Jusqu'à maintenant,
Nightmare Cinema
nous a donné l'occasion de découvrir trois approches plus ou moins
convaincantes de l'horreur et de l'épouvante. Après une invasion
d'araignées extraterrestre prenant le contrôle de ses hôtes sur
fond de slasher, après une séance de chirurgie qui vire au
cauchemar pour la future épouse d'un homme d'apparence équilibré,
et après un cas de possession multiple se terminant dans un bain de
sang, Jo Willems, qui fut notamment en charge de la photographie des
trois derniers volets de la saga Hunger Games
propose avec This Way to Egress,
une approche esthétique radicalement différente des trois premiers
courts-métrages. Réalisé par le cinéaste britannique David Slade,
responsable auparavant de Hard Candy
en 2005 ou de 30
Days of Night
deux ans plus tard, ce quatrième court-métrage est sans doute pour
le moment, le plus ambitieux. La plus importante différence se
situant au niveau visuel puisque de la couleur, l'anthologie
Nightmare Cinema
s'habille désormais de noir et blanc. Non seulement ce passage à la bichromie
s'intègre parfaitement au récit, mais de plus, l'histoire qui nous
est proposée ici demeure la plus originale des quatre et ne semble
pas avoir de réelles influences cinématographiques comme cela était
le cas jusqu'à maintenant.
La
gente féminine ayant une place plus que prépondérante, c'est au
tour de l'actrice Elizabeth Reaser de passer la porte du Rialto et de
venir prendre place sur l'un des sièges de son immense salle de
cinéma. Comme tous les autres avant elle, la jeune femme qu'elle
incarne à l'écran est elle aussi projetée sur la toile blanche.
Elle y interprète le rôle d'une mère de famille venue consulter un
médecin psychiatre installé dans un hôpital depuis qu'elle a
d'étranges visions qui remontent depuis la veille au matin : en
effet, les gens, autour d'elle, semble changer physiquement et devenir de plus en
plus laids. Mais alors qu'elle attend depuis une heure dans la salle
d'attente avec ses deux fils, Helen constate que le décor change peu
à peu. Tout comme la standardiste qui lui enjoint de patienter et dont le visage et les membres sont couverts de sang.
Lorsqu'enfin le psychiatre est disponible, Helen pénètre dans son
bureau. Mais la consultation est très rapidement écourtée et le
médecin lui demande de revenir le lendemain matin. Lorsque Helen
quitte le cabinet, les lieux ont terriblement changé. Non seulement
ses deux fils ont disparu, mais l’hôpital n'est devenu qu'une
succession de salles et de couloirs se décrépissant à vue d’œil.
C'est là qu'elle rencontre d’étranges individus, défigurés et
agissant comme de simples employés...
David
Slade réalise là un court-métrage des plus angoissant. Un
cauchemar éveillé pour une Elizabeth Reaser relativement
convaincante. Les décors sont sinistres et rappellent quelque peu
ceux du cauchemardesque et très réussi Silent
Hill
de Christophe Gans. This Way to Egress qui
peut grossièrement se traduire sous le titre ''Une manière de s'en sortir'' opte
donc pour un noir et blanc qui s'avère fort judicieux. Les traînées
de sang et les divers environnements y arborent une apparence des
plus malsaine qui trouve son aboutissement dans les toilettes de
l'établissement. Alors... This Way to Egress...
cauchemar éveillé ? Psychose ? Ou voyage au cœur de
l'Enfer ? Meilleur court-métrage des quatre premiers, on
regretterait presque (c'est même une certitude) que David Slade
n'ait pas fait durer le plaisir un peu plus longtemps car sa
''proposition'' reste la plus courte d'entre toutes puisqu'elle
n'excède pas le tout petit quart d'heure. Le final laisse rêveur
avec ses extérieurs désolés et sa pluie de cendres éternelle.
Pourtant le réalisateur a choisi de laisser son interprète à son
triste sort sans donner la moindre explication sur le phénomène. À
moins que la solution se trouve lors de l'appel téléphonique
désespéré donné par l'héroïne à son compagnon disparu deux
jours auparavant ? En tout cas, This Way
to Egress
est une excellente surprise...
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