Je me souviens encore
très clairement de ces années d'adolescence à user mes fonds de
culotte tout au fond de la classe, le coude posé sur le radiateur et
le regard vers l'extérieur, dans le vide, mais l'esprit, lui, plein
de ces images que mes compagnons et moi partagions à l'occasion de
sorties extra-scolaires dites ''buissonnières''. David, ce très bel
enfant éclairé par la passion de son paternel féru de cinéma nous
invitait régulièrement chez lui lorsque ses géniteurs étaient au
turbin. Des après-midi entiers à sécher les cours tandis que
d'autres se battaient pour s'asseoir devant le bureau de notre prof
d'anglais, laquelle portait de courtes jupes et rien d'autre en
dessous et qu'une troisième catégorie s’enorgueillissait de
rapporter des bulletins de notes impeccables à la maison. Molière,
Voltaire, Hugo ou Zola demeuraient pour nous d'étranges patronymes
dont l’œuvre demeurait une indécrottable énigme sur laquelle
nous abhorrions nous pencher. M'éduquant à travers les œuvres de
Bukowski, King, Masterton ou ces mensuels grouillant de photos
gratinées tels Mad Movies,
L'écran fantastique,
Vendredi 13 (dans
lequel j'eus droit à mon petit encart personnel, quelle fierté!) ou
Toxic et allant même
enrichir mon goût pour l'horreur et l'épouvante avec la cultissime
collection Gore dont
le dévorais chaque sortie sur un banc faisant face au mur d'un
cimetière, c'est donc grâce à David, ce camarade de classe pour
lequel à l'origine nous n'avions aucun attrait que mes camarades et
moi allions nous constituer une solide base de données en matière
de cinéma ! Caligula
de
Tinto Brass dans sa version la plus hard. Dawn of
the Dead
de George Romero et ses zombies bleuâtres amateurs d'entrailles
fumantes, La bonne sœur aux gros nichons,
un porno plutôt rigolo dont je suis certain de l'exactitude du titre
alors même qu'aucune information à son sujet ne semble vouloir
filtrer sur le net ou encore, Mad Max 2 : le
défi
de George Miller, œuvre mythique de post-apocalypse qui les années
suivantes allait donner naissance à une multitude de mockbusters
originaires de la Botte ! Lorsque l'on n'as que douze ou treize
ans dans les années quatre-vingt et que l'on découvre ce dernier
pour la toute première fois de notre vie, une fois le générique de
fin déroulant sa monotone liste des participants au projet, le
premier reflex n'est pas de nous dire ''Wouaw,
quel film !''
Mais plutôt ''Wouaw,
quel PUTAIN de film de MALADE !''
. Allez, avouez que c'est vrai...
Nous
n'avions jamais vu le premier et franchement, on s'en foutait autant
que l'absence de culotte de cette blonde un peu salope sur les bords
qui désespérait de nous apprendre à lire et à parler la langue de
Shakespeare ! La caméra rasant le bitume de si près
qu'approchant nos visages du téléviseur nous aurions presque pu
humer l'odeur de l'asphalte et sentir le gravier nous sauter au
visage, Mad Max 2 : le défi
allait nous épuiser comme un cinq-mille mètres sans échauffement...
Sans les CGI
d'aujourd'hui, l’œuvre de George Miller dégageait une folie qui
rétrospectivement lui permet encore aujourd'hui de demeurer comme
l'une des expériences cinématographiques parmi les plus
démentielles et délirantes qui aient vu le jour sur grand écran et
plus tard sur support VHS.
Chacun y verra matière à évoquer la foule de sensations qui
interviennent devant telle ou telle séquence. Durant combien de
temps en effet aurais-je été personnellement épouvanté par le
viol et le meurtre de cette femme filmés à travers un monoculaire
et une paire de jumelles ? Il aura fallut quelques années
supplémentaires et le visionnage de la dérangeante séquence finale
de Salo ou les 120 journées de Sodome
de Pier Paolo Pasolini pour me la faire oublier... Du moins, pour un
certain temps... Le film se singularise tout d'abord par ses origines
australiennes bien qu'avant George Miller, son homologue Peter Weir
ait osé nous proposer l'étonnant Les Voitures
qui ont mangé Paris
en 1974 ainsi que La Dernière Vague en
1977. Terrain propice au calvaire et à la nécessité de survivre
que doit désormais endurer l'humanité, L'Australie et ses immenses
étendues désertiques permettent une certaine économie de moyens
qui évitent l'élaboration d'ancienne cités devenus refuges des
rats, des scorpions et autres herbes folles. Ici, la civilisation
nouvelle se bâtit comme beaucoup plus tard et beaucoup plus loin
chez les héros de The Walking Dead à
partir de matériaux de récupération. Sans aucune connaissance
approfondie des mécanismes propres au fonctionnement d'un moteur de
voiture et sans le précieux carburant qui lui permet de parcourir
des milliers de kilomètres sans s'épuiser sous l'écrasant
rayonnement solaire, l'homme n'est plus chez George Miller qu'un
condamné à mort ! Et même doté de ces quelques avantages,
encore faut-il être en mesure d'affronter les bandes de dégénérés
qui survivent sur ces terres hostiles. Avant de devenir ''Max le
fou'', notre héros était flic et s'appelait Maximilian Rockatansky.
