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mardi 25 juin 2024

Piove de Paolo Strippoli (2022) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Il se dégage de Piove, second long-métrage du réalisateur italien Paolo Strippoli après toute une série de courts-métrages et sa collaboration avec Roberto De Feo en 2021 sur le projet A Classic Horror Story, un réel et puissant sentiment de désespoir. L'amour, les liens familiaux et l'amitié y sont dévoyés, déconstruits, défigurés au travers d'un récit qui mêle drame et épouvante. Nous sommes en 2022 et le film dit d'infectés parait avoir fait le tour d'horizon complet du genre depuis ses prémices qui semblent provenir du fin fond des années soixante-dix avec The Crazies de George Romero jusqu'aux plus récents exemples parmi lesquels l'on attend fébrilement 28 ans plus tard de Danny Boyle, troisième volet d'une franchise qui démarra en 2003 pour se poursuivre en 2007 et dont le dernier en date fut longtemps une arlésienne. Paolo Strippoli s'emploie ici à traiter son sujet avec éminemment plus de finesse que la plupart des concurrents en inscrivant le récit au sein d'une famille éclatée d'où la mère a disparue suite à un grave accident de la route causée selon son fils par son propre époux. Autant dire qu'Enrico (Francesco Ghegh) éprouve de grandes difficultés à communiquer avec son père Thomas (Fabrizio Rongione), responsable également de sa fille Barbara (Aurora Menenti), une jeune handicapée moteur. Avec un tel bagage et un tel parcours, on se doute que les tensions familiales vont participer de cette froideur permanente que développe tout d'abord le scénario de Jacopo Del Giudice, Gustavo Hernández et du réalisateur lui-même et que l'esthétique générale produite par la photographie de Cristiano Di Nicola accentue également. Ici, les âmes se déchirent. La relation entre le père et son fils n'est faite que de violence verbale, l'un et l'autre étant pratiquement prêt à se jeter l'un sur l'autre. Le seul point d'ancrage concernant l'amour est décrit à travers la relation tarifée de l'adolescent avec une prostituée. Quant à l'amitié entre ce même Enrico et Gianluca (Leon de la Vallée), celle-ci fut sans doute absorbée le jour où la mère de l'adolescent fut retrouvée morte. Dans un contexte social déjà terriblement lourd, Paolo Strippoli se joue des codes du film d'infectés pour appuyer la thématique de la violence urbaine qui depuis maintenant un certain nombre d'années fait régulièrement la une des médias.


Ici l'on évoque un vieillard de soixante-quinze ans ayant tué ses deux fils. Là, le meurtre au couteau d'un homme par sa conjointe qui lui a planté son arme à dix-sept reprises dans la poitrine. Une véritable épidémie reléguée par les réseaux sociaux qui transforment ces événements apparemment indépendants les uns des autres en actes de complotisme. Piove impose un certain mutisme à ses personnages. Cette difficulté à exprimer ses émotions sont comme une soupape prête à exploser et qu'une simple mèche attend d'être allumée. Cette dernière prendra la forme d'un phénomène inexplicable ayant lieu chaque fois que la pluie tombe. Et comble de malchance, en ce moment, les averses sont nombreuses. Se dégage alors des sous-sols de la ville une épaisse brume qui au contact de tout individu a des conséquences parfaitement inattendues. D'où le rapport qu'entretient le long-métrage du réalisateur et scénariste italien avec le genre souvent abordé dans le cinéma d'horreur et d'épouvante mais qui dans le cas de Piove s'y exprime sous forme d'allégorie comme le prétend d'ailleurs Paolo Strippoli. Lequel justifie donc les actes de violence crue mais nécessaire contre lesquels la Commission italienne de classification des films a pourtant jugé bon d'interdire le film aux moins de dix-huit ans. Une recommandation qui au regard des horreurs qui s'étalent depuis maintenant longtemps sur les écrans de cinéma peu paraître quelque peu inadéquate mais qui s'explique sans doute à travers le rapport tendu qu'entretiennent certaines actions véritablement violentes de Piove avec le quotidien de certaines populations européennes. C'est donc dans un contexte glaçant, réaliste et nimbé de teintes souvent bleutées que Piove intègre le fantastique. Comme un germe endormi au fond de chacun depuis la naissance et réveillé au seul contact d'une brume d'origine inconnue, Piove est une excellente surprise, au climat anxiogène, dotée de solides interprètes et où les sentiments s'expriment certes souvent dans la violence, mais d'où l'on espère voir se ressouder les liens familiaux...

 

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