Deux ans après le
premier volet de son hexalogie consacrée à La Vie Sexuelle
des Belges,
le réalisateur Jan Bucquoy poursuit son autobiographie avec Camping
Cosmos.
Une fois de plus, on retrouve logiquement l'acteur Jean-Henri Compère
dans le rôle de Jan Buvquoy. Huit ans ont passé depuis le récit de
La Vie Sexuelle des Belges 1 1950-1978.
Maintenant, Jan est l'auteur de pièces de théâtre engagées
interprétées par une comédienne qui ne croit pas en lui et
animateur culturel envoyé par le Ministère de la Culture. De plus,
Jan doit gérer la présence de sa fille Eve qui après avoir subit
un viol en Italie est venue se réfugier au camping. Cependant,
l'animateur ne se dépare pas de sa bonhomie, même lorsque tout
semble aller de travers. Plus qu'un hommage aux femmes qu'il met
parfois cependant au premier plan, Jan Bucquoy réunit une faune
bigarrée figurant une population belge respectant la même tradition
depuis des années : se retrouver au bord d'une plage, échanger
des sujets de conversation, bronzer au soleil, tromper son épouse
(et vice, versa), participer à un concours de chant, puis de
beauté. Parler foot, politique et art dramatique. Une poésie brute
qui a cependant rencontré quelques problèmes avec le gouvernement
flamant qui refusa d'abord de financer en partie le projet de Jan
Bucquoy avant que le Conseil d’État n'en décide autrement. Et
tout ça parce que parmi les ''convives'' du cinéaste belge, on
retrouve au générique l'actrice pornographique Lolo Ferrari...
Nanti
d'un faible budget, le Camping Cosmos
du titre ne bénéficie pas d'une infrastructure particulière. Une
plage, la mer comme point d'horizon et des caravanes posées ici et
là au petit bonheur la chance. Question décors, on a donc déjà vu
mieux (Au hasard, Dupont Lajoie
d'Yves
Boisset), mais l'essentiel est ailleurs. Dans ces couples souvent
dysfonctionnels parmi lesquels on retrouve justement Lolo Ferrari,
surtout connue pour avoir subit de nombreuses opérations portant son
tour de poitrine à 180 cm. L'entarteur Noël Godin, dans le rôle de
l'écrivain bien réel Pierre Mertens, Jan Bucquoy lui-même qui
incarne celui de Zbigniew Cybulski, le compagnon d'une terroriste. Ou
encore le chanteur, auteur, acteur et humoriste Claude Semal qui
interprète son propre rôle, affublé d'un pantalon de golf, d'un
pull bleu ciel, d'une houppette et d'un fox-terrier (vous pensez à
quelqu'un de connu en particulier?) et demeure incapable de jouir
sans vomir sur sa partenaire !
Camping
Cosmos,
c'est le théâtre de l'absurde. Incongru, licencieux, tournant
autour du sexe, du couple, de l'amour, de l'infidélité. Parfois
scabreux (mais très peu), mais toujours poétique. Parmi les autres
interprètes, on retrouve le chanteur culte Arno Hintjens (le
Gainsbourg flamant auquel certains le comparent parfois) en couple
avec Jan Decleir. L'écrivain Herman Brusselmans qui incarne ici un
peintre recouvrant les caravanes de citations (''La
femme est mystérieuse comme la vache !''
de l'écrivain et poète Louis Scutenaire). Ou encore Jacques Calonne
qui comme Claude Semal interprète son propre rôle dans la peau d'un
représentant du ministère de la culture. Les véritables héros ne
sont pas tant les interprètes que les personnages qu'ils incarnent.
Le vent se lève, le soleil se couche, et tout est à refaire. Une
vendeuse de frites rêve d'une autre vie, un vieil homme lubrique
échange des sucettes contre des culottes de poupées, Lolo Ferrari
rêve de découvrir l'orgasme et Jan Bucquoy de retrouver l'amour de
sa fille. Tout ceci est un peu foutraque et pas toujours très bien
interprété. Mais là encore, l'essentiel est ailleurs. Ce second
volet de La
Vie Sexuelle des Belges
est généreux, profondément humaniste et Jean-Henri Compère
toujours aussi attachant. Une blague belge à la hauteur des
ambitions d'un artiste qui, plus que de se ficher de ses semblables,
leur rend un vibrant hommage...
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