Michelle a claqué la
porte de chez elle, abandonnant ainsi son compagnon. A bord de sa
voiture, et alors que celui-ci tente de résonner la jeune femme,
Michèle est percutée par un autre véhicule qui la fait basculer
dans un ravin. Lorsqu'elle ouvre les yeux, elle est enfermée dans
une pièce, une minerve à la jambe droite et une chaîne l'empêchant
de se mouvoir. Persuadée d'avoir été kidnappée, elle supplie
l'homme qui se présente à elle de ne pas lui faire de mal et de la
laisser partir. Afin de bien lui faire comprendre qu'elle ne risque
rien, l'homme, qui prétend s'appeler Howard lui apprend que le pays
tout entier a été victime d'une attaque terroriste et que l'air,
dehors, est devenu irrespirable. Personne selon lui n'a pu survivre à
l'attaque chimique lancée contre les États-Unis mais pourtant,
Michèle est persuadée d'avoir entendu une voiture au dessus de la
pièce dans laquelle elle est enfermée.
Elle fait également la
connaissance de Emmet DeWitt, un jeune homme qui aida Howard à
construire ce qui se révèle être en réalité un bunker
souterrain. Comme l'affirme le propriétaire des lieux, Michèle
n'est pas sa prisonnière, et c'est de plus grâce à lui qu'elle est
encore en vie. Doutant encore de la véracité des faits relatés par
les deux hommes, la jeune femme tente de fuir les lieux mais constate
que dehors, d'étranges événements ont bien eu lieu.
La grande question que
l'on se pose lorsque l'on découvre la bande-annonce de 10
Cloverfield Lane, du moins tous ceux qui avaient déjà vu
Cloverfield, est de savoir si les deux œuvres ont un
quelconque rapport. Si le nom du producteur apparaît dans les deux
projets et que les titres ont tout deux une curieuse similitude, il y
a dans l'affichage du titre de 10 Cloverfield Lane
lors du générique quelque chose qui nous pousse encore davantage à
croire que les deux films ont un lien on ne peut plus probable.
Pourtant,
tout y semble bien différent : à commencer par les
réalisateurs. Ce n'est plus Matt Reeves qui réalise 10
Cloverfield Lane mais
Dan
Trachtenberg. Par contre, ne plus y retrouver le moindre personnage
de Cloverfield
premier du nom est une évidence puisqu'aucun d'entre eux n'a survécu
à cette éprouvante nuit de cauchemar qu'ils ont vécu. Exit le
found-footage. Terminés les buildings, les rues encombrées de
voitures et d'habitants ne sachant vers qu'elle issue de secours
s'enfuir. On plonge cette fois-ci dans un univers qui tranche
nettement avec l'urbanisme du premier volet puisque le bunker de
Howard, admirablement interprété par le génial John Goodman, vit
dans une ferme, à la campagne, et entourée de champs de maïs.
Pourtant, malgré un univers qui se veut idyllique se cache le vrai
décor du film. Ce bunker aménagé par l'un de ces américains
paranoïaques que l'on nomme désormais survivalistes et qui révèle
tout d'abord un esprit confus. Et même totalement barré puisque
Howard n'a que peu d'humour et surtout un sens très personnel de
l'hospitalité.
10 Cloverfield Lane
n'est
pas tout à fait un sans faute mais presque. Ce huis-clos angoissant
servi par un trio d'acteurs excellent part un peu dans toutes les
directions. Mais ce qui ailleurs aurait pu générer un résultat
brouillon et impersonnel aide ici à maintenir un suspens de plus en
plus inquiétant. Howard est-il fou ? Un événement s'est-il
réellement produit à l'extérieur ? Et quels sont ces bruits
étranges qui parviennent du dehors ? Bien d'autres questions
nous viennent en tête. John Goodman est parfois terrifiant, son
comportement instable nous préparant (ainsi que les personnages de
Michèle (Mary Elizabeth Winstead) et Emmett (John Gallagher))
parfois au pire.
10 Cloverfield Lane
est
donc un bon film. Et même très réussi. Mais pourquoi alors avoir
nécessairement voulu plomber l'ensemble avec une fin d'une navrante
bêtise, ruinant presque l’homogénéité d'une œuvre qui aurait
dû pourtant se conclure lorsque l'héroïne se trouve face à cet
vaisseau qui rode à quelques lieues de là au dessus du champ de
maïs. Que dire de la suite. Quinze petite minutes éprouvantes de
naïveté. Comme si les producteurs avaient insisté pour que le film
se conclue par une vision aussi marquante que la première apparition
de la créature dans le film de Matt Reeves. La sobriété générale
du film est brisée par une intervention gagesque,
digne d'un très mauvais blockbuster. Une surenchère inutile et
surtout, une invraisemblance qui termine de se moquer des spectateurs
qui jusque là avaient religieusement, et sans un mot, regardé une
œuvre qui demeurait alors sans faute. A voir donc, sans hésitation,
malgré un choix de conclusion parfaitement grotesque...
Ah nous venons de voir le film ce soir et Fred partage ton point de vue sur les dernières minutes du film. En revanche, j'aime presque cette fin car elle nous montre, contre toute attente, que Howard n'était pas si dingue que cela, ou, qu'en tout cas, comme je le dis souvent, il y a dans la paranoïa non pas un jugement complètement erroné mais une perspective de réalité. Je te rejoins, par contre, pour dire que le côté blockbuster nuit au film, tache vraiment une fin qui, avec plus de sobriété, aurait pu être grandiose : là, j'ai eu le sentiment que le film concluait par le très mauvais "La Guerre des Mondes" de Spielbeurk. Sans doute est-ce la disparition de Goodman qui enlève au film sa beauté presque parfaite.
RépondreSupprimer