Lorsque l'on évoque le
Whodunit au cinéma, on pense
tout d'abord à sa variante littéraire et notamment à la romancière
britannique Agatha Christie même si cette dernière n'est pas la
seule à avoir écrit tout un ensemble d'ouvrages reposant sur des
énigmes policières. Si les plus célèbres détectives du Whodunit
demeurent Hercule Poirot et Miss Jane Marple, d'autres ont su retenir
l'attention des amateurs d'enquêtes policières où l'humour est
omniprésent mais où s'emberlificotent toute une série d'indices et
de suspects qui laissent au spectateur l'occasion de d'incriminer tel
ou tel personnage avant que l'enquêteur ne lui révèle en toute fin
d'intrigue le véritable nom du tueur. Sur grand écran, le genre
remonte à des décennies et là encore, ce sont les adaptations
d'Agatha Christie dont on nous continuons de nous souvenir non
seulement pour leur diabolique mise en scène, leur passionnante
intrigue mais aussi leur impressionnant florilège d'interprètes. Le
Crime de l'Orient-Express
de Sidney Lumet en 1974. Mort sur le Nil
de John Guillermin en 1978. Le miroir se brisa
en 1980 et Meurtre au soleil deux
ans plus tard, tous deux réalisés par Guy Hamilton. Mais si Agatha
fut une source d'inspiration intarissable, d'autres n'ont pas eu
besoin de ses talents pour produire d'authentiques perles du
Whodunit.
Un seul exemple ? Un cadavre au dessert
réalisé par Robert Moore en 1976 et scénarisé par Neil Simon. Si
le film n'entretient que de très loin une parenté avec l'univers de
la romancière britannique, deux personnages feront cependant
références aux deux plus célèbres détectives qu'elle créa de sa
plume. Si tout un tas de longs-métrages ont repris depuis les codes
du Whodunit
avec plus ou moins de bonheur, les classiques du genre ont depuis
refait leur apparition sur grand écran grâce (ou à cause) au
réalisateur et acteur britannique Kenneth Branagh. En effet, le
célèbre détective Hercule Poirot à célébré son retour sur
grand écran à travers les remakes du Crime de
l'Orient-Express en 2017
et Mort sur le Nil
en 2022. La France elle aussi s'est essayée au genre par l'entremise
de la comédie pure avec Mystère à Saint-tropez
de Nicolas Benamou, lequel possède deux... ''privilèges''.
Celui d'être tout d'abord la pire comédie à avoir vu le jour
l'année dernière et ensuite, celui d'être probablement le pire
Whodunit
de l'histoire du cinéma. Une réputation typiquement française que
semble avoir pourtant racheté cette année le réalisateur Nicolas
Pleskof grâce à son Murder Party
interprété par une intéressante galerie d'acteurs parmi lesquels
Eddy Mitchell, Miou-Miou, Alice Pol ou encore Pascale Arbillot,
Gustave Kervern et Zabou Breitman...
Mais
l'une des grosses surprises pour les amateurs du genre fut l'arrivée
en salle fin 2019 de l'excellent Knives Out
de Rian Johnson (auteur entre autres de l'excellent film de
science-fiction Looper en
2012). Sorti chez nous le 27 novembre de cette année là, le film
est non seulement un superbe hommage au genre Whodunit
mais également l'un des meilleurs représentants de sa catégorie.
Hercule Poirot et Miss Marple sont ici remplacés par Benoît Blanc,
un détective privé engagé on ne sait par qui afin d'enquêter sur
le suicide supposé d'un richissime romancier qui se serait lui-même
tranché la gorge. Le film réunit une très intéressante brochette
d'interprètes parmi lesquels Daniel Craig qui interprète le
détective, Christopher Plummer dans le rôle de la victime Harlan
Thrombey, Jamie Lee Curtis dans celui de sa fille Linda Drysdale, Don
Johnson dans celui de son époux, Michael Shannon dans la peau du
frère Walter ou encore Ana de Armas qui incarne Marta Cabrera,
l'infirmière de l'écrivain et principal personnage de l'intrigue.
Tourné dans le Massachusetts et essentiellement dans une authentique
demeure de style néo-gothique située près de Boston, les décors
sont l’œuvre du chef-décorateur David Crank qui œuvra notamment
sur les tournages de Hannibal
de Ridley Scott en 2001 et de The
Tree of Life de
Terrence Malik dix ans plus tard. Le caractère faussement léger du
détective Benoît Blanc fait évidemment directement référence à
ceux d'Agatha Christie mais démontrera en toute fin de métrage sa
propension à dénouer le nœud de l'affaire. Une conclusion
absolument magistrale qui ne démérite en rien face aux classiques
du genre. L'une des originalités du long-métrage demeure dans le
fait qu'une partie de la vérité nous est révélée presque
d'emblée. Mais c'est sans compter sur l'ingéniosité de l'écriture
et de la mise en scène qui nous offrent au final une machination
particulièrement diabolique. Volontairement surjoué par une partie
du casting (Daniel Craig et Jamie Lee Curtis en font notamment des
tonnes), Knives
Out
est une œuvre brillante, ponctuée d'innombrables dialogues écrits
aux petits oignons, entre joutes verbales et guerres intestines au
cœur d'une famille dont les rancœurs s'exaltent à mesure que les
esprits s'échauffent et que soit révélée la vérité. Notons que
la diffusion prochaine d'une séquelle est prévue cette année sur
la plateforme Netflix,
avec, toujours dans le rôle du détective Benoît Blanc l'acteur
Daniel Craig
et
que Rian Johnson a déjà prévu un troisième volet pour l'année
2025...
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