David est célibataire.
Et parce qu'il n'a pas d'épouse ni de compagne, il est arrêté puis
emmené à l'Hôtel, un établissement dans lequel sont regroupés
les individus n'ayant pas de partenaire. Suivant un rituel, lui et
les autres doivent régulièrement se rendre dans une forêt afin d'y
chasser ceux qui comme eux sont condamnés à finir transformés en
l'animal de leur choix si passé le délai de quarante cinq jours,
ils n'ont pas mis la main sur l'âme sœur. Se chassant mutuellement,
ils doivent rapporter les corps endormis de ceux qu'ils seront
parvenus à capturer à l'aide d'un fusil hypodermique, un trophée
étant égal à une rallonge d'un jour.
Afin de se sortir de
cette situation délicate, David trompe une jeune femme insensible et
froide en lui faisant croire qu'ils sont faits l'un pour l'autre.
Mais celle-ci découvrant le pot au roses, David n'a plus qu'une
seule solution : fuir l'établissement et se rendre dans la
forêt où sont regroupés les membres d'une organisation formée par
des Solitaires. Contrairement à ce qui régit l'Hôtel, ici, les
sentiments sont mal venus. Si jamais deux des membres des Solitaires
sont découverts en train de flirter, un châtiment exemplaire leur
est infligé. Mais alors que David esr plutôt bien accueilli par le
groupe, il fait la connaissance d'une jeune femme qui comme lui, est
atteinte de myopie. Malgré les interdits, une idylle naît entre eux...
Film originaire de Grèce, de Grande-Bretagne, des Pays-Bas,
d'Irlande, de France et des États-Unis, The Lobster
(en français, Le Homard), n'est pas réellement une œuvre de
science-fiction comme annoncée dans la presse mais plus précisément
un film d'anticipation se déroulant dans un futur proche, imaginaire
et dystopique. En effet, le cinéaste et dramaturge grec Yórgos
Lánthimos et le scénariste Efthimis Filippou n'ont pas créé ici
un univers utopique, mais plutôt son contraire. Un monde sinistre
régit par des lois particulières et aseptisées où les rapports
amoureux sont tolérés sous certaines conditions.
Parfois
absurde, souvent amusant, quelquefois cru (certains dialogues
gratinés semblent s'être échappés d'obscures productions
pornographiques), assez sombre dans son ensemble, The
Lobster est une petite merveille
d'humour noir qui n'a pas laissé le jury du festival de Cannes de
2015 indifférent puisqu'il a remporté le Prix du Jury ainsi que
différentes récompenses en Europe et à été plusieurs fois
nominé. Tourné dans le comté de Kerry en Irlande, le film de
Yórgos Lánthimos propose des décors forestiers stupéfiants de
beauté. Entre les exercices
dont sont témoins les Solitaires enfermés dans l'Hôtel, les
épreuves qui leur sont imposées et le cachet particulier des bois,
refuge des rebelles, le contraste n'est pas aussi saisissant qu'on
aurait pu l'imaginer. Déjà, le cinéaste grec impose à ses
personnages, quel que soit le camp qu'ils ont choisi, des règles
strictes qui n'ont en fait aucun mérite comparées à celles de
leurs opposants tant les contraintes sont lourdes : la
transformation en animal d'un côté, et la condamnation par le
« Baiser Rouge »
de l'autre (dont les détails nous sont révélés dans le courant du
récit). De plus, l'aspect kitsch des pratiques imposées par les
partisans du « vivre en harmonie conjugale»
se prolongent d'une manière pourtant fort différente à travers les
peintures vivantes que représentent ces cartes postales délavées
que sont les plans filmés de cette forêt située aux abords d'un
lac.
The
Lobster
apparaît parfois si grotesque (dans le bon sens du terme) que l'on a
bien du mal à croire qu'un jour l'homme pourrait arriver à un tel
point d'aseptisation. Mais lorsque l'on voit vers quelle direction
tend notre monde, on finit par se poser des questions. Il s'agit en
réalité d'une allégorie, d'une réflexion sur notre monde, notre
mode de vie et sur les tendances à l'individualisme qui font la vie
dure à l'altruisme en général. D'un côté, une certaine forme
d'isolationnisme non politique, et de l'autre, un mode de restriction
émotionnelle qui rappelle parfois l'angoissant récit du très
paranoïaque L'Invasion
des profanateurs
de Philip Kaufman dans lequel les héros sont contraints de n'exprimer aucune émotion et de se fondre dans la masse sans cesse grandissante des envahisseurs, sous peine d'être confondus.
The
Lobster,
c'est aussi une belle brochette d'actrices et d'acteurs tels que
Colin Farell, Rachel Weisz, Ben Whishaw, Léa Sédoux, John C. Reilly
ou encore Olivia Colman (l'excellente série britannique
Broadchurch).
A voir absolument...
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