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vendredi 13 septembre 2019

Beowulf de Graham Baker (1999) - ★★☆☆☆☆☆☆☆☆



Inspiré d'un poème épique majeur de la littérature anglo-saxonne datant probablement du dixième siècle, Beowulf reste sans doute l'un des plus improbables navets auxquels l'acteur franco-américain Christophe Lambert ait eu l'occasion de participer. Et rien qu'à ce titre, les amateurs de séries Z et autres nanars peuvent lui baiser les pieds. À lui, mais au cinéaste Graham Baker également qui signe là un véritable monument. L'acharnement avec lequel le réalisateur, les scénaristes Mark Leahy et David Chappe, le casting et les responsables des différents départements techniques ont mis en œuvre toute leur absence de savoir-faire transpire à chaque plan. C'est sans doute essentiellement pour avoir joué dans ce long-métrage de fin de siècle (sorti en 1999) que Christophe Lambert mérite sa si peu enviable réputation de mauvais acteur. Et pourtant, c'est bien ses expressions faciales monolithiques que le spectateur aura l'occasion de louer, passant par toute une gamme d'intonations qui au final, se ressemblent toutes. Mais si Beowulf paraît aussi incongru, c'est aussi dans son mélange plus que douteux entre univers féodal et musique techno pour amateurs de tuning originaires du Nord Pas de Calais !

Plus qu'un simple film fantastique, d'action et de fantasy Beowulf est d'abord une formidable comédie, involontaire soit, mais irrésistible de bout en bout. Dans des décors de carton-pâte (en fait, ce qui apparaît comme les restes d'un modeste château en Roumanie où fut tourné le film), Graham Baker essaie de nous embarquer dans une histoire d'une affligeante simplicité pompant en partie un mythe du cinéma fantastique sorti seize ans plus tôt, le très sombre et très étrange The Keep (La Forteresse Noire) de Michael Mann. Évoquons également les dialogues qui dans le genre, surpassent tout ce que l'on a pu entendre depuis bien des années en matière de stupidité. Bas du front, répétitifs et parfois faussement philosophiques, Beowulf en tient dans le domaine, une sacrée couche. Les combats sont quant à eux pathétiques et surtout mal chorégraphiés. Voir une centaine de figurants tenter de tuer le héros incarné par Christophe Lambert en cavalier solitaire provenant d'un western spaghetti de seconde zone tout en mettant des plombes pour s'en approcher a de quoi laisser circonspect. Le long-métrage de Graham Baker nous apprendra également d'où vient cette façon si particulière qu'ont les rappeurs de marcher de nos jours.Car même si l'époque demeure indéfinie, le spectateur sera en droit de supposer que l'intrigue se situe à peu de chose près entre le dixième et le dix-septième siècle. D'où les gesticulations à peine refrénées du maître d'arme de la forteresse où se situe l'action du film.

Je suis l'incarnation de tes désirs et de tes rêves...
(la mère de Grendel) 

Techno ultra cheap, world music arabisante de mauvais aloi (à quel moment s'inscrit-elle dans un contexte géographique oriental ? Devinez... Jamais !), jeu d'acteur à la limite de l'amateurisme, la médaille d'or ne revenant pas à Christophe Lambert mais à l'acteur allemand Götz Otto qui lors des combats (et notamment un duel qui l'oppose au héros) semble s'être cru sur les planches d'une pièce de théâtre, posant comme un archétype de jeu de rôle vidéo à l'ancienne. D'ailleurs, à ce propos, il est intéressant d'évoquer les effets-spéciaux absolument dégueulasses. Outre des environnements qui donnent la chair de poule de par leur laideur et le peu de cas qu'en font les départements ''décors'' (Jonathan A. Carlson) et ''photographie'' (Christopher Faloona), le film de Graham Baker se voit offrir des effets-spéciaux numériques à peine digne de la Playstation... 1 !!! C'est laid et rappelle vaguement ces quelques séries qui eurent le vent en poupe au milieu des années quatre-vingt dix (Hercule et Xena la Guerrière) mais en moins bon... ou plus mauvais, c'est à vous de choisir. Sûr que la scène finale lors de laquelle la forteresse explosera (ouais, je balance) ne vous laissera pas indifférent. Quant à la créature qui est au centre de toutes les attentions, réalisée entièrement en images de synthèses tout sauf réalistes, le spectateur n'y portera qu'un intérêt tout relatif. On finit par si bien se foutre de l'histoire et du sort des protagonistes que notre attention se porte assez rapidement sur l'actrice Rhona Mitra qui se fit connaître en 1997 après avoir été choisie pour représenter l'iconique Lara Croft du second jeu vidéo de la franchise sorti la même année et qui surtout, possède des arguments physiques indéniables. Pour le reste, Beowulf est un très, très, très mauvais film de fantasy et d'action mais sans doute l'un des plus grands nanars de l'histoire du cinéma. À voir, donc... ou pas...

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