Coluche, L'Histoire D'Un Mec et La Môme en 2007, Gainsbourg (Vie Héroïque) en 2010, et maintenant, Cloclo. Le biopic a depuis quelques années les faveurs des producteurs et des cinéastes. Entre curieux hommage à l'un des humoristes les plus apprécié de France, conte surréaliste consacré à l'un de nos plus grand auteurs-compositeurs-interprétés et œuvre multi-primée un peu partout dans le monde, Le film de Florent Emilio Siri s'insère dans la mouvance du premier, mais avec beaucoup plus de bonheur que dans la réalisation insipide et ennuyeuse d'Antoine De Caunes. Derrière ce titre en forme de pseudo, tout le monde aura reconnu le surnom du mythique artiste Claude François. Un homme qui n'aura pas atteint la quarantaine mais qui trente ans après sa mort continue de passionner une partie des français. Tout le monde connaît ses chansons même sans parvenir à fredonner plus de deux ou trois phrases. Ses refrains sont célèbres et son perfectionnisme légendaire. Adoré par beaucoup dès les années soixante, le portrait dressé par Siri sur Claude François est pourtant peu flatteur. Et c'est peut-être essentiellement sous cet aspect que son film gagne en intérêt.
On y découvre un gamin élevé par une mère aimante et par un père souvent absent mais dont les méthodes rigides expliquent en partie l'homme que deviendra le petit Claude. La vie des François est des plus enviable puisque la petite famille vit dans une villa à Ismaïlia en Egypte. Mais alors que la famille est expulsée d'Egypte durant la nationalisation du Canal de Suez, elle se retrouve désœuvrée, à Paris dans une chambre d'Hôtel, puis à Monaco chez la sœur de claude. Alors que son père lui a fait apprendre le violon, Claude parvient à obtenir un travail dans un groupe de musiciens dans lequel il joue des congas. Son rêve de devenir chanteur ne va pas se faire sans heurts. Après quelques désillusions, il connaît enfin le succès en 1962 avec sa célèbre chanson Belles ! Belles ! Belles ! adaptée d'une chanson des Everly Brothers. La carrière de Claude François est alors lancée, et rien ne semble pouvoir désormais stopper sa fulgurante ascension...
Le moins que l'on puisse dire, c'est que le film de Siri n'y va pas avec le dos de la cuillère. Le cinéaste n'a visiblement pas l'intention de ménager son public et c'est sans doute ce détail qui donne tout son intérêt à Cloclo. Il aurait été si facile de dresser un portrait flatteur, lisse et sans aspérités. La vision de Siri prouve que ce chanteur d'opérette était avant tout un homme fragile même s'il apparaît ici comme un être parfaitement imbuvable, infect avec son entourage, qu'il s'agisse des amis ou de la famille, et souvent odieux et autoritaire envers ceux qui travaillent avec (et pour) lui. Le contraste entre l'image que Claude François renvoyait aux médias et l'homme qu'il était dans le privé est saisissant et pose une question essentielle : Méritait-il vraiment cet amour inconditionnel que lui offraient toutes ces jeunes filles prêtes à se donner à lui par dévotion ? Le personnage paraît ici tellement négatif que l'on a du mal à s'attacher à lui et conforte l'opinion de ceux qui ne l'appréciaient déjà pas beaucoup. Claude François semblait donc vouer à sa carrière une ferveur incomparable, au point de mettre au second plan tout ce qui pouvait la compromettre et faire de l'ombre à l'artiste.
Siri choisit Jérémy Renier pour le rôle de Claude François car il sait l'acteur capable d'entrer dans la peau du personnage. D'ailleurs, la ressemblance entre les deux hommes est frappante. Non seulement Renier a appris à danser comme la star, mais il a aussi appris à danser et à jouer de la batterie. Son entraînement a duré six mois et a permis de façonner un clone presque parfait du chanteur. Jérémy Renier a ensuite demandé à ce que Benoit Magimel soit embauché sur le film pour le rôle de Paul Lederman. Lui aussi a du faire quelques sacrifices afin d'entrer dans la peau du personnage. Magimel possède autant de mérite que Renier tant son interprétation colle au personnage. On a d'ailleurs presque du mal à reconnaître l'acteur affublé d'une perruque, d'un faux ventre et d'un nez factice. Comme le fit Robert De Niro pour Raging Bull, Benoit Magimel a pris un certain nombre de kilos pour mieux coller au personnage de Lederman. Il a dû ensuite apprendre à s'exprimer avec l'accent et les gestes du juif marocain.
La musique du film a été confiée à Alexandre Desplat qui participe pour la cinquième fois à une œuvre de Siri. Outre les plus grands succès de Claude François, on y entend des titres célèbres signés Otis redding, Frank Sinatra (qui reprit lui-même l'un des plus grands succès de Claude François, Comme D'Habitude), James Brown ou encore France Gall. Ce qui permet d'ailleurs de découvrir les doublures cinématographiques de certains. Si la critique est plutôt enthousiaste, certains hebdomadaires s'acharnent (bien évidemment) sur le film de Siri. Pourtant, et même si l'on est réfractaire au personnage de Claude François, il faut avouer que le film se regarde avec plaisir et sans lassitude. L'interprétation et la réalisation sont remarquables et permettent de passer un agréable moment devant un film que certains fans du chanteur considèreront peut-être comme une trahison, mais qui dénote une réelle intention de faire connaître aux autres l'Artiste emblématique des années 60-70, sans fard et sans chichis.
Je suis contente de pouvoir enfin laisser un commentaire sous ton article :-)
RépondreSupprimerTu as été inspiré pour ton analyse de ce biopic que nous avons découvert ensemble ! Joli travail très détaillé avec un avis perso auquel j'adhère.
je n'ai pas vu ce film mais on m'a dit que cest tres complet de sa naissance à ses obsèques, et que ca ne montre pas que la facette publique mais aussi ses défauts
RépondreSupprimerLaurence