Nous sommes le 02 février
2222. Le corps endormi du "Français", un ancien
trafiquant de drogue, est réanimé. Une fois réveillé, il est
interrogé et raconte son histoire. Dans le passé, il était le
maître incontesté du marché des drogues dans le pays. Du moins,
jusqu'à ce qu'une multinationale américaine vienne lui mettre des
bâtons dans les roues. Non seulement elle, mais aussi les élus
politique qui décidèrent de voter pour la légalisation des drogues
dures.
Pour ne pas avoir à
frayer avec l'ennemi, "Le Français" pris
la décision de rejoindre le FLTR (Front de Libération des
Toxicomanes Révolutionnaires) avant d'accepter finalement la
proposition de ralliement faite par "L'Américaine"
à son encontre. Les plus
virulents partisans du FLTR quittent l'organisation et la renomment
en FTR : le Front des Toxicomanes Révolutionnaires. Ce qu'ils
refusent : que les multinationales, à l'image de celle
représentée par "L'Américaine",
tirent des intérêts de la vente légale des drogues dures...
France Société
Anonyme risque de déconcerter
bon nombre d'entre nous. Film d'anticipation français, il est
réalisé par Alain Corneau, l'homme qui déstabilisa le public avec
son éprouvant Série Noire.
Première œuvre du cinéaste, le film est un objet curieux difficile
à cerner. Humour et violence font bon (ou mauvais, c'est selon)
ménage. Corneau imagine un futur décadent dans lequel la
pornographie est un élément important dan le monde de la publicité.
Pour attirer le public, il faut choquer. Le film est d'ailleurs à ce
point visionnaire puisqu'il faut voir avec quelle candeur les télés
du monde entier nous imposent aujourd'hui des images graphiquement
inimaginables il n'y a pas plus de vingt ans en arrière.
Les
politiques de cette fictions nous imposent également une vision
idyllique de la légalisation des drogues. C'est pour l'état, un bon
moyen de contrôler la qualité des produits afin de servir au mieux
les demandeurs. Quitte même à distribuer dans la rue, et par la
voie des grands trafiquants, une drogue coupée à la mort aux rats,
histoire de conforter aux yeux du public, leur opinion de politiciens
avisés. Bien avant que cela soit le cas ici, chez nous, le film
délivre le message sans cesse hypocrite de ses élus. Il suffit
juste de mettre en parallèle les motivations de ces derniers avec le
message qui selon les nôtres (d'élus) justifie l'augmentation
régulière du tabac (plus le tabac est cher, moins on fume. Quelle
connerie!).
Alain
Corneau tente avec maladresse d'injecter de l'humour dans cette œuvre
complexe et ambitieuse, mais qui désoriente plus qu'elle ne nous
divertis. Michel Bouquet interprète le rôle principal de manière
calamiteuse, comme s'il le projet ne l'inspirait pas du tout. Trop
alambiqué, le scénario a du mal à nous convaincre, d'autant plus
que pour une histoire anticipative, le film est avare en
effets-spéciaux. Le plus simple étant finalement de nous montrer un
héros tout juste éveillé de son long sommeil en 2222 et de
pratiquer un retour vers le passé presque instantané. De quoi
économiser en décors et en bolides futuristes.
Aujourd'hui,
pour un film d'anticipation, France Société Anonyme a
relativement mal vieilli.On n'en voudra malgré tout pas trop
à Alain Corneau qui, depuis, nous a largement prouvé tout son
talent de cinéaste. Ce premier essai restera sinon comme un curieux
objet, du moins une tentative malheureuse d'anticipation à la
française. Dommage...
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