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lundi 21 mai 2012

La Tétralogie Des Portes De L'Enfer : ... Zombie due (L'Enfer Des Zombies) de Lucio Fulci (1979)


 
Un petit bateau de croisière est découvert dans le port de New-York. A l'intérieur, il ne semble pas y avoir âme qui vive et pourtant, un homme à l'allure curieuse et décharnée s'en prend aux deux gardes côtes venus inspecter l'intérieur du bateau. Plus tard, Annes Bowles, la fille du propriétaire demande aux policiers présents ce qu'il a pu advenir de son père mais ses questions restent sans réponses. Décidée à mener sa propre enquête, elle fait équipe avec le journaliste Peter West et se rend aux Antilles, sur la petite île de Matu en compagnie de Brian Hull et Susan Barrett. Ils y font la connaissance du docteur David Menard qui mène des recherches afin d'endiguer l'étrange mal qui frappe les morts récents et le ramène à la vie.


Avant de devenir le roi du gore transalpin, l'immense Lucio Fuci donnait dans la comédie, le polar et le western ultra-violant et le film historique. C'est d'ailleurs dans ce dernier registre que l'homme montre ses prédispositions pour les scène sanglantes avec l'excellent "Liens d'Amour Et De Sang" tourné en 1969. Il faudra attendre 1978 et "La Longue Nuit De L'Exorcisme" pour voir Fulci changer radicalement de style. Des aspirations qui donneront naissance à l'une de ses œuvres les plus connues et les plus marquantes. Le bien nommé "L'Enfer Des Zombies" arrive sur les écrans un an plus tard et déjà, c'est le choc. Parfois titré "Zombis 2", et surfant sur la vague du film éponyme de George Romero, l'approche de Fulci est nettement différente. 
 

Contrairement au classique de Romero, l'action ne se situe pas dans un immense centre commercial mais sur une petite ile des Antilles aux proies avec un mal qui touche les morts. Enquêtant sur la disparition du père de l'une d'elles, quatre personnes vont se retrouver pris au piège sur Matu, l'ile en question. Ce qui saute aux yeux de prime abord, c'est l'ambiance sordide que dégagent les décors. Le petit hôpital de campagne ne désemplit pas et la majeure partie des lits est occupé par des corps en décomposition recouverts d'un drap. On entend les mouches voler et les draps sont maculés de taches suspectes. Les quelques malades encore en vie son attachés afin de prévenir tout risque de mort et donc, de retour à la vie. La bande-son à base de tam-tam plonge l'action dans une ambiance vaguement mystique et anxiogène. Lucio Fulci ne badine pas avec le gore. Si l'on voyait pointer une bonne dose d'humour dans le film de Romero, ici c'est du sérieux. Les maquillages finalement sommaires donnent aux morts-vivants l'aspect décomposé que désirait le cinéaste. Si ceux de Romero étaient bleuâtres, ceux de "L'Enfer Des Zombies" annoncent une évolution dans dans leur état de décrépitude. Beaucoup moins sanglant que "Dawn Of The Dead" mais ô combien plus glauque, l’œuvre porte assez bien son nom. L'Enfer est bien sur Terre, situé sur une petite ile des Antilles, lieu entouré par les eaux et donc fermé à tout espoir de salut.
Un autre point éloigne les deux œuvres. C'est l'absence quasiment systématique de regard dans le visage des zombies de Fulci. Énucléés, terreux et nettement décomposés, ils diffèrent de ceux de Romero qui gardaient encore un visage humain malgré leur comportement. Tout aussi anthropophages, ils donnent lieu à des festins sanguinaires absolument répugnants. Deux années après le cultissime "Shockwaves" de Ken Wiederhorn, Fulci ose lui aussi nous montrer des zombis aquatiques. 
 

Concernant la prolifération des morts-vivants, s'agit-il d'une maladie, ou bien des conséquences d'un rite vaudou? Rappelons-le, le zombi est un homme rendu apparemment mort par l'action puissante d'une poudre projetée par un sorcier, le plaçant ainsi dans une posture de mort clinique. Débarrassé de toutes facultés, la victime est diagnostiquée comme étant morte et est ainsi enterrée. Le soir, le dit sorcier s'approche de la tombe et exhume celui qu'il advient désormais de nommer zombi afin d'en faire son esclave. Errant parmi les tombes du cimetière, le zombi n'est rien de plus qu'un homme dépossédé de toute aptitude de réflexion et n'est plus en capacité d'agir selon son grès. Celui qui nous est présenté par Lucio Fulci ne ressemble en rien à cette définition du zombi, le sien passant d'une mort réelle à un ersatz d'existence.


"L'Enfer Des Zombies" aurait pu clore la trilogie des portes de l'enfer mais Lucio Fulci a choisi de la commencer par la fin, faisant ainsi de ses suites "Frayeurs" et "L'Au-Dela", deux préquelles. De manière tout à fait honorable, son film ose empiéter sur le terrain de George Romero tout en y apportant sa touche personnelle. Bien que bancal sous certains aspects, son film demeure encore aujourd'hui comme l'un des grands représentants du genre...


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