Joe
Wilson et Katherine Grant s'aiment. Mais pour pouvoir vivre ensemble,
cette dernière doit partir enseigner à Washington, loin de son
fiancé afin de gagner assez d'argent pour pouvoir l'épouser. Joe
vit en compagnie de ses deux frères Charlie et Tom. Le premier
fricote avec des malfrats jusqu'au jour où les trois frères
décident d'ouvrir leur propre garage. Les affaires marchent plutôt
bien et l'argent commence à couler à flots. Les mois s'égrainent
et lorsque vient le jour des retrouvailles pour Katherine et Joe, ce
dernier prend la route au volant de sa nouvelle voiture afin de
rejoindre celle qu'il aime.
Sur
une route de campagne il est arrêté par un homme qu'il prend
d'abord pour un bandit. L'homme se révèle être Bugs Meyers,
l'adjoint du shérif de la petite ville de Strand dans l'Illinois.
Très vite soupçonné d'enlèvement par celui-ci, il est interrogé
puis mis derrière les barreaux. Une série d'indices pousse les
autorités à croire qu'il est en effet responsable du kidnapping de
la petite Helen Peabody perpétré par trois hommes et une femme: Sur
une demande de rançon, on a retrouvé des miettes de cacahuètes.
Joe en consomme justement beaucoup et en porte sur lui un paquet.
Lorsque l'adjoint du shérif fouille sa voiture, il y trouve un
billet qu'il compare aux numéros de série des billets de la
rançons. Là aussi, c'est le jackpot.
Les
habitants de la petite ville de Strand sont bouleversés. Chacun a
cœur que soit mise la main sur les trois responsables de
l'enlèvement de la petite Helen. Fier d'avoir mis aux arrêts l'un
des supposés kidnappeurs, l'adjoint Bugs téléphone à a sa femme
pour lui annoncer la bonne nouvelle. Elle-même prévient sa voisine.
Cette dernière en fait part à l'amie qui lui rend visite. Et ainsi
de suite. A strand, les esprits s'échauffent. Maintenant que tout le
monde est au courant, chacun fantasme et invente tout et n'importe
quoi, comme s'il était encore nécessaire de convaincre certains
d'entre eux de la responsabilité de l'homme enfermé dans l'un des
cellules de la prison.
Katherine
est inquiète de ne pas voir arriver l'homme qu'elle aime et quand
aux frères de Joe, ils finissent par apprendre que celui-ci est
soupçonné d'enlèvement dans la ville de Strand. Ils décident d'y
foncer ainsi que Katherine lorsqu'elle apprend également le sort qui
est réservé à son fiancé. La presse elle-même est au
rendez-vous. La foule s'amasse devant la prison et ce n'est pas le
shérif et les quelques hommes armés qui l'accompagnent qui
parviennent à stopper la volonté de toute une ville de voir le
"coupable" lynché. L'entrée est défoncée à coups de
bélier. Le shérif et ses adjoints sont mis hors d'état de nuire.
Devant l'impossibilité d'accéder jusque dans la cellule du
prisonnier, la foule amasse meubles et papiers avant d'y mettre le
feu.
Lorsque
Katherine arrive en ville, il est déjà trop tard. La prison est
envahie par les flammes et avant de s'évanouir, elle aperçoit une
dernière fois le visage de son fiancé à travers les barreaux de sa
cellule...
Fritz
Lang vient de fuir l'Allemagne nazie lorsqu'il tourne "Furie".
Interprété par Spencer Tracy, l'un des meilleurs acteurs de son
époque, le film est une nouvelle occasion pour l'auteur de "M,
Le Maudit" et de "Metropolis", de critiquer la société
et, à travers celui-ci, la politique ainsi que la démocratie. La
présomption d'innocence est ainsi bafouée par une ville toute
entière, ivre de vengeance. Régressant jusqu'à l'état de bêtes
assoiffées de sang, hommes et femmes se ruent comme autant de
bourreaux sur un proie sans défense. Car la véritable victime ici,
ça n'est pas la jeune Helen dont on est sans nouvelles depuis son
enlèvement mais bien Joe, amoureux innocent qui ne faisait que
rouler vers sa promise.
En
haut lieu, on refuse même d'apporter de l'aide au shérif en
retardant l'envoi de l'armée. Cela ne se fait pas en période
électorale. Le film aurait pu se terminer sur cette tragédie mais
Fritz Lang sauve son personnage principal et modifie son caractère
pour en faire un homme qui rêve d'une vengeance à la hauteur du
cruel destin qu'on choisit pour lui les habitants de Strand.
Le
film se découpe en deux parties. La première se termine sur la mort
supposée de Joe. L"œuvre de Fritz Lang se transforme alors en
un passionnant procès auquel assistent Katherine, les deux frères
de Joe ainsi que vingt-deux accusés. Si Charlie et Tom sont pour
l'instant les seuls à savoir leur frère encore en vie, Katherine
finit par douter de sa mort. Mais pendant ce temps là, les preuves
de culpabilités s'accumulent contre les vingt-deux accusés. Les
deux parties du scénario se succèdent de manière égale dans leur
construction puisque l'on assiste aux accusations (d'abord celle de
Joe, suspecté d'enlèvement. Suivie de celle des vingt-deux
personnes ayant participé à son lynchage). Puis c'est au tour des
procès (Joe est condamné par une foule rendue hystérique à l'idée
que l'un des responsables du kidnapping soit enfermé entre les
quatre murs de leur prison. Ensuite, c'est à celui des mêmes
vingt-deux hommes et femmes que l'on assiste). Enfin, ce sont plus
de vingt condamnations à mort auxquelles on assiste (tout d'abord
celle de Joe, lynché par les habitants de Strand. Ensuite celles des
responsables jugés coupables). Dans un cas comme dans l'autre, tous
les accusés (à tort ou à raison) seront acquittés. Soit par le
destin, soit par la disculpation.
Déjà abordés dans le Cinéma de Minuit:
- Cycle Maurice Tourneur (04 Septembre 1988) - La Main Du Diable (1943)- Cycle Tod Browning (10 Septembre 1989) - Les Poupées Du Diable (1936)
Rhaaah le stress ! Et comme je plains sa fiancée ! je me mets à sa place...
RépondreSupprimerC'est le genre de film qui doit m'énerver, je suis sûre que je ne vais faire que commenter, râler, crier à l'injustice, dire des gros mots !
Et toi, bien sûr, tu vas finir par ne plus me supporter, te mettre en colère, dire des gros mots à ton tour puisque le nombre de grossièretés que tu profères est censé être proportionnel au mien, avoir envie de m'en coller une...
Bref, ça va finir en dispute conjugale...
Donc, en résumé, un film à me déconseiller lorsque nous sommes ensemble !
:-))