Un passé douloureux se concluant par la mort de son épouse Jessie
et de leur fils Sprog ont fait de lui un homme plus mutique que
jamais, économe en paroles, dont les résidus de morale sont si
ténus que le différencier de ceux qu'il combat n'est pas toujours
évident.
Seule
ou presque son apparence l'y aidera. Face à des punk à crête, des
types armés de cuir comme au temps où les chevaliers étaient eux
recouverts d'armures métalliques, Max va dans ce second volet de la
franchise Mad Max
combattre pour ce qui demeure désormais comme étant indéniablement
la ressource la plus essentielle : l'essence ! Mélange de
science-fiction dystopico-post-apocalytique, de western, de péplum
et d'action, ce second volet est un monument de violence et de
barbarie mais aussi de virtuosité technique totalement insensée.
Avec Mad Max 2 : le défi,
le réalisateur australien voit les choses en beaucoup plus grand que
lors du précédent long-métrage. Désormais installé sur son trône
de héros emblématique du cinéma post-apo, cette séquelle va
repousser toutes les limites en débutant par des images d'archives
authentiques mêlées à des extraits tirés du Mad
Max de
1979 et définitivement asseoir l'acteur Mel Gibson. Dans cette
séquelle moins pessimiste qu'il n'y paraît puisque y survivent
quelque résidus d'humanité incarnés par l'acteur britannique
Michael Preston et par sa communauté vivant grâce et autour d'une
raffinerie de pétrole, George Miller crée un contingent
d'antagonistes au pouvoir attractif saisissant. Du seigneur Humungus
en passant par Wez (Vernon Wells). Des hommes dont la sauvagerie est
en totale adéquation avec leur apparence physique agrémentée par
des costumes créés par la costumière Norma Moriceau. Débute à
travers ce second volet comme une sorte de boucle temporelle où les
choses ne feront par la suite que se répéter jusqu'au récent
Furiosa,
une saga Mad Max
dont le titre est en partie trompeur mais dont le contenu semble être
une énième itération des préoccupations premières des différents
dirigeants de ce nouveau monde. À chacun alors de se faire sa propre
opinion entre les effets-spéciaux pratiques de l'époque et les CGI
d'aujourd'hui. Entre temps, George Miller aura sans doute cherché à
davantage titiller le public outre-atlantique avec sa production
américano-australienne Mad
Max : Au-delà du dôme du tonnerre
de 1985 ''auréolé'' par la présence de la chanteuse Tina Turner,
laquelle aura en outre été co-réalisée aux côtés de son
compatriote George Ogilvie qui pourtant n'avait jusque là mis en
scène que quatre épisodes de séries télévisées. Nous pourrions
encore tergiverser des heures sur Mad
Max 2 : le défi.
Évoquer les incroyables cascades, détailler la violence parfois
outrancière, tenter d'expliquer par quel miracle un scénario si
chétif a pu se faire oublier au profit du spectacle ou encore
revenir sur ces quelques moments d'incroyable bravoure à l'image de
cette folle course-poursuite entre la bande d'Humungus et le
camion-citerne piloté par Max lui-même, mais d'autres l'ont déjà
tellement bien exprimé que je vais m'arrêter là et vous pousser,
si cela était encore nécessaire, à (re)découvrir ce monument du
septième art...
Bravo et merci pour ce dévoilement intime... ;-)
RépondreSupprimer"La bonne sœur aux gros nichons, un porno plutôt rigolo dont je suis certain de l'exactitude du titre alors même qu'aucune information à son sujet ne semble vouloir filtrer sur le net"
Il te faut donc acquérir l'encyclopédie de Christophe Bier pour avoir toutes les infos sur ce mystérieux film... Encyclopédie certainement épuisée et nécessitant un emprunt sur 10 ans pour en faire l'acquisition... :-)
Pour les Mad Max, j'avais vu au cinéma celui avec Tina Turner, le suivant probablement.