Dans un lycée, à 14h37
très précise, le corps ensanglanté d'un(e) étudiant(e) et
retrouvé dans les toilettes de l'établissement. Plus tôt dans la
matinée, les élèves entrent en cours. Chacun avec ses rêves et
ses propres appréhensions. Marcus est très fier de son père. Il
espère devenir aussi respectueux et investit dans son futur métier
que lui. Sa sœur Melody est une jeune adolescente angoissée qui
aime les animaux et rêve de devenir institutrice. Luke est un beau
jeune, sportif et très populaire. Il se masturbe régulièrement
dans sa chambre dont les murs sont tapissés de posters de femmes en
bikini. Il passe du temps assis devant son ordinateur à contempler
des photos érotiques. Il se sait bien fait, rêves de devenir
footballeur professionnel, et se fiche totalement des cours qui lui
sont prodigués. Sean quand à lui est un jeune homosexuel qui
s'assume entièrement et qui consomme de grande quantités d'herbe.
Il aime et fréquente en secret un camarade à lui qui par contre
n'assume pas sa propre homosexualité et cela désespère Sean. Sarah
est une jeune adolescente, jolie, mince, et très attachée à son
apparence. Elle est également fiancée à Luke. Elle rêve de
mariage et adore l'idée d'être amoureuse. Et enfin Steven.
Originaire d'Angleterre, ce jeune garçon a deux sérieux handicaps
qui le placent irrémédiablement dans la catégorie des
souffre-douleur. Steven tente bien de relativiser mais le poids qui
pèse sur lui est chaque jour plus dur à supporter. Comme l'idée
d'avoir encore quatre-vingt dix jours à passer dans ce lycée avant
que n'arrive la fin de l'année scolaire...
Tout ce petit monde se
croise, se frôle, se provoque ou s'évite. Jusqu'à aujourd'hui,
2H37 est l'unique réalisation du cinéaste Murali K.
Thalluri. Tentant probablement de surfer sur le succès de la Palme
d'or du Festival de Cannes en 2003, Elephant, le film narre le
quotidien de sept adolescents mal dans leur peau. Si certains des
portraits dressés nous apparaissent dans un premier temps comme ceux
d'une adolescence touchant du doigt le
"rêve américain", cette impression s'efface assez
rapidement pour laisser un étrange goût amer. Thalluri semble être
uniquement intéressé par les adolescents à problèmes. Et dieu
sait que son film en regorge puisqu'il règne une atmosphère de
pessimisme que rien ne semble pouvoir endiguer. Traité de manière
relativement crue, on assiste à un étalage assez complaisant des
maux qui touchent Marcus, sa sœur Melody, Luke, Steven et les
autres. Le cinéaste en profite pour aborder des sujets aussi divers
que l'homosexualité, le handicap, l'intégration ou encore le viol
et l'inceste.
A partir de ce constat,
le spectateur à une heure trente pour essayer d'identifier le
candidat potentiel au suicide. Filmé à la manière de l'excellent
film de Gus Van Sant, 2H37
suit des personnages longeant les couloirs d'un établissement qui se
vide à mesure que la journée avance. Les cris des adolescents
(toujours filmés hors champ) disparaissent. Tout comme les
nombreuses silhouettes qui finissent par ne plus se compter que sur
les doigts d'une seule main. Ici pas de longs plans-séquences.
L'intrigue est régulièrement entrecoupée de pseudos-interviews des
sept principaux interprètes, histoire d'en savoir un peu plus sur ce
qui les ronge.
Se
voulant certainement réaliste, Murali K. Thalluri en rajoute
peut-être un peu trop. Steven a une jambe plus courte que l'autre,
et donc, il boite. Mais comme si cela ne suffisait pas, le jeune
garçon possède deux urètres dont l'un fonctionne très mal. Ce qui
provoque chez lui une incontinence qui se voit lorsqu'il s'urine
dessus. De quoi en faire bouc émissaire des sportif et le sujet de
remarques de la part des belles jeunes étudiantes du lycée. Melody
quand à elle tombe enceinte. Non seulement on apprend qu'elle est
régulièrement violée depuis ses treize ans mais que le responsable
n'est autre que son frère Marcus. On sombre alors dans une
atmosphère particulièrement glauque, le film dressant le portrait
de futurs névrosés.
Interprétés
par des acteurs pour la plupart amateurs, ces derniers s'en sortent
relativement bien même si l'on peut s’énerver de certains détails
(le viol de Melody sans véritable impact sur l'émotivité des
spectateurs). Si un seul acteur pourra retenir notre attention, il
s'agira sans doute de Charles Baird (qui interprète Steven), l'un
des rares qui parvient à véritablement nous toucher. Comparé à
Elephant, 2H37
ne fait malheureusement pas le poids. Pourtant, le film se laisse
voir sans véritable rejet. Tout au plus l'envie de savoir qui se
cache derrière la porte close poussera les plus réticents à tenir
jusqu'à la conclusion...
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