A l’abri d'un
laboratoire souterrain, Victor Frankenstein et sa compagne et
collaboratrices Marie sont enfin parvenus au bout de leurs expérience
en donnant la vie à un individu créé de toutes pièces.
« Monstre » n'est encore qu'un enfant dans le corps d'un
adulte. Il est clair dans sa tête que Marie est sa mère. Mais alors
que les deux scientifiques sont persuadé d'avoir créé l'homme
parfait, les cellules de «Monstre » dégénèrent, forçant
Marie et Victor à prendre une cruelle décision : ils vont en
effet faire le choix d'euthanasier le création qu'ils estiment avoir
peu de chance de survivre. Mais alors que Victor et un assistant
s'apprêtent à mettre un terme à l'existence de « Monstre »,
celui-ci se révolte et prend la fuite.
Le voici désormais à
l'air libre, et dans un monde qu'il lui est totalement étranger.
Parcourant les rues d'une cité inconnue, il va se rendre compte qu'y
vivre n'est pas de tout repos. Inconscient de ses capacités
physiques et de son apparence, « Monstre » va sillonner
la ville et se rendre compte combien l'humanité peut être belle et
cruelle à la fois...
Le cinéaste britannique
Bernard Rose auquel on doit notamment Paperhouse et
Candyman revient en 2015 avec Frankenstein,
après avoir réalisé pour la télévision le téléfilm Paganini,
Le Violoniste du Diable. Se réappropriant totalement le
mythe créé par Mary Shelley en 1818 avec son célèbre roman
Frankenstein ou le Prométhée Moderne, Bernard Rose transpose
le récit non plus à l'époque originelle mais dans un contexte
moderne, celui du temps présent. Le britannique fait de sa créature
un être profondément humain ignorant encore les codes en vigueur.
Alors même que sont ignorées les différentes étapes menant à la
création de cet individu au mode de pensée qui lui est propre, le
film s'ouvre sur l'accomplissement d'années de recherches opérées
par le fameux Victor Frankenstein du titre (Danny Huston) et sa
compagne et chercheuse Marie (Carrie-Anne Moss, initialement connue
pour avoir interprété le rôle de Trinity dans la trilogie Matrix).
Bernard Rose met en
parallèle deux univers diamétralement opposés. D'un côté, un
laboratoire éclairé artificiellement. Une lumière jaune, intense,
lumineuse, découverte de la vie pour « Monstre », mais
remplacée par la froideur d'un éclairage bleu, signifiant le froid
de la mort à venir pour cette créature qui finalement ne revêt que
l'apparence d'un sujet d'expérimentation. De l'autre, la liberté.
Un espace infini, jamais véritablement cerné par aucun mur. Cette
fois-ci, la lumière, c'est celle du soleil prodiguant une douce et
agréable chaleur sur le corps endolori de la créature. Une bien
maigre consolation pour cet homme trahi par sa « maman »,
mais qui tel un chien, lui a déjà pardonné et espère bien la
revoir un jour. Le caractère inquiétant du laboratoire que la
créature pouvait encore considérer moins d'une heure auparavant
comme un cocon maternel rassurant donne un côté tranquillisant à
la nouvelle vie qui s'offre à « Monstre ». sauf que
l'Enfer, ça n'est justement pas ce laboratoire souterrain dont il
s'est arraché dans la douleur (le meurtres des deux policiers) mais
bien cette cité qu'il va traverser, rencontrant au gré de ses
découvertes des individus que le roman abordait déjà à l'origine.
On retrouve notamment la petite fille que la créature jette
inconsciemment dans l'eau. L'aveugle aussi est de retour. Cette
fois-ci, il ne s'agit plus du patriarche d'une famille de paysans
mais d'un clochard qui va patiemment lui apprendre à parler. Tony
Todd interprète ce clochard. C'est la seconde fois que l'acteur et
Bernard Rose travaillent ensemble puisque Tony Todd était lui-même
le Candyman du titre éponyme.
Frankenstein est
une œuvre cruelle, qui montre bien qu'il n'y a pas pire prédateur
que l'homme et que même sous des apparences effroyables et une
incapacité à réfléchir, un individu n'est pas forcément le plus
mauvais d'entre eux. Bernard Rose exhibe une police violente,
meurtrière (la tentative de meurtre sur « Monstre »
n'étant légalement pas justifiée), jouissant des coups qu'elle
porte sur cet être différent, pourrissant et à la recherche de
celle qu'il aime : sa « maman ». Le film directement
distribué en DTV (Direct To Video) ne semble pas avoir conquis grand
monde. Pourtant, sous des allures de petit film sans grands moyens,
Frankenstein est
en réalité une belle réussite. Violent et émouvant à la fois, le
film de Bernard Rose ne peut laisser indifférent., l’œuvre étant
intégralement imprégnée de l'interprétation « habitée »
de l'acteur australien Xavier Samuel et de la très belle partition
musicale de Halli Cauthery...
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