En matière de fantastique, les scénaristes nous ont habitué à tout types d'intrusions imaginaires comptant ensuite sur notre propension à accepter ce que nos esprits voyageurs et gourmands en sensations fortes sont prêts à ingérer.Qu'ils cherchent du coté des faits divers en nous proposant moult productions horrifiques dans lesquelles tueurs en séries ou échappés de l'asile trucident à tours de bras de jeunes écervelés déversant d'ineptes conversations servies par autant d'improbables dialogues, ou qu'ils imaginent les corps se muer en des créatures tout droit sorties de bestiaires fantastiques comme par exemple les loups-garous ou les vampires, l'aspect graphique représenté dans chacune de ces productions ne joue en aucun car sur la subjectivité mais plutôt sur l'étalage direct et sans détours de meurtres toujours plus sanglants.
Le cas des maisons hantées est à ce titre assez exceptionnel puisqu'il joue sur une peur qui n'a finalement pas vraiment, du moins au point de vue cinématographique, de réalité propre puisque les seuls éléments qui poussent le spectateur à s'effrayer d'une situation donnée ne découlent que très rarement de l'apparition d'une entité faite de chair et de sang mais plutôt d'une sensation vécue à travers un son, un mouvement ou même simplement à travers une partition musicale.
Si le personnage principal de "The Changeling" réalisait le tangible de ce à quoi il était confronté à travers les visions cauchemardesques dont il était victime, ceux de "Burnt Offerings" tardent à se douter que les déchirures vécues au sein de leur couple sont liées à la manifestation d'événements effroyables dont ils sont sournoisement victimes.Le film de Dan Curtis joue dans un registre qui a vu tant de films défiler, allant du meilleur au pire, mais apporte à l'édifice une vision différente puisque dans cette maison où l'homme et sa femme vont passer deux mois entiers accompagnés de leur fils et de leur tante, ne vit ni le moindre esprit ni le moindre fantôme.
Attirés par l'alléchant loyer de neuf cents dollars pour ce séjour de deux mois en contrepartie duquel ils devront s'occuper de la mère des propriétaires qui ne quitte jamais la demeure, ils devront vivre avec ce qui semble être au premier abord une situation de crise au sein du couple mais qui en réalité dépassera le cadre sympathique d'un séjour prolongé dans un lieu de villégiature pour devenir leur pire cauchemar.
Ce qui impressionne évidemment dans ce film, c'est la simplicité du jeu des acteurs qui finissent par convaincre le spectateur que les événements qui se déroulent tout au long de leur séjour va au delà de ce que l'on rencontre habituellement dans la vie de tous les jours.On comprends assez vite que les changements d'humeur de chacun d'entre eux (et notamment celles du père et de la mère, l'enfant gardant lui, toute son innocence jusqu'à la fin) est une extrapolation de ce que vivent sûrement beaucoup de couples brisés mais que les protagonistes couvent en eux et qui à travers l'expérience qu'ils vont vivre va exploser.
La mère abandonne presque ses proches pour ne plus se consacrer qu'à la vieille femme qui vit recluse dans sa chambre à l'étage, refusant même que son mari ou bien sa tante fassent sa connaissance.Le père lui, devient violent envers son fils allant même jusqu'à tenter de le noyer dans la piscine fraîchement nettoyée.La tante elle semble perdre la tête et derrière tout ça reste le fils qui semble être la seule vraie victime du drame qui se noue...
Oliver Reed et Karen Black sont simplement magnifiques et prouvent que leur statut de stars n'est pas galvaudé.D'un simple regard ils partagent avec nous leurs tourments et évitent ainsi la nécessité d'effets visuels qui de toute manière n'auraient pas leur place dans ce véritable chef-d’œuvre du septième art qui par certains aspects rappelle le superbe roman de G.J. Arnaud, "Le Festin Séculaire".
Mais le véritable "héros" de cette histoire, le personnage emblématique sur lequel toute l'intrigue repose, c'est cette immense bâtisse qu semble cacher en son sein un bien étrange mystère.
Magnifique et troublant...
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