Sans arme, ni haine, ni
violence mais avec des casques de chantier, des pelles, des burins,
des pieds-de-biche et des chalumeaux... Voici donc comment prévoit
de s'attaquer à la Société Générale de Nice celui qui
deviendra le légendaire organisateur du Casse de Nice,
Albert Spaggiari, et que le romancier et cinéaste français José
Giovanni (Deux Hommes dans la Ville
en 1975, Le Ruffian
en 1983 ou encore Mon Père, il m'a Sauvé la Vie en
2001) fut le premier à mettre en scène trois ans après les faits.
Deux autres longs-métrages se pencheront sur ces événements. La
même année que le film de José Giovanni, soit en 1979, le
réalisateur britannique Francis Megahy réalise The
Great Riviera Bank Robbery
tandis qu'en 2007, l'humoriste, acteur et réalisateur Jean-Paul
Rouve se penche avant tout sur le personnage central d'Albert
Spaggiari. Ancien criminel condamné à mort en 1948 avant d'être
gracié, José Giovanni apparaît donc comme le candidat idéal pour
réaliser Les Égouts du Paradis,
adaptation du roman éponyme écrit par Albert Spaggiari lui-même et
édité au tout début de l'année 1977.
Le
long-métrage s'intéresse très nettement moins à son personnage
central qu'aux événements qui eurent lieu entre les préparatifs du
casse et son évasion cinq mois après son arrestation le 10 mars
1977. Et même si le réalisateur évoque la présence de Charlotte,
une vieille amie sur le point de mourir que l'on suppose être
imaginaire dans le contexte du récit basé sur des faits réels, ce
qui intéresse surtout José Giovanni, c'est ce week-end des samedi
17 et dimanche 18 juillet 1976 lors duquel Albert Spaggiari ainsi que
ses deux équipes réunies à l'occasion (la sienne ainsi que celle
du clan des
Marseillais)
ont dévalisé la Société Générale de Nice, l'événement
devenant le ''Casse
du Siècle''
avec une somme équivalente à trente millions d'euros actuels.
Francis Huster incarne assez justement le personnage-titre de l’œuvre
de José Giovanni, avec ce petit brin de folie et de mégalomanie
qu'on lui connaît. Autour de l'acteur, une belle brochette
d'interprètes : Jean-François Balmer, Clément Harari, Michel
Peyrelon, Jean Franval ou encore André Pousse dans le rôle de
''Machin'',
l'homme qui mettra en relation les deux équipes mais qui balancera
notamment Albert Spaggiari peu de temps après le casse. La petite
touche de féminité est quant à elle apportée par Lila Kedrova
(Charlotte) et Bérangère Bonvoisin dans le rôle de Mireille, seule femme à participer à
l'attaque de la Société Générale...
Confiée
à la rude tâche de réaliser une œuvre fidèle au roman et donc à
l'histoire d'Albert Spaggiari, la mise en scène de José Giovanni
explore sans artifices inutiles l'organisation et l'attaque de la
banque. La bande originale de Jean-Pierre Doering se fait discrète,
surtout lors du terrassement du tunnel souterrain situé dans les
égouts menant dans les sous-sols de la banque, et les acteurs
semblent avoir donné de leur personne lorsqu'il s'agissait pour eux
de longer les conduits envahis par les rats et l'eau croupie. À
travers l'écriture de Michel Audiard, on retrouve la verve du
dialoguiste qui sur un ton souvent humoristique évoque pourtant un
fait divers authentiquement marquant dans l'histoire du ''hold-up''.
Un événement exemplaire et retentissant que José Giovanni réussit
à rendre palpable non seulement grâce à sa mise en scène et sa
direction d'acteurs mais aussi en raison de conditions de tournage
parfois très rudes...
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