Inspiré d'un poème épique majeur de la littérature anglo-saxonne
datant probablement du dixième siècle, Beowulf
reste
sans doute l'un des plus improbables navets auxquels l'acteur
franco-américain Christophe Lambert ait eu l'occasion de participer.
Et rien qu'à ce titre, les amateurs de séries Z et autres nanars
peuvent lui baiser les pieds. À lui, mais au cinéaste Graham Baker
également qui signe là un véritable monument. L'acharnement avec
lequel le réalisateur, les scénaristes Mark Leahy et David Chappe,
le casting et les responsables des différents départements
techniques ont mis en œuvre toute leur absence de savoir-faire
transpire à chaque plan. C'est sans doute essentiellement pour avoir
joué dans ce long-métrage de fin de siècle (sorti en 1999) que
Christophe Lambert mérite sa si peu enviable réputation de mauvais
acteur. Et pourtant, c'est bien ses expressions faciales
monolithiques que le spectateur aura l'occasion de louer, passant par
toute une gamme d'intonations qui au final, se ressemblent toutes.
Mais si Beowulf
paraît aussi incongru, c'est aussi dans son mélange plus que douteux
entre univers féodal et musique techno pour amateurs de tuning
originaires du Nord Pas de Calais !
Plus
qu'un simple film fantastique, d'action et de fantasy Beowulf
est d'abord une formidable comédie, involontaire soit, mais
irrésistible de bout en bout. Dans des décors de carton-pâte (en
fait, ce qui apparaît comme les restes d'un modeste château en
Roumanie où fut tourné le film), Graham Baker essaie de nous
embarquer dans une histoire d'une affligeante simplicité pompant en
partie un mythe du cinéma fantastique sorti seize ans plus tôt, le
très sombre et très étrange The
Keep (La
Forteresse Noire)
de Michael Mann. Évoquons également les dialogues qui dans le
genre, surpassent tout ce que l'on a pu entendre depuis bien des
années en matière de stupidité. Bas du front, répétitifs et
parfois faussement philosophiques, Beowulf
en
tient dans le domaine, une sacrée couche. Les combats sont quant à eux pathétiques
et surtout mal chorégraphiés. Voir une centaine de figurants tenter
de tuer le héros incarné par Christophe Lambert en cavalier
solitaire provenant d'un western spaghetti de seconde zone tout en
mettant des plombes pour s'en approcher a de quoi laisser
circonspect. Le long-métrage de Graham Baker nous apprendra
également d'où vient cette façon si particulière qu'ont les
rappeurs de marcher de nos jours.Car même si l'époque demeure
indéfinie, le spectateur sera en droit de supposer que l'intrigue se
situe à peu de chose près entre le dixième et le dix-septième
siècle. D'où les gesticulations à peine refrénées du maître
d'arme de la forteresse où se situe l'action du film.
Je suis l'incarnation de tes désirs et de tes rêves...
(la mère de Grendel)
Techno
ultra cheap, world music arabisante de mauvais aloi (à quel moment
s'inscrit-elle dans un contexte géographique oriental ?
Devinez... Jamais !), jeu d'acteur à la limite de l'amateurisme, la
médaille d'or ne revenant pas à Christophe Lambert mais à l'acteur
allemand Götz Otto qui lors des combats (et notamment un duel qui
l'oppose au héros) semble s'être cru sur les planches d'une pièce
de théâtre, posant comme un archétype de jeu de rôle vidéo à
l'ancienne. D'ailleurs, à ce propos, il est intéressant d'évoquer
les effets-spéciaux absolument dégueulasses. Outre des
environnements qui donnent la chair de poule de par leur laideur et
le peu de cas qu'en font les départements ''décors'' (Jonathan A.
Carlson) et ''photographie'' (Christopher Faloona), le film de
Graham Baker se voit offrir des effets-spéciaux numériques à peine
digne de la Playstation...
1 !!! C'est laid et rappelle vaguement ces quelques séries qui eurent le
vent en poupe au milieu des années quatre-vingt dix (Hercule
et Xena la Guerrière)
mais en moins bon... ou plus mauvais, c'est à vous de choisir. Sûr
que la scène finale lors de laquelle la forteresse explosera (ouais, je balance) ne vous laissera pas indifférent. Quant à la
créature qui est au centre de toutes les attentions, réalisée
entièrement en images de synthèses tout sauf réalistes, le
spectateur n'y portera qu'un intérêt tout relatif. On finit par si
bien se foutre de l'histoire et du sort des protagonistes que notre
attention se porte assez rapidement sur l'actrice Rhona Mitra qui se
fit connaître en 1997 après avoir été choisie pour représenter
l'iconique Lara Croft du second jeu vidéo de la franchise sorti la
même année et qui surtout, possède des arguments physiques
indéniables. Pour le reste, Beowulf
est un très, très, très mauvais film de fantasy et d'action mais
sans doute l'un des plus grands nanars de l'histoire du cinéma. À
voir, donc... ou pas...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire