Commençons donc par un
peu de science : Le cortex cérébral, celui auquel se réfère
objectivement le quatrième long-métrage mis en scène par le
réalisateur et scénariste français Nicolas Boukhrief, est la
couche externe du cerveau et implique un nombre important de
fonctions cognitives. Les protéines Tau sembleraient entrer en
contact directe avec la maladie d'Alzheimer. Pathologie dont est
atteint le héros de Cortex,
du nom donné à l'ancien policier désormais à la retraite, Charles
Boyer, par ses anciens collègues. Une ambiguïté qui survient en
toute fin de long-métrage si l'on prend en compte qu'une telle
désignation puisse avoir un rapport avec ses qualités d'enquêteur
tandis que les spectateurs font sa connaissance alors même qu'il est
gravement malade. Touchant un individu dont les compétences sont non
seulement justifiées à travers ce surnom mais également par
l'entremise d'investigations ayant directement lieu dans l'enceinte
d'une clinique où désormais il est admis, on peut admettre les
efforts surhumains qu'il va devoir s'employer de mettre en place s'il
veut pouvoir résoudre cette série de morts qui semble directement
toucher certains résidents de la clinique. Considérant l'importance
des personnages secondaires entourant l'admirable André Dussollier,
Nicolas Boukhrief intègre au drame qui touche le principal
protagoniste une trame nébuleuse que l'on pourrait raccorder à
certains classiques du thriller américain. Dans Memento
de Christopher Nolan, un homme atteint d'amnésie antérograde
portait sur lui des tatouages tous relatifs à l'enquête qu'il
menait afin de ne rien perdre des éléments qu'il avait jusqu'ici
regroupé. Plus loin, un journaliste se faisait passer pour fou et
intégrait un hôpital psychiatrique afin d'enquêter de son côté
sur un meurtre dans l'excellent Shock Corridor
de Samuel Fuller. Troubles de la mémoire d'un côté, immersion dans
l'univers psychiatrique de l'autre.
Le
réalisateur et scénariste consomme et digère ces deux approches de
la science liée aux maladies ''mentales'' afin de décrire tout
d'abord le combat éternel d'un homme contre la maladie qui s'attaque
en partie à sa mémoire en cherchant à conserver les éléments de
preuves et les indices dans un cahier. L'un des ressorts de
l'intrigue se situe sur la réalité ou non de ce que perçoit
Charles Boyer. Rapportant les faits auprès d'un fils incrédule
(Julien Boisselier), persuadé que son père est victime
d'hallucinations liées à la maladie d'Azheimer et questionnant des
membres hospitaliers sur la cause des décès que l'on finit par
trouver beaucoup trop bienveillants pour être tout à fait honnête.
Nicolas Boukhrief nous emporte ainsi dans un dédale
psychologiquement tendu, représentation physique de l'esprit délité
d'un personnage seul face aux autres. Cortex
cultive ainsi les soupçons sans jamais vraiment remettre en question
les convictions de l'ancien flic. le directeur de la photographie
Dominique Colin et le responsable du sound design Nicolas Becker
exploitent un personnel et un cadre théoriquement sains qui pourtant
prennent un visage souvent inquiétant. Surtout lorsque les lumières
s'éteignent et que les intérieurs de la clinique se nimbent de
teintes aussi sobres qu'étouffantes et anxiogènes. Porté par un
André Dussollier personnalisant très efficacement cet ancien flic
atteint d'une maladie dégénérative et par l'ensemble du casting au
sein duquel nous reconnaîtront notamment Marthe Keller, Aurore
Clément, Philippe Laudenbach ou encore Gilles Gaston-Dreyfus dans le
rôle des principaux patients ainsi que Pascal Elbé, Claude Perron,
Claire Nebout ou Chantal Neuwirth dans celui du médecins et des
infirmières de la clinique, le long-métrage de Nicolas Boukhrief
est plutôt une bonne surprise malgré une résolution quant à la
réalité ou non des faits, un peu légère...
Il me semble l'avoir vu mais j'ai oublié... Je suis donc parfaitement raccord avec le sujet... :-)
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