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jeudi 23 décembre 2021

Les tueurs qui inspirent le 7ème art : No Man of God d'Amber Sealey (2021) - ★★★★★★★★★☆

 


 

Le cas du tueur en série Ted Bundy a fait l'objet de nombreux documentaires et longs-métrages de fiction. S'agissant de ces derniers, il continue à être une manne pour les cinéastes qui régulièrement reviennent sur le sujet. En 1986, le réalisateur Marvin J. Chomsky fut l'auteur de l'excellent téléfilm Au-dessus de tout soupçon (The Deliberate Stranger) avec dans le rôle du tueur, l'acteur Mark Harmon. Depuis, plusieurs téléfilms et longs-métrages cinématographiques ont vu le jour, pour le meilleur et pour le pire, jusqu'au sympathique : Extremely Wicked, Shockingly Evil and Vile qui fut directement proposé dès le 3 mai 2019 sur la plateforme de streaming Netflix. Quant à No Man of God, il s'agit de la dernière œuvre en date à avoir consacré son sujet à ce tueur en série accusé d'avoir tué une vingtaine d'adolescentes et de jeunes femmes bien qu'il fut soupçonné d'en avoir assassiné un plus grand nombre. À travers la mise en scène de No Man of God, l'actrice et réalisatrice Amber Sealey à choisi une position bien différentes des autres en mettant en scène son tueur non pas dans le contexte des meurtres mais face à la relation qu'il entretint avec l'authentique profiler américain Bill Hagmaier qui passa de nombreuses heures aux côtés de Ted Bundy afin de tenter de recueillir les aveux du tueur et de comprendre le sens de ses actes. Une étrange relation va se nouer entre les deux hommes comme en témoigne le film d'Amber Sealey. Fraîchement débarqué dans le département des sciences comportementales connu aux États-Unis sous le nom de Behavioral Science Unit (BSU), son responsable conseille au jeune Bill Hagmaier, le seul à se porter volontaire pour aller interroger Ted Bundy, de faire très attention à ce tueur mythomane et manipulateur que personne d'autre dans le service ne veut plus rencontrer...


Alors que la première rencontre entre Ted et Bill se déroule dans des conditions difficiles, s'instaure au fil de leurs entretiens une certaine confiance entre les deux hommes. Le film s'articule en majorité autour des acteurs Elijah Wood et Luke Kirby, deux interprètes absolument remarquables qui campent donc respectivement Bill Hagmaier et Ted Bundy. Le premier interprète un profiler apparemment inexpérimenté mais qui s'avère suffisamment intelligent pour ne pas juger d'emblée l'homme qu'il a en face de lui. Père de famille très croyant, il a devant lui un individu lui aussi très intelligent, méfiant et manipulateur qui très rapidement cherche à entrer dans sa tête. L'approche de la réalisatrice Amber Sealy diffère des autres longs-métrages consacrés à Ted Bundy car dans les faits, elle se limite aux conversations entre les deux hommes. No Man of God situe donc en général son action dans une pièce nue à l'intérieur de laquelle se trouve une table et rien d'autre. Un duel oppose alors deux hommes dont les caractères divergent mais qui peu à peu vont se ''rapprocher'' pour, semble-t-il parfois, s'entendre sur les sujets qu'ils vont traiter. Sans jamais juger ni l'un ni l'autre de ses deux personnages, la réalisatrice accouche d'une œuvre remarquable et réaliste. Si l'on ne sait pas toujours en quels termes le premier manipule celui qui se situe en face de lui afin d'en tirer des informations, il semble avéré qu'une véritable amitié se soit instaurée entre les deux hommes même si cette apparente affection est la conséquence logique des nombreux entretiens qui ont rapproché et l'un et l'autre des deux individus...


Surtout, on assiste avec No Man of God aux méthodes de profilage de l'un de ses plus brillants représentants américains tout juste arrivé au BSU, un service spécialisé dans l'étude comportementale des tueurs que créèrent en 1969 les profileurs Pat Mullany et Howard Teten. Amber Sealey signe également une œuvre touchante, voire même bouleversante puisque malgré les actes horribles perpétrés par Ted Bundy, la réalisatrice parvient à le rendre touchant au point que la conclusion de son œuvre s'avère absolument déchirante. Mis en scène et interprété avec une intelligence rare, No Man of God est peut-être finalement la vision la plus intéressante du cas Ted Bundy et des tueurs en série en général, lesquels fascinent on ne sait pourquoi, le public. À moins que la réponse ne se trouve justement ici, lorsque le tueur demande au profiler s'il serait capable de tuer. En l'espace de cette seule séquence, tout le travail de Bill Hagmaier et de tout ceux qui ont choisi d'exercer ce métier ainsi que l'influence du tueur s'y expriment. De loin, la relation entre le tueur et le profiler rejoint-elle celle entre le docteur Hannibal Lecter et l'agent Clarice Starling du Silence des agneaux de Jonathan Demme. Sauf que dans le cas présent, l'histoire fut, elle, authentique. Mais No Man of God repose avant tout sur le concept développé par l'excellente série télévisée Mindhunter créée par Joe Penhall en 2017. Ceux qui suivirent avec assiduité ses deux saisons apprécieront sans doute de découvrir les formidables Elijah Wood et Luke Kirby dans ce qui demeure une expérience assez troublante...

 

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