Un
petit bateau de croisière est découvert dans le port de New-York. A
l'intérieur, il ne semble pas y avoir âme qui vive et pourtant, un
homme à l'allure curieuse et décharnée s'en prend aux deux gardes
côtes venus inspecter l'intérieur du bateau. Plus tard, Annes
Bowles, la fille du propriétaire demande aux policiers présents ce
qu'il a pu advenir de son père mais ses questions restent sans
réponses. Décidée à mener sa propre enquête, elle fait équipe
avec le journaliste Peter West et se rend aux Antilles, sur la petite
île de Matu en compagnie de Brian Hull et Susan Barrett. Ils y font
la connaissance du docteur David Menard qui mène des recherches afin
d'endiguer l'étrange mal qui frappe les morts récents et le ramène
à la vie.
Avant
de devenir le roi du gore transalpin, l'immense Lucio Fuci donnait
dans la comédie, le polar et le western ultra-violant et le film
historique. C'est d'ailleurs dans ce dernier registre que l'homme
montre ses prédispositions pour les scène sanglantes avec
l'excellent "Liens d'Amour Et De Sang" tourné en 1969. Il
faudra attendre 1978 et "La Longue Nuit De L'Exorcisme"
pour voir Fulci changer radicalement de style. Des aspirations qui
donneront naissance à l'une de ses œuvres les plus connues et les
plus marquantes. Le bien nommé "L'Enfer Des Zombies"
arrive sur les écrans un an plus tard et déjà, c'est le choc.
Parfois titré "Zombis 2", et surfant sur la vague du film
éponyme de George Romero, l'approche de Fulci est nettement
différente.
Contrairement
au classique de Romero, l'action ne se situe pas dans un immense
centre commercial mais sur une petite ile des Antilles aux proies
avec un mal qui touche les morts. Enquêtant sur la disparition du
père de l'une d'elles, quatre personnes vont se retrouver pris au
piège sur Matu, l'ile en question. Ce qui saute aux yeux de prime
abord, c'est l'ambiance sordide que dégagent les décors. Le petit
hôpital de campagne ne désemplit pas et la majeure partie des lits
est occupé par des corps en décomposition recouverts d'un drap. On
entend les mouches voler et les draps sont maculés de taches
suspectes. Les quelques malades encore en vie son attachés afin de
prévenir tout risque de mort et donc, de retour à la vie. La
bande-son à base de tam-tam plonge l'action dans une ambiance
vaguement mystique et anxiogène. Lucio Fulci ne badine pas avec le
gore. Si l'on voyait pointer une bonne dose d'humour dans le film de
Romero, ici c'est du sérieux. Les maquillages finalement sommaires
donnent aux morts-vivants l'aspect décomposé que désirait le
cinéaste. Si ceux de Romero étaient bleuâtres, ceux de "L'Enfer
Des Zombies" annoncent une évolution dans dans leur état de
décrépitude. Beaucoup moins sanglant que "Dawn Of The Dead"
mais ô combien plus glauque, l’œuvre porte assez bien son nom.
L'Enfer est bien sur Terre, situé sur une petite ile des Antilles,
lieu entouré par les eaux et donc fermé à tout espoir de salut.
Un
autre point éloigne les deux œuvres. C'est l'absence quasiment
systématique de regard dans le visage des zombies de Fulci.
Énucléés, terreux et nettement décomposés, ils diffèrent de
ceux de Romero qui gardaient encore un visage humain malgré leur
comportement. Tout aussi anthropophages, ils donnent lieu à des
festins sanguinaires absolument répugnants. Deux années après le
cultissime "Shockwaves" de Ken Wiederhorn, Fulci ose lui
aussi nous montrer des zombis aquatiques.
Concernant
la prolifération des morts-vivants, s'agit-il d'une maladie, ou bien
des conséquences d'un rite vaudou? Rappelons-le, le zombi est un
homme rendu apparemment mort par l'action puissante d'une poudre
projetée par un sorcier, le plaçant ainsi dans une posture de mort
clinique. Débarrassé de toutes facultés, la victime est
diagnostiquée comme étant morte et est ainsi enterrée. Le soir, le
dit sorcier s'approche de la tombe et exhume celui qu'il advient
désormais de nommer zombi afin d'en faire son esclave. Errant parmi
les tombes du cimetière, le zombi n'est rien de plus qu'un homme
dépossédé de toute aptitude de réflexion et n'est plus en
capacité d'agir selon son grès. Celui qui nous est présenté par
Lucio Fulci ne ressemble en rien à cette définition du zombi, le
sien passant d'une mort réelle à un ersatz d'existence.
"L'Enfer
Des Zombies" aurait pu clore la trilogie des portes de l'enfer
mais Lucio Fulci a choisi de la commencer par la fin, faisant ainsi
de ses suites "Frayeurs" et "L'Au-Dela", deux
préquelles. De manière tout à fait honorable, son film ose
empiéter sur le terrain de George Romero tout en y apportant sa
touche personnelle. Bien que bancal sous certains aspects, son film
demeure encore aujourd'hui comme l'un des grands représentants du
genre...
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