Scott Spiegel... C'est
curieux, mais ce nom me dit quelque chose. Peut-être parce qu'il est
apparu aux génériques des deux premiers Evil Dead de
Sam Raimi auquel l'acteur est resté fidèle jusqu'en 2004 avec le
deuxième volet de la trilogie Spider-Man ?
Non, je sais, c'est parce que parmi une grosse brassée de
courts-métrage qu'il mis en scène lui-même, Scott Spiegel fut
surtout le réalisateur en 1989 du sympathique slasher Intruder
dont l'action se déroulait dans un supermarché et où il donnait le
change à Sam Raimi et son frère Ted (lequel tiendra le rôle d'un
tueur qui a pour habitude d'écorcher ses victimes dans Skinner
d'Ivan Nagy trois ans plus tard) ainsi qu'à l'acteur Bruce Campbell
qui y faisait un court passage. Directeur artistique, scénariste sur
deux longs-métrages dont celui qui nous intéresse ici, le
réalisateur Jon Killough signe un petit long-métrage d'horreur que
l'on rangera d'emblée dans la catégorie des films Z. Quant à Scott
Spiegel, il incarne dans Skinned Alive
l'un des deux rejetons d'une famille de timbrés qui parcourent
l'Amérique profonde à la recherche de victimes humaines à dépecer.
Frère de Violet (l'actrice Susan Rothacker dont la carrière au
cinéma fut très courte puisque à part celui-ci, la jeune femme ne
tourna que dans deux autres longs-métrages) et fils de Crawldaddy
(Mary Jackson dont la carrière sur grand écran et à la télévision
s'étendra jusqu'en 1997) qui impose à sa progéniture de l'appeler
Papa, ces trois là tombent en panne dans un trou perdu où ils vont
croiser la route de Tom Miles (Lester Clark) qui leur propose alors
de réparer leur van pour le lendemain matin et de les accueillir
chez lui et son épouse Whinnie (Barbara Katz-Norrod) pour la nuit.
Un bien sympathique couple de retraités qui va bientôt regretter
d'avoir accepté chez eux ces trois psychopathes...
Autre
personnage du récit, Paul Hichox (l'acteur Floyd Ewing Jr.), qui
vient de subir un divorce difficile d'avec son ex-femme Louise
(Jennifer Mullen) qui lui interdit de voir leurs enfants, lui a pris
tout son fric, le trompe avec son avocat et s'apprête à se saisir
du seul bien qui lui reste : sa maison. Depuis réfugié dans
l'alcool (donnant lieu à des séquences d'ivresse relativement mal
interprétées je dois le dire), son ami et voisin Tom l'invite à
déjeuner ce midi-même alors que nos trois tarés viennent de
prendre possession de la chambre d'amis des Miles. Question scénario,
Skinned Alive
(littéralement, ''écorché vif'') se pose là. Fauché comme les
blés, le film de Jon Killough (le seul qu'il ait tourné et qu'il a
écrit aux côté du scénariste Mike Shea) ne se soucie absolument
pas de la moindre cohérence et fait défiler les meurtres avec plus
ou moins d'imagination. Il est amusant de remarquer à quel point les
victimes sont des dures à cuire. Ne serait-ce que le pauvre Mike
Render qui dans le rôle de Willard Hemp ou pire encore, le
scénariste du film qui interprète celui d'un livreur de colis vont
subir des outrages physiques qui ne leur éviteront malheureusement
pas des souffrances prolongées. Tout ceci étant très amateur tout
de même, forcément, tout ici est mal joué. Du buveur dont on ne
croit pas un seul instant aux errances alcoolisées (dont il se remet
étonnamment vite bien qu'il ai vidé en une poignée de secondes
toute une bouteille de vodka!) en passant par ce vieux couple que
n'épargneront pas nos trois adeptes du couteau et du marteau,
jusqu'aux victimes réagissant à peine aux souffrances qui leurs
sont infligées...
Non mais, regardez moi l'expression débonnaire du type ! |
Il
peut parfois se dégager de Skinned Alive un
étrange sentiment de malaise. Comme lorsque l'on pénètre un lieu
dont on sent bien qu'il s'y déroule des choses pas toujours très
catholiques. Cet amateurisme malsain. Ces personnages ou ces
interprètes pas tout à fait propres sur eux. Ça n'est pas que l'on
se demande parfois si tout est véritablement fabriqué (faut quand
même pas charrier) mais le générique de fin arrive comme une sorte
d'espoir. Un bol d'oxygène présentant l'équipe du tournage
sourires aux lèvres après que l'on ait subit les exactions mal
fagotées de nos trois psychopathes. Si l'on rangera forcément
Skinned Alive dans
la même catégorie que les plus grands survivals de l'histoire du
cinéma, il n'en demeure pas moins souvent affligeant. Tourné
visiblement dans la bonne humeur, entre potes mais nanti
d'effets-spéciaux gore rarement convaincants, le fait est que l'on
est très loin de l'imaginaire débridé d'un Sam Raimi qui au début
de sa carrière de cinéaste avait dû lui aussi faire preuve
d'imagination compte tenu des maigres moyens qui lui furent accordés.
Au vu du nombre sans cesse grandissant de films d'horreur mettant en
interaction de pauvres victimes innocentes échouées dans le repaire
d'infâmes bouchers du dimanche, le film de Jon Killough s'avère
parfaitement dispensable mais pas non plus complètement
inenvisageable...
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