Philippe Clair, c'est
quinze films en tant que réalisateur. Ce cinéaste, connu pour avoir
tourné parmi les comédies françaises les plus navrantes et pour
avoir offert aux Charlots leur premier long-métrage, a étudié la
comédie au Conservatoire national supérieur d'art dramatique de
Paris. Peut-être aurait-il du se contenter d'interpréter et surtout
pas mettre en scènes les autres, parce que, très franchement, on
atteint souvent le fond. Alors, je veux bien qu'une catégorie comme
celle qui regroupe les nanars puissent faire le bonheur de certains.
Il m'arrive même de me faire des soirées Z et d'y prendre un malin
plaisir. Mais lorsque je regarde en arrière de quelques heures. Que
je repense à La Grande Java, auquel trente-huit pour
cent tout de même des spectateurs mettent cinq étoiles, et treize
pour cent, quatre, je me demande si je n'ai pas tendance à faire la
fine bouche où s'il y a un vrai problème de culture
cinématographique en France.
La France serait-elle
partagée entre bon et mauvais goût ? N'ayant pas spécialement
envie de taper sur les Charlots dont j'aime pourtant beaucoup l'état
esprit, je m'étais dit qu'un cycle leur étant consacré serait une
idée à approfondir. Je n'imaginais pas que regarder La Grande
Java serait
aussi douloureux qu'un lendemain de cuite, qu'une première sodomie
(excusez la comparaison), ou qu'un prélèvement sanguin effectué
par une infirmière affligée par la maladie de Parkinson. Pourtant,
les Charlot font déjà à l'époque, du Charlots ! On retrouve
déjà les gimmicks de cette bande de copains composée de Gérard
Rinaldi, Gérard Filippelli, Jean Sarrus, Luis Rego et Jean-Guy
Fechner. Mais les Charlots, c'est d'abord un groupe musical formé en
1966. Ils vont d'ailleurs participer à la conception de la bande
originale du film de Philippe Clair aux côtés de Michel Bernholc.
La Grande Java,
c'est cinq rugbymen qui retrouvent la trace de leur ancien entraîneur
Auguste Kouglof (Francis Blanche)qui leur doit deux-cent mille
francs, et qu'ils retrouvent dans le petit village imaginaire de
Brizouille. L'homme ne se fait plus appeler Kouglof mais Colombani et
il ambitionne de devenir le maire du village. Mais les Charlots ne
l'entendent pas de cette oreille. Bien que Colombani soit entouré de
gardes du corps imposants, les Charlots vont lui mettre des bâtons
dans les roues jusqu'à ce qu'il accepte enfin de payer son dû.
Comme
dans tout bon (ou mauvais) film des Charlots, le charmant Gérard
Rinaldi va entretenir une relation amoureuse avec la jolie héroïne,
ici la fille de Colombani (Corinne Le Poulain)...
Plusieurs
anecdotes sont à rattacher à La Grande Java. Tout d'abord, et je
l'ai déjà précisé plus haut, il s'agit du premier long-métrage
des Charlots. Ensuite, et alors que Philippe Clair comptait sur le
groupe pour jouer dans son prochain film, c'est leur rencontre avec
le cinéaste Claude Zidi qui a mis un terme à la collaboration entre
le cinéaste et les acteurs. Le personnage de Fernand Devot est
interprété par Fransined qui n'est autre que le frère de
Fernandel.
Philippe
Clair semble avoir des comptes à régler avec la politique d'alors.
Car à travers le personnage de Colombani, il décortique les
méthodes mafieuses qu'emploient certains politiciens et démontre
qu'avec un peu de jugeote, n'importe qui peut avoir ses chances. La
Grande Java
n'est évidemment pas cette grande œuvre dénonciatrice dont on
n'attendait de toute manière pas grand chose en matière de critique
politique, et fait chou blanc en raison d'une somme de gags
proprement hallucinant de nullité. Les Charlots cabotinent,
grimacent, sautent en l'air, à terre, mais sans obtenir le résultat
escompté qui consiste à faire hurler de rire les foules. Les
interprètes qui les accompagnent sont tellement mauvais et la mise
en scène pathétique que l'on aurait pu envisager une carrière pour
nos héros, bien différente de celle qu'il on connu.Philippe Clair nous
"gratifie" d'une séance de tartes à la crème et grime les Charlots en
majorettes et en rugbymen malingres et Francis Blanche en nonne...!
La Grande Java,
c'est un peu comme un saut en parachute, mais sans parachute, et
accueilli au sol par une énorme botte de foin. Les Charlots ont eu
la chance d'avoir déjà dès leurs débuts, un public acquis à leur
cause. Heureusement, depuis, on a pu les découvrir dans des films
d'une qualité bien supérieure. Pas de quoi sauter au plafond, mais
quand même de quoi passer de belles soirées entre copains de
beuverie...
Sur
l’échelle du Nanar, La Grande Java mérite un beau 7/10
Les Charlots, Philippe Clair, là je passe complètement... Mais c'est bien que quelqu'un en parle :-)
RépondreSupprimerMerci pour ce retour étayé.
RépondreSupprimerPour ma part, j'adore le cycle comique des Charlots/Zidi mais je me suis toujours dispensé de celui-ci, et je continuerai à m'y tenir !
Tout au plus, il demeure agréable de revivre, par procuration du film, la patine et l'ambiance de l'époque. Mais je crains que ce soit quelque peu gâché !
Tinterora