Vingt-trois ans après le
film culte de John McNaughton Henry, Portrait of a Serial
Killer,
de nouveau l'un des plus célèbres tueurs en série américains
refaisait parler de lui à travers une nouvelle fiction. Drifter:
Henry Lee Lucas n'entretient
cependant aucun rapport ou presque avec l’œuvre sortie en 1986.
Celle-ci qui déjà avait connu une suite plus ou moins officielle
réalisée dix ans après l'originale et sobrement titrée Henry,
Portrait of a Serial Killer 2
est restée célèbre pour son réalisme et son caractère morbide.
Contrairement à John McNaughton dont le film ne s'intéressait qu'à
une courte partie des faits reprochés au tueur et ce, de manière
librement inspirée, le réalisateur ultra productif Michael Feifer
(pas moins de soixante-dix films et téléfilms en dix-sept ans de
carrière, un record!) préfère quant à lui se pencher sur une
période beaucoup plus large dans l'existence de Henry Lee Lucas
débutant à l'âge de sept ans et se terminant après son
arrestation en 1983. Soit, peu de temps après avoir tué Becky
Powell, la nièce d'un autre grand tueur en série, Ottis Toole, qui
non seulement se rendit responsable d'actes de nécrophilie et de
cannibalisme sur certaines de ses victimes, mais fut également
l'amant de Henry Lee Lucas avec lequel il participa en 1982 à
l'enlèvement de la jeune Becky. Comparé au véritable tueur,
l'acteur Antonio Sabato Jr. s'avère nettement moins désagréable à
regarder, ce qui n'empêchera pas le réalisateur de penser à
l'affubler d'un œil de verre comme le véritable tueur. Michael
Rooker qui dans Henry, Portrait of a Serial
Killer excellait
véritablement dans le rôle titre n'avait pas ''bénéficié'' de ce
petit détail qui fait malgré tout le ''charme'' de celui qui
affirma avoir commis plus de trois-cent personnes. Autre différence
majeure entre le film de 1986 et celui de 2009, les goûts quelque
peu étranges de ce dernier et que le Henry de John McNaughton
reprochait à son compagnon Ottis Toole. En effet, dans Drifter:
Henry Lee Lucas,
le personnage du tueur semble avoir un goût prononcé pour la
nécrophilie tandis que dans Henry, Portrait of a
Serial Killer,
celui-ci reprochait à son complice de vouloir violer le corps de
certaines de ses victimes !
Le vrai visage des tueurs: A gauche, Henry Lee Luca. A droite, Ottis Toole |
Relativement
fidèle au vrai tueur dans l'ensemble, Drifter:
Henry Lee Lucas
ne bénéficie malheureusement pas d'une interprétation à la
hauteur de celles de Michael Rooker, Tom Towles et Tracy Arnold.
Antonio Sabato Jr. incarne un Henry qui semble avoir beaucoup plus de
caractère et de charisme que le vrai tueur mais ne parvient
absolument pas à rendre le personnage aussi détestable que les
actes horribles qu'il commis alors. Kostas Sommer dans le rôle de
Ottis Toole est inexistant quant à la Becky version 2009, elle
n'arrive pas à la cheville de celle incarnée par Tracy Arnold
vingt-trois ans auparavant. À vrai dire, seule l'actrice Caia Coley
parvient à tirer véritablement son épingle du jeu dans le rôle de
Viola, la mère de Henry. Les séquences la mettant en scène
demeurant d'ailleurs les plus intéressantes du récit. Autre point
positif, le récit lui-même justement. Car plutôt que de choisir de
nous raconter l'enfance désolante du tueur de manière vaguement
suggérée comme cela était le cas avec Henry,
Portrait of a Serial Killer,
Michael Feifer choisit de foncer directement tête baissée en
décrivant l'enfance misérable du futur tueur en série, des actes
de barbarie commis sur des animaux jusqu'aux maltraitances dont il
fut victime d'une mère qui de plus, le contraignait à assister à
ses ébats sexuels lorsqu'elle invitait chez eux ses ''clients''
malgré la présence de son mari amputé des deux jambes. Drifter:
Henry Lee Lucas
passe du présent (nous sommes alors au début des années 80) au
passé, puis du passé au présent, les séquences se succédant sur
un rythme plus ou moins convainquant. Ce qui l'est moins, c'est la
réalisation. Film de cinéma, Drifter: Henry
Lee Lucas
n'en ressemble pas moins à l'un de ces médiocres téléfilm
policiers américains qui pullulent. Seule l'approche du récit peut
un tant soit peu donner l'envie de découvrir cette version qui
jamais ne parvient cependant à nous faire oublier l’œuvre culte
de John McNaughton...
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