Céline, Maxence et
Thomas s'aiment et veulent se marier. Déboulant tous les trois en
robe blanche à la mairie, ils se voient refusée l'opportunité de
s'unir. Parce qu'en France, se marier à trois est encore interdit.
Sans le sou, les trois amants doivent composer avec des choix de vie
qui collent assez mal avec la réalité de tous les jours. Ils rêvent
d'avoir leur appartement mais ''logent'' dans une boutique de vente
de baignoires. Ils veulent des enfants mais préfèrent choisir parmi
ceux qui jouent dans un parc. Ils veulent des parents et
s'introduisent chez un couple qui ne les a jamais vu. Ils ont dans la
tête des projets fous qui ne convainquent malheureusement personne.
Alors, Céline, Maxence et Thomas braquent une banque, mais pas la
bonne personne. Sont poursuivis par deux flics mais finissent par
pique-niquer en leur compagnie. Croisent leurs nouveau parents
(Claire Nadeau et Olivier Saladin lors d'une séquence si longue
qu'elle confine cependant à l'ennui) puis reprennent la route.
Rencontrent un prêtre au bord de la crise de nerf et même un
Christ ensanglanté qu'ils délivrent de sa croix. Une autruche dans
une supérette plus tard, les voilà qui vont peut-être enfin
pouvoir concrétiser leur rêve : se marier tous les trois
ensemble... Apnée
est le second long-métrage du réalisateur et scénariste français
Jean-Christophe Meurisse qui cette année nous a offert l'excellent
Oranges sanguines.
Dans ce second film après Il est des nôtres,
le réalisateur signe une œuvre saignante à point dans laquelle
trois pieds nickelés partent en vadrouille dans l'hexagone et y font
des rencontres pittoresques. Incapables de s'assimiler aux us et
coutumes ou à certaines ''valeurs de la République'' de notre pays,
ils sont les nouveaux Jean-Claude, Pierrot et Marie-Ange des
Valseuses
que Bertrand Blier réalisa en 1973 et qui vit le jour sur les écrans
français l'année suivante...
Véritable
Objet Filmique Non Identifié, Apnée
est un long-métrage riche en événements qui ne cache pas la
relative improvisation de ses interprètes. Jean-Christophe
Meurisse retrouve pour la seconde fois ses trois principaux
interprètes qui étaient déjà présent dans son premier
long-métrage. Les trois acteurs se lâchent totalement dans une
succession de séquences absolument délirantes lors desquelles leurs
personnages respectifs expriment leur mal être et leur
incompréhension des contingences établies par notre société. Sur
la tangente, nos trois hurluberlus croisent donc la route d'une
autruche pour un moment de réelle poésie et d'accalmie dans un
contexte où les chamailleries le disputent à des hurlements de
colère. Le film évoque paperasserie et administration. Finances et
poches trouées. Amour et religion. Tout cela étant mixé et
ressortant sous la forme d'un long-métrage surréaliste complètement
halluciné mais assumé par son auteur et ses interprètes. Apnée
trouvera son acmé non pas lors du conflit qui opposera l'ambitieux
projet (quoique totalement hors de propos) réalisé par Céline et
Maxence de parc d'attraction accueillant les enfants à travers une
figure stalinienne (!?!), ni même lorsque Jean-Christophe Meurisse
filmera Ad Nauseam
Thomas lors d'une formation ayant pour but la recherche d'un emploi.
Tout se précipite en fait lors du final, lorsque enfin les trois
jeunes gens parviennent enfin à se marier lors d'une cérémonie
singulière, véritable cours des miracles où géants de deux
mètre-vingt, nain ou ténor fêteront l'événement avec Céline,
Maxence et Thomas sur fond de musique de La
Compagnie Créole.
Seule faiblesse du récit : certains dialogues qui parviennent
difficilement à tenir la route. Malgré cela, Apnée
demeure
on ne peut plus original. Comme si Bertrand Blier et le chilien
Alejandro Jodorowsky (ou même l'espagnol Fernando Arrabal) avaient
ensemble accouché d'un script hybride...
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