète l'un des deux principaux rôles !
Comme
le dit si bien Alban Ivanov à la douzième minute : ''Oh !
Ça va être long !''
D'entrée de jeu, le film commence son traitement thérapeutique en
infligeant au spectateur une compilation d'images censées
représenter la tournée mondiale du DJ Wethu, pseudonyme sous lequel
se cache Alex et prénom sous lequel se dissimule lui-même Alban
Ivanov. Le tout pique les yeux et vrille les tympans. Des centaines
de danseurs se déhanchant sur une purée électronique digne de
David Guetta. Fatigué par ses incessantes représentations, Alex
s'écroule sur la scène d'un festival marocain. Verdict : le DJ
est victime d'un Burn-Out et d'une fracture du coccyx. Contraint de
demeurer dans le coin le temps de guérir, Abdel, un apprenti
aide-soignant va lui tenir compagnie. Chaque année offre son cortège
de comédies françaises dont rares sont celles qui parviennent à
surnager. Chaque année l'on a droit même à certains des pires
représentants du genre. En 2018, ce fut le Brillantissime
de Michèle Laroque (une provocation qu'un tel titre si l'on tient
compte de l'ignominie du long-métrage !). All
Inclusive
de Fabien Onteniente et Ibiza d'Arnaud
Lemort en 2019 ou Mystère à Saint-Tropez de
Nicolas Benamou l'année dernière. Il faudra sans doute désormais
compter sur Le médecin imaginaire
qui, et alors que l'année n'en est pas encore arrivée à son terme,
peut se vanter d'avoir rejoint les quelques exemples cités ci-dessus
dans le tréfonds de la comédie française pour cette année 2022 !
Si
de base Fatsah Bouyahmed possède un capital sympathie dû sa bonne
bouille, on peut se demander comment Ahmed Hamidi a pu faire partie
des auteurs des Guignols
de l'info
durant tant d'années au vu de l'indigence des dialogues de son
premier long-métrage. L'ensemble est d'une lourdeur abyssale
renforcée par une sur-interprétation de la part de l'acteur
franco-algérien. Lequel n'est pourtant pas le plus navrant puisque
Alban Ivanov est lui, carrément ultra poussif. D'une manière
générale, le film n'est absolument pas drôle. Ni même ne
serait-ce que distrayant. Ensuite, retour raté pour Smaïn Faïrouze
huit ans après sa dernière apparition sur grand écran dans Les
Portes du soleil de
Jean-Marc Minéo. Aux côtés de Booder (nom de scène de l'humoriste
franco-marocain Mohammed Benyamna), les deux hommes incarnent
respectivement les inspecteurs Bachir et Mahmoud. Là encore, le
résultat à l'écran est désastreux. On en aurait presque mal pour
l'ancien pensionnaire du Théâtre
de Bouvard.
Quant à la présence de l'actrice Clotilde Courau dans le rôle de
Julie, l'agent d'Alex, celle-ci ne résout en rien le problème. Même
lorsque le réalisateur essaie d'apporter un peu de profondeur au
récit en rapport avec les sentiments qu'éprouve Abdel pour une
certaine Nassima (une quinzaine de rôles sur petit et grand écran
en vingt-cinq ans de carrière pour l'actrice Saâdia Ladib), là
encore, ça ne fonctionne pas. En une semaine, le film n'attirera
qu'un peu plus de soixante-douze mille COURAGEUX (inconscients ?)
spectateurs dans les salles obscures malgré ses 397 copies. Au
final, Le médecin imaginaire nous
abandonne avec le sentiment d'avoir été dupés une fois de plus.
Souhaitons (nous) que Ahmed Hamidi prenne la bonne décision en
cessant immédiatement toute activité dans le domaine du cinéma,
son frère étant un peu plus à l'aise que lui aux commandes de
comédies...
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