J'avoue, de
Jean-Christophe Meurisse, je n'avais jusqu'ici jamais entendu parler.
Pourtant, cet acteur, scénariste et réalisateur est à l'origine de
trois longs-métrages dont le dernier Oranges sanguines
est sorti le 17 novembre dernier en salle. Une fois passée les
portes du cinéma et retrouvée la lumière et la chaleur des rayons
du soleil, une chose est certaine : cette comédie
dramatico-horrifique ne nous aura rien épargné. Entre rire et
malaise. Tout y commence avec l'évocation d'un concours de danse
auquel doivent bientôt participer le couple formé par Laura et
Olivier (respectivement interprétés par les anciens Deschiens
Lorella Cravotta et Olivier Saladin), et se poursuit par une longue
discussion entre un jeune avocat coincé et sa petite amie pour
ensuite se diriger vers une route de campagne sur laquelle le
ministre des finances soupçonné d'avoir détourné de l'argent pour
son profit personnel va tomber en panne. Si Oranges
sanguines
est tout d''abord la promesse de rires presque ininterrompus (il
suffit d'avoir été dans une salle de cinéma pour entendre le
public rire aux éclats durant une bonne partie du film pour s'en
convaincre), le long-métrage de Jean-Christophe Meurisse bifurque en
passant de l'humour à l'horreur ''champêtre''. Une approche presque
digne d'un certain Massacre à la tronçonneuse
devant lequel il y a longtemps, les spectateurs firent connaissance
avec une famille américaine de dégénérés. Source d'inspiration
infinie, ce film de 1974 semble avoir une fois de plus encouragé un
cinéaste à se pencher sur ces individus créés par une société
inhumaine et individualiste...
Un
couple de retraités financièrement pris à la gorge. Une
adolescente de seize ans qui compte bien faire l'amour pour la
première fois lors d'une fête organisée par des amis. Un ministre
corrompu qui bientôt va découvrir ce qu'est la France profonde. Un
jury dont les membres ne font que s'engueuler au sujet des conditions
de remise d'un prix de danse. Une gynécologue sans filtre (l'actrice
et humoriste Blanche Gardin telle qu'on la connaît) qui fait un
exposé sur le sexe féminin et son usage. Ou encore un
dingue qui ne semble faire aucune distinction entre un porc, une
femme et un homme. Bienvenue dans l'univers trash et déjanté de
Jean-Christophe Meurisse. Un long-métrage qui, semble-t-il est
pratiquement passé inaperçu alors même qu'il s'agit sans doute de
l'une des meilleures propositions de comédies françaises de l'année
2021 ! Oranges sanguines
passe du concours de danse au drame social en passant par l'évocation
des premiers émois, au sexe, et jusqu'au viol, le film se
transformant carrément en rape
and Revenge
à la française. Autant dire que l'on réfléchira un long moment
avant de mettre de jeunes enfants devant l'écran lorsque le film
sera à nouveau disponible à l'achat, en streaming ou diffusé sur
une chaîne de télévision nationale...
Parmi
les quelques interprètes évoqués ci-dessus nous retrouvons
également Denis Podalydès dans le rôle de l'avocat du ministre
Stéphane Lemarchand (interprété quant à lui par Christophe Paou),
la jeune Lilith Grasmug dans le rôle de l'adolescente Louise ou
Vincent Dedienne et l'excellente Guilaine Londez dans ceux de deux
membres du jury du concours de danse. Sans oublier Fred Blin, ici
digne successeur de Jackie Berroyer/Bartel du film culte de Fabrice
du Welz, Calvaire (2004).
Quant à l'ancien animateur de télévision Patrice Laffont, il joue
le rôle du président de ce même jury. On rit beaucoup mais l'on
grince aussi parfois des dents devant le traitement que subira par
vengeance l'un des personnages du film. Les changements de ton sont
courants, le film passant d'un humour parfois cru (on y parle
handicapés sans retenue) à un autre tellement noir que les
spectateurs auront fini dans la salle par ne plus oser rire,
réellement outrés par ce qu'ils découvrirent à l'écran ou
réellement gênés à l'idée que l'on ait pu les croire aussi
dérangés que le dingue qui subitement vient ''joyeusement''
pervertir le récit. Celles et ceux qui s'attendaient à découvrir
une comédie fade et sans saveur comme la plupart de celles qui
sortent chaque année dans notre pays furent sans doute très
surpris. Quant aux autres, sûr qu'ils ont dû prendre leur pied.
Jouissif...
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